C’était enfin le grand jour, le jour où j’allais passer le cap d’apprentis à Delta. Mon corps frissonnait d’excitation, j’avais rêvé de ce moment depuis plusieurs mois, même depuis le tout premier jour où j’avais rejoint ma grande sœur pour notre premier entraînement. Cela remontait seulement à six mois, mais j’avais l’impression que cela faisait des siècles que j’attendais d’être l’égale de mes aînés. J’avançais jusqu’à voir mère, elle était assise, plus j’avançais, plus le traque s’installait dans mon cœur, je ne savais pas si j’allais être à la hauteur, mais je ferais tout pour qu’elle soit fière de moi. Elle était mon idole, je voulais devenir aussi courageuse et douce qu’elle.

Avançant à travers les brindilles, je m’installai devant ses prunelles, la regardant dans les yeux. Un large sourire traversait mes babines, j’étais plus qu’heureuse, mon cœur battait fortement dans ma poitrine c’était comme si je naissais encore fois. Mes poumons se remplissait de tout l’air qui pouvait s’engouffrer dans mes narines, pour finalement sortir avec douceur. Je déposais mon regard dans le sien, je percevais des taches blanches s’installer dans ses iris, je ne l’avais jamais vraiment regardé avec autant d’attention. Je savais que mère était quelque peut souffrante, mais je m’inquiétais beaucoup plus en apercevant cette couleur blanchâtre qui prenait de plus en plus d’ampleur dans le doux regard maternelle qu’elle portait à mon intention. Toujours avec le plus grand des sourires, j’inclinais la tête devant ma mère, attendant ses prochaines paroles.

Mon frère venait d’arriver juste après moi, j’étais heureuse de savoir qu’on allait enfin pouvoir être de vrai Delta et aider la meute à devenir un paradis. J’écoutais attentivement ce que nous disait notre mère, elle semblait tout aussi heureuse que nous pour ce fameux passage. Cela n’arriverait pas tous les jours, c’était un jour unique qui allait faire de nous de véritables adultes. Je faisais signe à ma mère que j’étais prête, tout comme mon frère et elle commença. Je me sentais nerveuse, mais aussi très excitée de cette future vie qui m’attendait. A la fin de son discours, je ne savais qui de nous deux devait s’exprimer, ne voyant pas mon frère le faire, je pris la parole.

« Moi, Henael, apprentie Sentinelle d’Elemiah, après avoir passé 6 mois d’apprentissages, je souhaite devenir Sentinelle et protéger notre meute. »

Je ne savais pas vraiment comment le formuler, alors j’avais laissé mon instinct dire ce que je pensais être juste. Je me sentais plus légère après m'être exprimée, comme si cela était la porte qui me permettait de devenir une adulte responsable. Je n’avais plus peur et connaissais mon rôle. Je ne devais plus trembler, mon cœur battait doucement, comme s’il approuvé mes pensées, j’étais enfin sereine. Mais cela n’était que le commencement. Je voulais apporter toute ma force à la meute jusqu’à mon dernier souffle.

Je laissais mon frère prendre la parole à son tour, je gardais une posture droite, c’était peut-être un peu trop formel, mais trop ce n’est jamais assez.

« Sous les paroles de l'Alpha que je suis, je valide l'apprentissage reçu par Henael en tant que future Sentinelle et celui de Shlava en tant que Guérisseur de la meute Hikari. Je jure devant Rakuen que chacun d'eux a bien été formé et se montrera digne de sa personne. »

Il était enfin temps pour moi d’être parmi ceux qui m’ont toujours soutenu, aidé. Je ne faisais plus parti des petits, j’étais une grande a présent. Mon cœur battait si vite, que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Je ne pouvais m’empêcher de sourire tellement j’étais heureuse. J’avais rêvé de ce jour tant de fois, et il était enfin arrivé. Je venais de franchir le premier pas de mon avenir, le premier de mon histoire, celui qui allait me permettre de devenir celle dont j’ai toujours rêvé, ressembler à l’ange qui m’avait mis au monde.

Pour finir ce rituel, elle approcha sa gueule de mon corps pour nous lécher avec affection et amour. C’était enfin terminé, je fermais les yeux, appréciant ce geste qui était tout pour moi. Relevant la tête, j’étais devenu une Sentinelle, une vraie, comme ma sœur décédée.

« Félicitation, ô grande Delta Henael. »

La voix de mon frère résonnait dans les airs, je tournais la tête dans sa direction. Il avait un sourire sur les babines, comme moi. Je lui donnais un coup de museau sur son épaule avec affection.

« Merci toi aussi, guérisseur. »

Notre vie allait changer quelque peu, on se verrait encore moins, mais on veillerait l’un sur l’autre comme tout le monde.