Histoire
Qui voudrait connaître notre histoire ? J'ai toujours été un vagabond, seul, avec cette famille qui s'occupait de nous. Dans cette forêt abattue par le feu ravageur. Aba, tu ne peux pas juste raconter véritablement ?
"Ils sont les seuls, je suis navré. Les autres n'ont pas que rejoindre le ciel. Repose-toi ma douce. Dors, je veillerai sur lui le temps que tu te rétablisse."
La solitude est tout ce que j'ai connu durant un an entier. Seul, en compagnie de mes deux parents et de mon frère. Les autres ne sont que des mort-nés. Ne pouvant vivre dans cet univers qui les a banni avant qu'ils aient pu voir le ciel. Mais je ne l'ai pas toujours été. Ils ne sont juste venus qu'après.
"Allez Olsk ! Je te rattrape !"
Mes petites pattes martèlent le sol de plus en plus vite alors que je me rapproche rapidement de mon frère. Il est l'intrus que je dois faire fuir pour protéger ma famille ! Alors qu'il fait un virage, je le coupe et lui saute dessus pour le faire tomber volontairement. Nous roulons sur le sol pour finir allongés en riant.
"C'est pas juste !
-Mais si c'est juste !
-N'importe quoi !"
Alors je me relève et lui laisse la place, je suis le plus fort, c'est tout.
"La famille gagne toujours !"
Je pars sur ces quelques mots, attendant mon frère quelques pas plus loin. Nous rejoignons ensemble Maman qui nous attendait en compagnie de mes trois autres petits frères et de ma petite sœur dans la tanière que nous nous étions créée. Je suis le seul survivant de la première portée à notre mère, Taven, Jedius, Neov et Sakki faisant partie de la deuxième. Olsk fonce sur ma mère, se blottissant contre son pelage fauve. Moi, je me contente d'avancer lentement pour me coucher dans mon nid proche de Sakki. Pour la protéger de mes autres frères qui la voient si mal. Ils ne doivent lui faire du mal, je ne le veux pas. J'entoure ma queue autour de mon petit corps qui est pourtant plus grand que celui de ma sœur avant de m'endormir dans un sommeil sans rêve.
Petit Aba... Je me réveille en sursaut.
"Qui est-ce ?"
Une patte étrange vient se poser avec violence sur ma gueule, m'empêchant de parler et de la mordre à l'aide de mes crocs.
Tais-toi idiot ! Tu vas réveiller tout le monde ! Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Ce truc ? Mais je rêve ? Je suis Azazel, Petit Aba, tu me dois un peu de respect. oh, mais de toute façon, tu ne vas pas m'empêcher de faire ce que je souhaite… A ce propos, tu ne sens donc rien ? Faire quoi ? Sentir qu… Oh ? Mais c'est quoi ce truc dans mon dos ? Mais ?
Oh mais rien du tout ! Tiens, regarde ça. La patte se tenant sur ma gueule se détend pour fondre sur le nid de mon frère encore blotti contre ma mère à une queue de là. Ce membre étrange l'entoure de sa brume blanche alors qu'un craquement écœurant résonne dans la tanière.
"Non !"
Je cours vers lui, mais il ne bouge plus. Il ne respire plus… Il… Non !
"Maman !"
Oh s'il te plait Petit Aba, fait-moi le plaisir de laisser le silence trôner ici Je me retourne vers Maman pour la voir paniquée, entourée de la brume noire.
"Non ! Ne fais pas ça !"
Je ne souhaite pas la mort de ma mère. Mes joues ruissellent de larmes alors que la mort de mon frère me hante déjà.
Alors passe un pacte avec moi. Tu es mon pouvoir c'est ça ?
Oui, et tu dois me laisser m'exprimer sans jamais me bloquer si tu veux que ta mère vive. "J'accepte
- Parfait"
Ma petite sœur les a tous tué. Mes frères. Nos frères. Ils ne sont plus que des âmes rejoignant l'au delà. ils sont morts. Elle a abattu son courroux sur eux, les brisant à l'aide de sa simple volonté, et elle m'a laissé en vie, tout en m'abandonnant à mon triste sort. Je suis seul avec cette mère qui me prend pour un monstre. Je suis seul. Tout seul. Comme avant. La mort de mon frère ne cesse de revenir chaque nuit. Azazel n'a pas encore réussi à me rendre comme elle, mais pourtant elle essaye. Elle veut faire de moi son pantin. Me contrôler. Je le sais, je le sens du plus profond de mon âme. Elle veut que je sois à elle… Et je n'ai plus rien pour la retenir…
Elle est là, la brume noire l'entourant sans grande peine.
Dis-moi Petit Aba, le monde ne te paraitrait pas plus beau avec un loup à tes cotés ? Azazel, je pensais que tu me connaitrais au bout d'un an et demi à mes côtés.
Oh mais je te connais Abaddon. Abaddon… C'est si rare quand tu m'appelles par mon nom entier. C'est souvent quand tu es irritée, je me trompe ?
Tu commences à me connaitre, Petit Aba. Tu devrais savoir que je connais tous mes ennemis, surtout toi. C'est ta faute si je suis ainsi. Sur mes gardes à longueur de journée. Depuis que tu as tué mon frère, je sais que tu peux recommencer, et j'attends. J'attends que tu le fasses. Parce que je vais t'en empêcher. Je me fiche de la promesse que je t'ai faite. Je veux être prêt, la vie de ma mère ne m'importe que peu, elle n'est plus qu'un fragment de corps se baladant avec peine sur cette terre qui lui est familière. Elle n'est plus rien depuis que je suis le seul à ses côtés. Tu ne m'auras pas.
C'est ça, augmente ta colère contre moi, c'est ce qui causera ta perte. Je te transmet cette haine, et je peux te contrôler à travers elle. Tu n'es pas assez puisant pour inverser les rôles Petit Aba. Cela changera.
Pas pour le moment. Peut être, mais un jour je te contrôlerai, et compte sur moi pour y parvenir.
Je n'en doute pas, mes le temps sera bien long. Regarde cette petite proie, Petit Aba, n'est-elle pas intéressante ? Je tourne la tête vers une biche n'ayant pas encore fini sa croissance. Elle est éloignée du troupeau. Inconsciente face aux prédateurs qu'elle pourra rencontrer. Elle m'observe de ses yeux renfermant une lueur curieuse, sans peur.
Allez, regarde comme elle attend que tes crocs se referment sur sa gorge toute pâle. Oh Azazel, laisse-la.
Tu n'as pas envie de la croquer ? Non.
Pourtant la bave dégoulinant de ta gorge me dit totalement le contraire. Je n'ai pas envie de la chasser Azazel. laisse-la finir sa croissance, elle est encore jeune.
Ses désirs, et toute son envie de chasse. Je les sens. Comme un poison coulant dans mes veines et changeant mes pensées. Ma sœur n'aurait jamais voulu que je chasse cette biche sans défense. Ma mère non plus. Je ne veux pas devenir ce qu'elle veut que je devienne. Je veux être à l'image de ma sœur. La protéger.
Oh, si Abaddon ne veut pas de cette proie… Elle nous demande de la tuer, on ne va pas lui désobéir… Si ?. Je sens le bras fuser en direction de la biche. Un crac résonne dans la clairière alors que les cerfs et biches s'enfuient dans un roulement de sabots sur le sol meuble. La biche tombe lentement sur le sol, la nuque brisée. Même si je ne sens pas vraiment les sensations que peuvent m'offrir le bras supplémentaire, je sais que c'ets le choc qui a tué la biche. Personne ne peut m'approcher à moins d'un mètre sans y risquer la mort.
"Tu as vraiment osé ?
- Tu ne me contrôles pas Abaddon, sache-le."
La patte est sortie. Elle flotte dans l'air, je la sens. Je l'attendais.
Allez Aba, je suis certaine que tu as envie de tuer. Ce n'est plus une grande nouveauté très chère.
Certes, mais j'ai de quoi te rassasier Petit Aba, fils du diable céleste ! Dis-moi tout Azazel, mon sang attend l'appel des autres. Il veut voir couler leur sang alors que la vie leur échappe.
Tu as tant changer... Allons-y !Je me mets à marcher, elle guide mon instinct alors que la proie attend la mort. Azazel est celle qui me contrôle. Elle est ma chef. Elle a les pleins pouvoirs. Elle est la plus puissante.
Enfin tu le reconnais. Je t'avoue que tu m'épates Aba. Les surprises sont toujours bonnes a entendre Azazel.
Là, il est juste là. La cible est juste là, à quelques mètres de nous à peine. C'ets un jeune delta d'une meute proche de la forêt, trop jeune pour savoir se battre contre nous.
C'est ça, imagine déjà le combat Petit Aba, laisse la haine t'envahir, éprouve cette colère contre Néga. Nous connaissons ce Delta. Il est notre demi frère, mon père nous l'a dit avant de mourir. Et nous allons le tuer. Le faire souffrir. Mes veines réagissent au quart de tour, faisant couler ma rage tout au long d'elles. Mon sang bouillonne, de la bave s'échappe de ma gueule à l'expression morbide. Je veux le tuer. J'ai soif. Le sang sera si visible sur ce pelage aussi blanc que la neige !
Oh oui ! Du rouge sur du blanc. Du rouge sur tes griffes blanches et sur ton pelage de feu. Réduis-le en poussière mon petit Aba. En poussières sanguinolentes. Oh que oui Azazel. Compte sur moi. Je vais le faire, et aussi vite que possible. Je vais rapidement laisser le sang couler de ses veines alors que la vie lui échappe.
C'est bien petit Aba, c'est très bien. Je veux être le maitre de son destin, je veux lui retirer la vie, je veux qu'il me supplie de le laisser vivre, sauf que jamais je ne suis offrirai cette chance.
Continue Aba, continue à imaginer ce que tu voudrais lui faire ! Et que je ferais !
C'est alors que je me mets à avancer lentement vers ma victime. Elle ne verra rien. Elle ne se rendra compte de la mort s'approchant de lui que quand je le déciderai. Sa vie est entre mes pattes, et je vais faire en sorte qu'elle s'en échappe. Je vais l'offrir à la mort.
Mais oui, la mort, mais oui… Serais-tu ignorant Petit Aba ? Mes pattes s'enfoncent en silence dans le sol hivernal. Les oiseaux se sont tues depuis un long moment, comme s'ils savaient ce qui allait arriver. Le vent est alors inexistant. Les feuilles ne bougent. Les animaux ne sortent de leur tanière. Il n'y a que moi et la cible hivernale.
Eh ! Ne m'oublie pas Petit Aba ! Alors j'avance. J'avance vers celui qui ne savait pas que sa vie allait se terminer. J'avance dans un unique but, le tuer.
Et moi ? Non mais je rêve ? Je fais tout et il m'oublie ? Il est ainsi grâce à moi, et il ne m'inclue pas dans nos plans de chasse ? Très bien la main qui était à peine présente dans mon dos et gigote en attendant le moment où elle pourrait se jeter sur MA cible. C'est à ce moment qu'il se retourne avec un air horrifié.
"C'est… C'est quoi ça …?"
Je ricane alors d'un rire fou tout en continuant à avancer. Bientôt elle pourra attaquer. Bientôt. Il faudrait que je me montrer plus rapide qu'elle, mais c'est totalement impossible.
J'y compte bien ! En plus nous ne formons qu'un toi et moi . Oui, nous ne formons qu'un et nous allons tuer cette malheureuse cible.
Malheureuse ? Ce devrait être un honneur. Sauf qu'ils ne le savent pas. Ils sont si inconscients Azazel. Tellement inconscient qu'ils ne connaissent pas l'origine de nos noms.
Allez, encore un peu. Tu veux l'attaquer, je le sais Azazel. Ce loup ne sait pas que reculer ne sert à rien, et pourtant il le fait.
Regarde l'arbre, il va te l'offrir gaiement. Elle a raison. L'arrière train du loup percute l'arbre. Parfait !
Parfait ! La main d'un noir cendre fuse vers sa proie pour l'entourer d'une poigne solide. Il ne bougera plus. Il ne le peut plus. Le loup blanc tombe alors sur le sol. Immobilisé et à ma merci. Alors je bondis sur lui, je lui entaille profondément les flancs avant de passer au ventre/
Du sang ! Du sang ! De profonds cris de douleur résonnent autour de moi. Il a mal, il gesticule alors que le sang gicle sur son pelage blanc et sur le feu du mien. mes yeux noirs scrutent les siens de couleur ambre. les larmes coulent le long de ses poils aux diverses nuances pâles sans qu'elles m'attristent aucunement.
"Jamais tu n'aurais du vivre Néga
Oh que non"
Je plante mes crocs dans sa jugulaire avec hargne et précision. Du sang éclabousse mon visage alors que son gout inonde ma gueule.
Encore du sang ! Regarde comme c'est beau ! Bon ! Tellement bon. la vie de ce charmant loup s'écoule dans ma gueule. Il n'a rien pu faire, il est mort en lâche.
En idiot plutôt.