Du sang, du sang, encore du sang ! || ft. tous ceux qui veulent voir un gamin fou

HRP:

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Du sang, du sang, encore du sang !

Maman dit que nous ne devons pas aller trop loin, qu'on pourrait se faire mal, ou alors qu'on se perdrait... Je sais pas, maman, elle a toujours peur pour nous. C'est énervant.

Je frappe le sol de ma patte et un nuage de poussière se soulève. Il fait chaud. Il fait toujours chaud. Papa il dit que c'est mieux que quand il fait froid. Je sais pas, froid pour moi c'est la nuit. Le jour, il fait chaud, la nuit il fait froid. Parfois, il fait tellement chaud que j'ai du mal à respirer, et parfois il fait tellement froid que mon souffle fait des nuages et que j'ai du mal à respirer.

C'est ça la vie dans le désert ils disent papa et maman. Je sais pas, j'ai jamais vécu ailleurs, maman elle veut pas. Elle veut même pas que je sorte de notre petit oasis. J'y suis né, et elle veut que j'y meurs aussi. Enfin je crois. Maman elle parle pas de mort, enfin pas des nôtres, seulement des autres. Moi aussi j'aime bien parler des morts des autres, même si j'en ai jamais vu un.

Je tape à nouveau de la patte, mais cette fois c'est pas sur le sol, c'est sur une petite souris. J'aime bien les souris. Si petit, si fragile. Avec des tout petit os. Et c'est si petit que même si moi je suis petit, je peux quand même l'attraper et m'amuser. Et que c'est bon de s'amuser sur une souris. Les os craquent délicatement, le sang qui coule n'est pas trop puissant, juste ce qu'il faut.

Je la retourne doucement, du bout des griffes. Je ne veux pas l'abîmer, ça serait du gâchis. Il faut la faire durer. Elle couine, ça me rend heureux. De la pointe d'une griffe, d'une seule, je déchire un petit peu la peau tendre de son cou. Un tout petit peu, juste pour sentir le sang. Je me penche en avant, inspire. Je m'enivre de la puissante senteur du sang. Oh que c'est bon !

Ma griffe glisse un peu plus bas. Du sang coule, pas beaucoup, juste un peu, je fais attention à rationner mes forces. La petite bête gémit délicieusement. Elle se débat sous ma patte qui la tient en place. Elle tape avec ses petites pattes, essaie de mordre les miennes. Elle arrive à percer ma peau à moi. Y'a du sang qui coule dans sa bouche à elle. Et un peu sur son cou. Moi ça me fait rien, mais à elle... Je sens sa chair cuire un peu. Mon sang si chaud, sur cette petite bête, bien sûr que ça fait des dégâts ! La pauvre, elle savait pas...

Ma griffe glisse un peu plus loin, les couinements reprennent de plus belle. J'espère que ni maman, ni Xilven, ni papa, ni Requiem ne va venir, parce que sinon la joie serait plus courte, et ce serait pas drôle parce que je devrais arrêter dans tous les cas et c'est nul et du coup j'espère qu'ils vont pas venir.

«Du sang, du sang, encore du sang !»
Libre

Je sors, je gravis la roche pour atteindre le dehors. Cet endroit remplis de poussière et de mort. Nous sommes seuls, seuls sur cette terre de géant et pourtant, je continue à gravir le sable pour rencontrer le monde dans lequel je suis née. J’avance doucement, mais j’avance tout de même. J’escalade ce qui me semble être une montagne, mais qui n’est rien d’autre qu’un simple rocher pour mère et père. J’escalade ce qui me semble être une montagne, mais qui n’est rien d’autre qu’un simple rocher pour mère et père. Je continue à marcher, ma vue s’adapter à chacun de mes pas, j’avais mal, mais je ne disais rien, souffrir maintenant pour ne plus rien ressentir plus tard. Ni amour, ni douleur.

Seule dans ce désert, j’apercevais au loin Naraka tuant un vulgaire insecte. Il était faible, comme moi, mais si fiable qu’il s’attaquait à plus petit que lui. Même le sable pouvait le tuer. Il n’était rien qu’une misérable chose, une chose inutile. Mais il était aussi l’enfant de mère, tout comme moi. Comment mère avait pu donner naissance à une telle erreur de la nature ? Il est rempli de sentiments, les sentiments ne servent à rien. Je m’approche de cette chose qui est mon frère, cette chose avec qui je partage la grotte. Heureusement que Requiem était là pour faire le lien entre nous trois, sinon la vie deviendrait un carnage. Elle était celle qui nous offrait ce qu’on n'avait pas, enfin ce que je n’arrivais pas à comprendre.

J’étais proche de Naraka, il ne prenait pas la peine de se retourner, il ne m’aimait pas, tout comme moi, il ne me servait à rien. Je le fixais, comme s’il était un étranger.

« Tu es pitoyable… Trop faible pour défier quelqu’un de ta taille… »

Oui, je n’avais pas peur. La mort ? Je m’en fichais. J’écoutais les ordres de mère telle était ma mission, le but de mon existence, obéir jusqu’à la mort. Je lui jetais du sable sur son dos. Je me fichais de ce qu’il pouvait m’arriver, il était égal à cet insecte, rien qu’un grain de poussière comme moi dans cette immensité. On était au milieu de nulle part, personne ne venait ici, il était dans un sens la seule distraction que j’avais. Je venais de lui trouver une utilité, celle était un miracle.

« Pfff… Tu n’es rien. »

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Du sang, du sang, encore du sang !

- Tu es pitoyable… Trop faible pour défier quelqu’un de ta taille…

Je me retourne d'un bond, crocs dévoilés. Depuis un moment, je suis la progression de ma soeur. Elle est bruyante quand elle grimpe, comme moi d'ailleurs, mais on s'améliorera avec le temps. Elle est là, elle s'amuse même à me jeter du sable. Je lève les yeux au ciel, m'ébroue. Les grains glissent sur mon poil comme sur une feuille. Ils ne s'accrochent jamais dedans. C'est bizarre.

Je cligne des yeux. Je sais que c'est Xilven, parce qu'il n'y a qu'elle pour agir comme ça. Je l'aime pas. Elle m'aime pas. On se supporte, c'est tout.

- Pff... Tu n'es rien.

Je roule des yeux. Et puis tends mes muscles. J'ai beau ne pas être très grand, ni très fort, je le suis toujours plus que Xil. Un grondement roule dans ma gorge. J'en suis très fier, ça fait pas longtemps que je peux gronder, avant je savais pas, c'était ridicule. Maintenant, enfin, je gagne un peu de crédibilité.

- Malheureusement pour toi, ce rien, il va te cogner.

Je saute sur elle. Mes pattes avants frappent ses épaules et la retourne. Je claque mes dents juste tout à côté de sa gorge. Quelques poils restent entre mes crocs, bloqués. Elle n'a rien pu faire. Comme quoi, j'arrive à la surprendre, parfois.

Je grogne :

- T'as de la chance d'être ma soeur.

«Du sang, du sang, encore du sang !»
Libre

Alors que les gencives parsemées de point blanc m’attaquent, je ne faisais rien pour l’éviter. Cela aurait était une perte de temps, je n’aimais pas me déplacer pour rien, et cette fois-ci cela ne valait pas e coup. Il était a, et sa voix devenait de plus en plus insupportable. Mon erreur était d’être sorti au lieu de rester auprès de celle où mon cœur battait avec douceur. Pourquoi est-ce que je n’aimais pas mon frère ? La famille était importante, si un jour, il était en danger, je le sauverais bien entendu, mais je n’aurais jamais plus de sentiment envers lui qu’envers Requiem. Cela était étrange, mais le monde de base était étrange. Je ne me sentais pas à ma place dans ce corps faible qui pouvait mourir à tout instant.

Il perdait de l’énergie bêtement, alors que le soleil était haut dans le ciel et qu’a ce stade, on pouvait attraper facilement des malaises. Il ne réfléchissait pas, c’était notre différence. Une trop grosse différence. Je soufflais déçus de sa stupidité. Je me retournais pour m’éloigner de Naraka, je n’en pouvais plus de cette chaleur. Abrité par un palier, à côté de notre petite source d’eau potable. Je m’allongeais à l’ombre des arbres immenses. Laissant le vent du désert emporter le sable sur mon pelage noir qui commençait à certains endroits devenir brun. Je ne comprenais pas pourquoi je perdais de ma couleur chaque jour qui passait.

Je levais les yeux vers celui qui n’était autre que mon frère, il était encore au soleil avec son jouet qui avait perdu la vie maintenant. Je l’observais et il me fixait aussi. Il était vraiment idiot.

« Tu vas tomber malade si tu restes ici, mère ne sera pas contente. »

Je soupirais, c’était la seule chose que je pouvais faire, je ne voulais pas le défier maintenant, il faisait trop chaud, mais la nuit, ce serait tout autre chose. Je ne lui ferais pas mal, lui non plus, car, mère était notre maîtresse et elle serait en colère. S’attirer le courroux de ma reine serait une chose dont je ne pardonnerais jamais.

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Du sang, du sang, encore du sang !

Elle ne me repousse même pas, se contente de se retourner et de s'éloigner. Je sais qu'elle ne fuit pas, c'est Xilven quand même. Xilven quoi !? Elle peut pas fuir. Si ? Non, elle ne fuirait pas. C'est pas Xilven qui fuit. Si ? Non, elle va juste s'éloigner, s'allonger à l'ombre et puis me fixer. Ouf, j'ai eu peur. Peur d'avoir perdue ma meilleure ennemie.

Je cligne des yeux. Elle reste là, immobile. Je plonge mon attention vers ma petite proie. Pff, elle est morte maintenant. La rage monte doucement. J'ai chaud, c'est mon sang, il est toujours chaud quand je suis en colère. Le soleil tape dans mon dos. Mais de toute façon, j'ai jamais de problème avec ça. Ça doit être mon sang, cette liqueur vitale si délicieuse. Vu qu'il est toujours chaud, si ça se trouve, je peux pas avoir trop chaud. Je sais pas. Il faudrait que j'essaie de rester très longtemps au soleil. Maman dit qu'on fait un malaise si on fait ça, parce que notre corps peut pas supporter autant de chaleur. Il faudrait que j'essaie, on sait jamais.

- Tu vas tomber malade si tu restes ici, mère ne sera pas contente.

Je roule encore des yeux. Ils vont finir par devenir aussi agiles que le vent ces deux là. Ils doivent toujours rouler quand Xil est là. Parce qu'elle dit toujours pleins de bêtises. Mère ne sera pas contente. C'est vrai que je n'ai pas envie que maman soit triste, mais bon. D'un autre côté, j'ai pas envie d'obéir à ma soeur. Et vu que je veux faire mon expérience, celle pour la chaleur et la résistance de mon corps, autant la faire maintenant. Le soleil est haut, je suis en plein dans une flaque de lumière.

Je pose lourdement mon derrière contre le sol. Un petit nuage de sable s'élève. Je penche un peu la tête sur le côté. C'est curieux...

- C'est curieux, tu t'affaiblis on dirait. Vulnérable. Tu es sûre que tu n'es pas malade toi ? Allongée... si faible...

Je passe ma langue sur mes babines. Elles sont un peu sèches. Je devrais aller boire. Mais la soif a quelque chose de jouissif. Elle assèche la gorge, la gueule. Mais elle affûte l'esprit.

- Qu'est ce que tu fais ici si tu crains tellement pour ta santé ? Si tu cherches à prouver ma suprématie, pourquoi pas, mais tu sais, pas besoin de faire autant d'efforts pour ça, c'est si évident que je me demande bien pourquoi il faudrait chercher à le prouver.

Je la fixe toujours. Elle halète un peu. C'est la chaleur. Moi aussi j'ai le souffle un peu court.

«Du sang, du sang, encore du sang !»
Libre

Il ne faisait que de parler, parler ne servait à rien, il n’avait absolument rien dans le ventre, juste des paroles. Il était plus que misérable, indigne de la puissance de mère, cela n’était pas normal qu'il soit si faible ! Il n’aurait jamais dû naître, une erreur de la nature ! C’était à cause de père, père était faible, il n’aimait pas la violence, il était aussi faible que Naraka. Rien que de le voir me donnait envie de vomir, il n’était rien, absolument rien !

Malgré tout, je restais de marbre devant mon frère, je ne disais rien de plus, il ne comprenait juste rien. J’étais trop évolué pour qu’il comprenne mes paroles. Il ne devait pas vivre, mais je ne pouvais pas lui ôter la vie, cela devait ressembler à un accident, mais mère le saurait tout de suite. Elle savait tout. Je me levais, m’éloignant de cette chose qui n’était qu’une plaisanterie. M’abaisser à un tel mollusque ne donnait pas d’honneur. Je lui tournais le dos, en signe de défi, mais aussi de faiblesse envers lui, cette action était plus tranchante que des paroles, c’est comme si je lui disais qu’il était trop faible pour moi.

Je m’éloigner sans lui adresser la moindre parole, sans tourner une seule fois la tête. Je m’abreuvais de l’eau que la source nous offrait pour nous permettre de vivre. Léchant mes babines, j’affronté le vent qui faisait voler le sable blanc du désert. Tout n’était que superficiel. Je n’étais rien que de la poussière qui attendait que le temps me fasse grandir. Je me dirigeais vers la tanière, après tout Naraka avait rien à m’apporter, il n’était rien lui-même.

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Du sang, du sang, encore du sang !

Elle ne bouge pas. Ne parle pas, ne réplique pas. Elle est juste là. Elle ne bouge pas. Ne me provoque pas, ne me chahute pas. Puis, elle se lève, me tourne royalement le dos et s'éloigne. Le signe est plus clair que l'eau : je suis insignifiant. Et je ne peux m'empêcher d'être admiratif car une telle adversaire, c'est un miracle. Il faut se surpasser soi même pour surpasser un tel personnage. En plus, c'est ma soeur, alors les coups bas sont prohibés. Ça promet d'être intéressant dans les années à venir.

Je la regarde se désaltérer et puis repartir vers notre tanière, toujours la tête haute et la queue droite. Tout en elle crie la provocation. Mais je la laisse faire. Elle ne vaut pas plus. Ou plutôt si. Justement. Preuve de respect. Mais attention. Je respecte Xilven, certes, mais seulement pour tous les efforts qu'elle fait pour tenter de se mettre à mon niveau. Et je dois admettre qu'elle n'est pas bien loin. Mais elle ne m'égale pas. Pas encore. Certainement jamais. Si un jour elle m'égale, je pense que ma vie se sera déjà arrêtée.

Je tourne la tête et reprends ma contemplation du paysage. La grande étendue d'eau blanc un peu foncé. Les arbres aux boules noires et aux feuilles foncées tout en haut. Les fougères aux branches grises. Le sable. Partout le sable presque blanc.

Et moi, au milieu, tâche noire, trou de vie.

HRP:

» Naraka, sang roi
» Mahina - Quand la Lune sera de Sang.