Sortit de bonne heure, la mort de mon maître m’avait profondément affecté. Mère avait accepté de prendre mon apprentissage en plus de son travail au sein de la meute. J’étais fière qu’elle soit devenue mon mentor, même si au fond de moi, je ressentais une profonde douleur. Je ne savais pas comment réagir face à cette nouvelle, un membre de ma famille venait de partir pour les cieux, la gravité semblait être plus importante. Je sentais mon corps lourd, mon souffle faible, comme si je redevenais un louveteau sans défense. J’avais pleuré Nymeria toute la nuit, on venait de perdre une Gamma, mais en plus une personne à qui je tenais énormément. J’aurais aimé passer plus de temps avec elle, hélas, je ne pouvais revenir en arrière et effacer les écrits des cieux. Je devais être forte, mère semblait malade, Thalia passait du temps avec elle, je m’inquiétais pour sa santé, elle était ma seule famille avec Lava. Je ne pouvais pas parler de ma grande sœur et de mon grand frère, personne ne savait où ils se trouvaient et s’ils étaient toujours en vie. Notre famille était comme maudite, mais beaucoup avait v écu bien plus grave que nous et arrivait à vivre ainsi, avec le sourire, malgré leur souffrance.

J’avançais entre les roches, me dirigeant vers le lac pour rester un peu seule et réfléchir sur ce qui venait de se passer. Je devais être forte et surmonter ces épreuves, mais cela me paraissait insurmontable. Le ciel était bleu, un magnifique bleu constant s’allongeant jusqu’à l’infini. Le soleil, qui montrait le bout de son museau au travers les montagnes de la terre du Nord, semblait prévoir une magnifique journée ensoleillée. Les nuages n’étaient pas au rendez-vous, le vent semblait resté présent sans faire davantage de folie.

J’avançais jusqu'à voir mon reflet dans l’eau, à cet instant, je laissais mes pattes pénétrer dans le liquide transparent, levant le museau vers le ciel bleu, ressentant le vent traverser ma fourrure blanche. Je restais là, sans bouger, attendant que le temps passe. Je ne voulais pas déranger ma famille, avec mes cauchemars et la mort de ma sœur, d’ailleurs personnes ne savait pour ce rêve que je faisais chaque nuit. Je laissais mon esprit s’envoler, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas ressenti le besoin de m’extérioriser. Je ne pouvais dire le temps qui venait de se passer, jusqu’à ce que je sente la présence d’un canidé. Un loup ou une louve qui faisait partis de la même meute que moi. Cette odeur familière, me permit de rester encore un peu dans ma position, laissant le soleil caresser chaque poil de mon visage, avant que j’ouvre les paupières pour laisser entrer la lumière. Tournant la tête, j’aperçusse une femelle au pelage sombre et au regard bleu comme le ciel. J’inclinais la tête par politesse et effectuais un grand sourire à la femelle.

La femelle resta silence comme moi. Je fermais de nouveau les paupières, laissant le soleil inonder mon visage encore un peu, je repensais à mon ami, un ami que j’appréciais beaucoup et qui m’avait aidé plus d’une fois. Je soufflais tout l’air de mes poumons, laissant le renouveau pénétrait à l’intérieur de mon corps. Je finis par tourner vers la femelle, je ne la connaissais pas personnellement, je l’avais déjà vu traversais le camp, mais je en suis jamais allé à sa rencontre. Je pouvais observer diverses blessures sur son corps assez récentes, qui n’avait toujours pas était soigné. J’avais déjà vu des corps mutilé, ensanglanté, comme celui que j’avais dû faire face, son corps était rempli de cicatrice diverse et variée.

« Bonjour, qui es-tu ? »

Je m’assoyais dans l’eau, laissant la substance transparente rafraîchir mon corps et glisser entre ma fourrure. Je gardais le regard fixé sur la femelle, qui elle aussi se baigner, pour adoucir ces plaids. Sur son visage, je pouvais voir qu’elle avait mal, mais en même temps elle semblait soulagée. L’eau faisait beaucoup de bien, elle était pure et douce, grâce à elle on pouvait survivre, si un jour elle venait à disparaître, ce serait notre fin à tous.

« Tu souffres beaucoup ? C’est qui, qui ta fais ça ? »

Comme toujours, je suis du genre curieuse et n’hésite pas à lui poser la question. C’était peut-être une mauvaise manie, mais je n’aimais pas vraiment passer par plusieurs chemins avant de comprendre ou de savoir ce qui se passer. Après tout, je devais connaître chaque membre de la meute, un jour, je serais à la place de ma mère, je devais être digne de cette place. J’inclinais la tête comme une enfant vers la femelle, attendant patiemment, en même temps que l’eau.

« Oh, ne t'inquiète pas pour moi, ça va aller. Et pour ta question, c'est un solitaire un peu fou fou qui m'a fait ça. »

Elle se présente avec le sourire, elle avait l’air gentille et pas comme ceux qui ronchonne dés qu’on leur demande un truc. Sa voix était douce, et même si elle devait souffrir elle ne le montrait pas. J’étais impressionnée par sa résistance à la douleur. Elle disait que tout aller bien, que je ne devais pas m’inquiéter, mais pourtant, je ne pouvais retirer mon regard de ses blessures. Elles avaient l’air si profond et douloureux. J’eu du mal à avaler ma salive, mais repris vite sur moi. Je ne devais pas être paralysée devant de telles blessures. J’en avais subi aussi, mais quand on ne les voit pas comme maintenant, quand on regarde les autres, on a l’impression que c’est la fin du monde, alors que quand on le vit, on ne le voit pas de la même manière. Mais comment, un être pouvait-il être aussi diabolique ? Je me demandais souvent pourquoi certain prenait du plaisir à faire souffrir les autres ? Comment cela était-il possible ? Soudain, je repensais à cette nuit-là, cette fameuse nuit où je me suis découvert, où mon véritable moi avait fais surface. Mon regard était devenu vide durant quelques secondes, puis revint à la normale quand la femelle me retourna la question. Elle me demanda par la suite qui j’étais, je ne fixais plus ses blessures et reporta mon attention sur Lüa. J’entourais ma queue autour de mon corps avant de prendre la parole à mon tour.

« Je suis Henael, fille de l’Alpha Elemiah, apprenti Sentinelle. »

D’un coup, ma posture était droite, le dos parfaitement aligné, la tête haute, le museau droit. Le regard portant sur l’horizon. La queue parfaitement courbée. Je ne devais honorer ma mère qui était la cheffe de la meute, en aucun cas, j’avais le droit à l’erreur si je voulais qu’elle soit fière de moi. J’étais fière de ma famille et de mon nouveau maître qui était ma mère. Elle qui avait beaucoup d’obligation au sein de notre grande famille, elle prenait le temps de m’enseigner cet art. Je lui devais un profond respect et bien plus encore.

« C'est un honneur. »

Je la vis s’incliner, puis relever la tête avec le sourire. Je me détendis, j’en faisais un peu trop, mais je ne voulais pas faire honte à ma mère, elle ne le méritait pas. Je souriais à mon tour à la femelle. Elle était gentille, même si j’étais encore petite, enfin dix mois, c’est quand même grand, mais dans un sens, j’étais encore une enfant, elle ne semblait pas vouloir s’en aller. Je me levais pour sortir de l’eau, secouant mon corps pour faire partir l’eau. Quelques gouttes s’envolèrent sur la femelle au pelage nuit.

« Je suis également heureuse de faire ta connaissance Lüa. C’est quoi ton rôle dans la meute ? Avec toutes ses blessures, on pourrait penser Guerrier ou alors Chasseur, mais dans ce cas, ce serait une chasse qui a du vraiment mal tournée. »

J’inclinais la tête sur le côté, les oreilles droites, j’attendais que Lüa me réponde. J’aimais écouter les histoires des autres, dans leurs mots, on pouvait ressentir la violence et par moment la douceur de leur conte. Cela aidait les louveteaux à prendre conscience de la vie, qu’elle n’était pas du tout facile. C’était des leçons de morale, à faire attention à ses arrières, ne jamais faire confiance aux autres, ce genre de chose, que l’on nous répétait souvent, mais qu’on ne pratiquait jamais avant de l’avoir vécu. Je me souviens du jour où j’avais rencontré Sababa, la première fois, il avait était gentil et m’avait aidé à retrouver ma mère. Ma deuxième rencontre avec un individu était avec une jeune femelle qui avait peur de tout alors qu’elle était plus grande que moi, et pour finir, c’était le soir où il était arrivé, grand avec ses yeux vert pomme. Jamais je n’oublierais son visage rempli de cicatrice et l’odeur de sang.

Je reportai mon attention sur la femelle, elle était vraiment jolie, un beau pelage, bien peigné et sûrement doux à caresser.

« Je suis guerrière, comme tu l'as deviné. Dit-moi, je ne veux pas être trop curieuse, mais je n'ai entendu que des bobards, mais on dit que ton pouvoir est plutôt puissant. Je pourrais savoir de quoi il s'agit, si tu veux bien, histoire de connaître les plus et moins des autres membres de la meute. »

Elle souriait, j’avais réussi à deviner sa fonction au sein de la meute, j’étais plutôt fière après avoir demande à beaucoup de monde qu’il m’apprenne quelques bases de leur art, j’avais réussi à reconnaître une guerrière. Seulement, le reste de sa phrase me fit écarquiller les pupilles. Jamais on ne m’avait posé la question par rapport à mon pouvoir. Je l’avais découvert, il y avait peu de temps, je voulais le cacher aux yeux de tous, mais certainement que certain avait du découvrir la chose. Je soupirais, ne cachant pas par où commencer. Je finis par lever la tête, avançant légèrement vers Lüa, montrant mes crocs à la femelle avant de refermer la gueule pour expliquer.

« Dans tes veines, tu as du sang, eh bien moi j’ai du poison en plus. Il circule tout le temps en moi, et quand j’ai envie de mordre ou de me défendre, ou juste quand je me sens en danger, il sort par mes crocs. Quand il se propage dans le corps de mon adversaire, il l’affaiblit, et à la fin, j’absorbe sa vie pour me soigner et me donner de l’énergie. Ce n’est pas un pouvoir qui me fait peur, c’est plutôt que je n’ai aucun contrôle dessus, quand il est dans mes canines, je ne suis plus du tout moi. »

Je gratte le sol, pensant que la femelle fuirais, mais elle resta là devant moi a continuer à m’écouter. Je finis par inspirer et donne mon impression.

« Je n’ai pas peur de l’utiliser, j’ai peur de blesser les autres que j’aime. Tout le monde à un pouvoir différent, certain son comme moi, et ne contrôle pas leur corps, mais pourtant beaucoup juge par rapport à nos actes, même si ces derniers sons involontaires. »

Je m’arrêtais là, ne voulant pas lui dire que ma première utilisation était à mes 7 mois et que j’avais tué quelqu’un cette même nuit. Je ne devais pas le dire, c’était mon secret, personne ne devait savoir.

« Et toi Lüa ? »

Je finis par retourner la question à la femelle avant de reprendre une attitude normal, voyant qu’elle était toujours présente à mes côtés et qu’elle ne chercher pas a quitter ma compagnie.

La femelle me demanda de me reculer, ce que je fis. Cela devait vraiment être impressionnant. Tout en la regardant, les oreilles droites, je reculais de quelques pas, ne voulant rater aucun morceau du spectacle. Peu d’adultes avait accepté de montrer leur pouvoir, ils disaient que Lava et moi on était trop curieux et trop petit, qu’ils n’avaient pas le temps. Aujourd’hui, je pense qu’il avait sûrement peur qu’on les juge, qu’aurais-je dit à leur place ? Connaissant désormais mon pouvoir, un pouvoir qui pouvait voler la vie des autres pour ne nourrir, me donner de la force. Devenir le démon que je suis au fond de mon cœur, un démon caché, naissant d’un ange aux ailes d’ivoire. Le destin peut-être.

La femelle posa sa patte sur le sol, comme tout mammifère l’aurait fait, mais au contact de ses coussinets, la terre se mit à trembler. et son oeil droit faisait de la fumée Je n’avais pas peur, je savais que c’était voulu, mais je me pouvais m’empêcher de mettre les oreilles en arrière et mettre ma queue entre mes pattes arrière. Un jet de lave sortit d’entre une fissure causé par Lüa. La lave se dirigeait vers l’eau claire du lac de cendre. Ici, se trouvait un ancien volcan ayant laissait place à la végétation et la pureté de l’eau. Dans un sens, Lüa était dans son élément. Après ce spectacle des plus époustouflant, la femelle repris son attention à mon égard, un sourire en coin.

« Moi, ma spécialité, c'est la lave ! »

J’avais les yeux écarquillaient comme tout à l’heure, aucun mot ne sortait de mes babines, c’était tellement impressionnant. Ce que m’avait montré Lüa m’avait fait comprendre une chose, peut importer notre pouvoir, ils n’impactaient pas vraiment notre façon d’être, peut-être à part moi, qui devenais vraiment la louve que j’étais au fond, une louve aimant tuer et répandre le sang, sourire devant le danger et en demander davantage, ressentir la douleur, pour mieux-vivre par la suite. Suis-ce vraiment moi ? Suis-ce vraiment moi ? Chaque sensation, je m’en souvenais parfaitement.

« Tu es vraiment impressionnante Lüa ! Et tu peux faire quoi d’autre avec la lave ? »

La femelle avait des petites gouttes de lave antre ses coussinets, tu les regardais de loin danser dans le creux de la patte de la guerrière. C’était vraiment, amusant, on aurait pensé que c’était comme des perles d’eau inoffensives, mais cela n’étais pas le cas. Son œil avait toujours cette fumée et cette aura assez impressionnant, je devais l’avouer. Elle observa ce qui se passait autour d’elle cherchant quelque chose, je restais toujours distante, il ne fallait pas rigoler avec ça. Si j’aurais, était plus petite peut-être que je lui aurais sauté au cou pour voir de plus près. Était-ce aussi pour cette raison que les adultes refusaient de nous montrer leur pouvoir ? De peur de s’attirer le courroux de ma mère ? Cela était compréhensible en effet. En quelques secondes, ses billes de lave transpercèrent le vent pour s’enfoncer dans un arbre. Percé de part en part, les billes de lave retournèrent dans la patte de Lüa pour finir au fond du lac. Elle perdit son aura autour de son œil et je pu enfin l’approcher.

« C’était vraiment bien Lüa. »

Elle me regarda et ce qu’elle me dit me réconforta légèrement, je ne voyais pas vraiment en quoi mon pouvoir pouvais aider, il aider mon corps à se soigner et régénérais ma vie, mais rien de plus. Je finis par baisser les oreilles, au final mon pouvoir n’était pas vraiment ce qu’il y avait de mieux.

« Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi, j’arrive à réguler mon poison, mais à peine, je mords je ne suis plus moi-même. Quand je chasse, j’ai peur d’empoisonner mes proies et de faire du mal aux autres, je contrôle les doses, mais il est forcément présent dans mes crocs. »

J’avais peur de faire ce que les autres pouvaient faire, je ne me sentais pas capable de chasser pour aider la meute ou même pour m’entraîner. Mais ce qui était sur, c’est que je pouvais empoisonner ma proie pour empoisonner mes ennemis par-derrière. Peut-être que c’était le seul aspect positif de mon pouvoir.