Le matin est passé depuis longtemps quand enfin j’émerge de la tanière. Tout le monde est sorti. Moi j'ai dormi plus longtemps, parce que je suis rentré tout juste avant l'aube. J'ai préféré chasser les chauves-souris. Toute façon, l’ambiance est un peu nulle en ce moment, depuis la mort de Requiem. J’évite un peu ma famille, je ne peux pas dire le contraire. Depuis la fameuse scène près du lac, je m’efface chaque fois que Xilven est dans les passages. Sa vue fait naître trop de sentiments. Et souvent des contradictoires. Elle me met en colère. La colère d’être toujours comparé à notre soeur morte. D’être toujours estimé inférieur. Elle me rend triste aussi. Jamais personne ne tiendra autant à moi que Xilven tenant à Requiem. Je ne vois pas pourquoi. Qui pourrait m’aimer ? Moi je m’aime bien, mais heureusement, vu que je dois me supporter constamment. Maman et papa ne semblent pas toujours mieux disposés à mon égard, et puis Maman est tellement proche de Xil… Du coup j’évite encore plus que d’habitude toute interaction lupine, préférant rester avec mes proies a.k.a victimes.

Bref, je sors, et le soleil tape fort, à peine filtré par les quelques palmiers entourant notre tanière. Je m’étire, me soumets à la douleur des rayons directement dans l’oeil. Puis, des tâches dans la vision, j’avance jusqu’à la berge du plan d’eau, là où les arbres sont plus présents. Je m’allonge à l’ombre d’un gros palmier. La fraîche ombre est agréable sur mon pelage trop noir. Mes yeux courent sur l’onde un peu argent. C’est calme. Je me demande où ils sont tous passés. Ils ne doivent pas être bien loin, l’oasis n’est pas si grand que ça, et on ne s’en éloigne jamais trop. D’après Maman, c’est trop dangereux, parce que plus loin, l’eau est bien trop rare, et qu’il faut faire attention. Pas d’ombre pour quand il fait chaud.

Pourtant, je ne vois personne. M’enfin, ça ne veut rien dire.