Rappelons nous, ce passé si merveilleux [PV

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

La lune était haute dans le ciel, le vent était plus frais que d’habitude, signe que l’hiver sera rude cette année. La femelle était encore dehors à cette heure tardive, rien ne pouvait l’empêcher de profiter des rayons de l’astre nocturne. Elle avait besoin de réfléchir, de repenser au passé. C’est dernier temps, la louve était bien pensive, et le sommeil ne venait pratiquement plus. Elle ressentait un grand vide en elle, une chose qu’elle avait du mal à comprendre, et pourtant, elle en avait vécu des choses.

Marchant doucement à travers la neige, elle laissait ses traces montrer son chemin, elle n’avait pas peur de se faire attaquer, les flocons tomberont cette nuit et tout disparaîtra, comme si rien n’avait existé. Mais une odeur attira très vite son attention, une odeur de canidé, qui ne cherchait pas à se cacher. Bien au contraire, comme s’il avait confiance et que la mort ne l’atteindrait pas. Vénus redressa les oreilles et chercha à trouver l’individu portant cette forte odeur masculine.

La vieille guérisseuse trouva assez vite la cause de cette odeur, un canidé sortait des profondeurs de la nuit pour se montrer sous la lune scintillante. Tu avais cette sensation de déjà vue. C’était étrange, tu ne comprenais vraiment pas ce sentiment qui t’envahissait. Où l’avais-tu vue ? Tu ne te souvenais plus, mais ce doux visage n’était pas réellement inconnu.

« Bonsoir. »

La vieille guérisseuse était suffisamment proche du mâle pour qu’il l’entende, mais suffisamment loin pour fuir si cela était nécessaire. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ressentait qu’elle devait rester distante avec lui.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

Tard le soir. Ou tôt le matin ? Je ne sais pas, mais la lune est là. Est bien là, là haut dans le ciel. Elle illumine la montagne. Les monts gelés. Il fait froid. La saison froide n'est pas encore vraiment là, mais ici, dans les monts des Glaces Eternelles, il fait toujours froid. Il y a toujours de la neige.

Je me secoue, fais gonfler mon pelage. Oui, il fait froid. Mes griffes glissent sur la neige, mes coussinets s'y brûlent. Puis soudain ma patte s'enfonce dans un renfoncement. Un pas déjà tracé. La poudreuse a été enfoncé. Quelqu'un est passé ici. Et récemment, sinon ça aurait été recouvert.

Je penche la tête sur le côté, curieux. Reniflant les bords du trou, je me rends soudainement compte que le geste est idiot : il fait si froid que les odeurs s'évanouissent bien trop vite. Bon. Et bien si je veux savoir qui c'est, je vais devoir suivre les pas. Mais de quel côté ? Gauche ? Droite ? Droite. Il y a des légères traînées là où les pattes du lupin ont glissé à la surface haute de la neige. Bien plus courtes les traînées de l'autre côté. Le loup allait vers la droite.

Avant de le remarquer, je suis déjà dans les traces de l'inconnu. Je n'ai pas vu une âme vivante depuis maintenant deux jours, à part ce lapin délicieux de ce soir. Un loup... Non, pas depuis quatre jours peut-être. Mais de toute façon, je suis solitaire. Je ne parle pas.

Peu à peu un silhouette devant moi se dessine. Silencieuse. La fumeur arrive vite. Une femelle. Âgée, mais pas vieille. J'avance toujours, le pas souple. Confiant. J'ai beau avoir arrêté d'aider, cela ne veut pas dire que je n'en ai plus les compétences. Rien ne m'arrivera.

J'observe le visage de l'inconnue. Un vague sentiment de reconnaissance s'empare de moi. Comme si cette louve... comme si je ne la voyais pas pour la première fois. Comme si je l'avais rencontrée. Non. J'en suis sûre. Je l'ai rencontrée. Plus je m'approche, plus j'en suis sûre. Mais y'a longtemps. Pas récemment. Sinon elle ne serait plus. Je l'aurais aidée. Ou alors je m'en serais rappelé. Donc avant Maana. J'avais 2 ans quand Maana est morte. Donc... Je l'ai rencontrée avant mes 2 ans. C'est loin ça.

- Bonjour.

La louve reste loin de moi. Un peu tendue. Prête à s'enfuir. Pourtant je ne lui ferais rien. Je n'aide plus. Ou presque plus du tout. En plus je me souviens d'elle. D'avant. Je ne la toucherai pas.

- Bonjour.

J'incline la tête, poliment. M'assois dans la poudreuse. J'enroule avec précaution ma queue autour de mes pattes, tachant de conserver toute la chaleur que je peux garder.

- Vayli.

Je me présente. Je ne sais pas pourquoi, juste une impulsion.

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

Le mâle se présenta de lui-même, sans rien demander, sans rien rajouter. C’était étrange, très étrange même. Vénus l’observait s’assoir en enroulant sa queue autour de ses pattes. La femelle voyait bien que le froid semblait atteindre le vieux canidé, contrairement à la guérisseuse qui ne ressentait pas vraiment ce vent frais. Seulement, elle devait admettre que cette nuit serait plus fraiche que d’habitude. Vénus faisait de même en s’assoyant et enroulant sa queue autour de ses pattes pour imiter l’étrange mâle.

En effet ce canidé intriguait la vieille guérisseuse, le silence était pesant, pour la première fois, la louve se sentait bizarre. Un sentiment de déjà vu hanté l’esprit de la louve, comment cela était-il possible ? Elle se souvenait de chaque visage qui franchissait le territoire du Nord, mais ce mâle, elle le connaissait, mais rien en revenait, comme s’il n’avait jamais existé.

« Enchanté, je suis Vénus, guérisseuse des Glaces Eternelle. »

La femelle se présenta à son tour en attendant la réponse du vieux canidé. Le silence était insupportable, le corps de la guérisseuse frissonnait pour la première fois de sa vie. Elle ressentait l’odeur de la mort, hantant l’âme du vieux canidé, il avait cette aura qui donnait envie de fuir. Vénus ne pouvait s’empêcher de baisser les oreilles en arrière, comme si elle cherchait à se protéger des cries des morts.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

La femelle me regarde m'installer avant de m'imiter. Le froid ne semble pas la gêner, mais ma fourrure mince n'est pas la plus pratique dans ces lieux-ci. J'ai toujours eu des poils d'aspects un peu piteux, gris, peu fournis. Mais on fait avec.

Elle semble troublée par ma vue. Peut-être elle aussi se souvient de moi ? Je ne sais pas c'est étrange. Comme pour casser le silence, la louve prend ma suite :

- Enchanté, je suis Vénus, guérisseuse des Glaces Éternelles.

Oui, le silence semble la déranger. Moi j'aime le silence. C'est un bon refuge. Et puis je n'ai plus l'habitude de parler. Pour aider, il n'y a pas besoin de parler, il ne suffit que les griffes. Les crocs servent aussi. Mais la langue ? Non. Elle ne sert à rien la langue. Les cordes vocales aussi elles ne servent à rien. A part à gêner la découpe d'une gorge. C'est étonnamment vigoureux une corde vocale, vous le saviez ?

Un frisson parcourt le corps de Vénus. Elle a une belle fourrure. Elle semble toute douce. Et chaude. Mais je ne m'approche pas plus. Ses oreilles sont en arrière, elle-même semble vouloir se retenir de reculer. Je sais l'aura que j’irradie. Et je n'en ai cure, très clairement. J'ai l'habitude. Mais cette fois, je fais attention. Je ne m'approche pas. A la place, je l'examine du regard.

Ce sont ses yeux qui captent les miens. Beaux yeux, d'ailleurs. D'un joli rouge. Deux points très ressortant sur ce paysage blanc et sa fourrure grise. Pas un gris comme moi, un joli gris, chaud.

- Je te connais. Je ne sais pas d'où, mais je te connais.

C'était il y a longtemps... Je mi-clos mes yeux, perdus dans mes pensées. Ou en tout cas je le semble. Mon instinct est toujours au clair. Toujours. Pour toujours réagir le plus rapidement possible. Mais il est vrai que mon esprit lui vagabonde. Cherche.

Mes souvenirs d'avant Maana sont lointains. Y'a plus de cinq années entières. J'étais petit. A peine de deux ans. Mon regard a nouveau revient sur ses yeux. Yeux rouges.

Yeux rouges.

- Vayliiii ! Viens jouer avec moi !

La petite femelle est toute contente, sautillant dans tous les sens. Une gamine. Vayli lui-même est très jeune. Un an. Enfin, un an presque avec un mois en plus. Mais il est toujours avec sa mère, sa précieuse mère, Maana. Aujourd'hui, elle est occupée par une autre femelle. Apparemment, elles se connaissent d'avant. En chassant, Maana et lui sont tombés sur la louve et sa fille. Maana semblait contente, comme quand on retrouve un ancien ami. Le louveteau a été confié au plus vieux. Vayli en est assez heureux, il a peu de compagnie, mis à part celle de Maana, une vieille louve ayant depuis bien longtemps passé un âge vénérable. Alors cette petite de 7 mois... C'est revigorant.

La voilà justement qui secoue la queue, les fesses en l'air. Elle attends que Vayli joue avec elle. Il sourit, gentiment. Il va lui montrer la cascade. Elle est jolie la cascade, la lumière y est vraiment belle. Peut-être même qu'ils iront jusqu'à la caverne derrière cette cascade.

Il se lève.

- Allez, suis-moi.

Elle gambade à son côté, l'air content. De temps en temps, elle lève ses yeux vers lui. Des yeux tout rouge.

Yeux rouges.

Yeux rouges.

J'ouvre brusquement les paupières. Je ne m'étais pas rendu compte que je les avais fermées. Les yeux rouges. J'aurais dû tilter plus vite. Mais c'était il y a si longtemps...

- Oui, je te connais. Tu n'étais pas venue nous voir, ma mère et moi, avec la tienne ? Tu étais petite. On était allés voir une cascade.

C'est loin pour elle aussi. Très loin. Comme moi. Ou encore plus que pour moi. Elle était petite. Plus jeune que moi. Je la laisse tranquille. Reste immobile.

La neige est belle.

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

Le mâle ferma les yeux après avoir dit à la guérisseuse de la connaître. Ses oreilles se dressèrent sur son crâne, elle ne semblait pas être la seule d’avoir cette impression de déjà vu. Elle pencha légèrement la tête en avant, comme pour voir ce que pensait le mâle gris, elle voulait tant savoir, qu’elle avait l’impression d’être indiscrète. Pour la première fois de sa vie, Vénus avait pratiquement oublié un visage, que se passera t'il si elle finissait par tout oublier ? Une peur commença à naître dans son estomac, elle ne voulait pas oublier, ses souvenirs étaient bien trop précieux, c’était grâce à eux qu’elle arrivait à survivre seule, loin des autres.

« Oui, je te connais. Tu n'étais pas venue nous voir, ma mère et moi, avec la tienne ? Tu étais petite. On était allés voir une cascade. »

Elle sursauta quand le canidé reprit ses esprits, elle ne s’attendait pas à ce qu’il revienne a lui aussi rapidement. Ecoutant les paroles du vieux loup, elle essaya de se remémorer son enfance. C’était si lointain et si triste comme histoire, mais devait faire un effort. Alors, à son tour, elle se perdit dans ses pensées, cherchant un jour où elle avait rencontré ce mâle qui était jeune par le passé.

La guérisseuse partait souvent avec sa mère à la recherche de plante, mais aussi pour chasser, la vieille sauterelle trouvait le père trop doux avec sa fille. Puis un jour, oui elle se rappelait, elles étaient parties toutes les deux unes fois de plus, et un jeune était là. Il y avait eu enfin quelqu’un de son âge, ou presque, quelqu’un qui avait pu la divertir. Elle se souvenait de son doux parfum, de sa gentillesse, Vénus avait même eu un léger penchant pour le jeune mâle par le passé. Rouvrant, les paupières, elle souriait tendrement au canidé gris, oubliant pratiquement l’aura de la mort. Elle s’approcha doucement pour ne pas l’effrayer et se rasseyait dans la neige.

« Je me souviens, vous avez été très gentil avec moi. Ma mère ne m’appréciait pas beaucoup, cela l’avait soulagé que quelqu’un s’occupe de moi, autre que mon père. Je vous en suis très reconnaissante de m’avoir offert une après-midi de bonheur. »

La vieille louve inclina la tête et souriait de son cœur. C’était l’un de ses plus beaux souvenirs d’enfance, et pourtant, elle l’avait laissé avec ses souvenirs maudits. Elle se rappelait que le soir, les deux canidés, c’était battue, ses parents avait eu une violente dispute, comme très souvent, et cette après-midi de bonheur avait permis à Vénus de s’échapper de la réalité sans verser de larme.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

En entendant ma voix rouler, je la voix du coin de l'oeil sursauter. Ah, je l'ai surprise. C'est vrai que ça arrive souvent à ceux qui vivent assez longtemps pour parler avec moi. Je ne converse habituellement que peu, alors ça fait toujours étrange à ceux qui se trouvent en face de moi.

Vénus se plonge à son tour dans des songes. Des songes plus ou moins agréables apparemment. Quand elle en ressort, son attitude vis à vis de moi a changé. Plus détendue. Plus familière. Elle sourit avec une étrange tendresse. Se levant, Vénus s'approche de moi, se rassoit à seulement deux queues de ma propre position. Bien plus proche qu'avant.

- Je me souviens, vous avez été très gentil avec moi. Ma mère ne m’appréciait pas beaucoup, cela l’avait soulagé que quelqu’un s’occupe de moi, autre que mon père. Je vous en suis très reconnaissante de m’avoir offert une après-midi de bonheur.

Elle sourit toujours. Elle incline la tête sans s'en départir, et j'en fais de même, sans trop savoir pourquoi. Puis je reprends, ma voix grondant dans le silence de la neige :

- Tu peux me tutoyer, sais-tu ?

C'est distant de dire vous. C'est pas du respect, c'est distant. Bon, si, quand tu as 3 mois et que tu es face à un ancien de ta meute, un vieux de 9 ou 10 ans, oui, bon, tu dis vous, et là c'est respectueux. Mais là ? Entre elle Vénus et moi, c'est pas du respect. Surtout que techniquement on se connait depuis la louvitude !

Une brusque bourrasque vient soulever mon poil et je frissonne. Vénus semble ne rien ressentir. Je promène un regard admiratif sa fourrure. Une épaisse fourrure. Parfaite pour ce temps.

Quand un second coup de vent vient me frapper, je me résigne :

- Saurais-tu où nous pourrions nous abriter ?

Sa propre tanière ne doit pas être loin. Elle semble trop connaître les lieux pour ne pas y vivre.

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

La vieille louve gardait toujours son merveilleux sourire sur les babines, elle trouvait cela si amusant de retrouver un bout de son passé, un passé qui avait était compliqué et peu agréable, mais cette boule de poil, ce même canidé lui avait offert un souvenir agréable. Cependant, la vieille louve avait enfermé tous les souvenirs de son enfance au fond de son cœur, gardant en mémoire sa vie de solitaire.

Le mâle l’écoutait avec attention, peut-être même trop, qu’elle se sentit mal quand il l’invita à le tutoyais. Le vouvoiement était une habitude que la guérisseuse avait prise depuis toujours, c’était ce que sa mère lui avait appris, la vieille noire ne supportait pas réellement voir sa fille sourire et encore moins qu’elle la tutoie. C’était devenus une habitude de vouvoyer les autres, mais si la demande de ce mâle était de le tutoyais, Vénus le ferais sans ronchonnait, ce n’était pas non plus son habitude.

Le vent souffla de nouveau, mais cela ne faisait rien à la louve, mais le vieux mâle ne semblait pas si indifférent à la fraîcheur de la nuit. D’ailleurs, il n’avait pas mis longtemps à demander à la maîtresse des lieux si elle connaissait un abri. Vénus inclina la tête, et se leva pour lui montrer le chemin de sa tanière. Les traces commençaient à effacer et la brume empêcher d’avoir une vision large, si le gris tenait à ne pas finir congeler, il avait intérêt à suivre la guérisseuse.

Une dizaine de minute passa et Vénus prit un chemin assez étroit, elle passa sous de gros blocs de glace avant de rejoindre sa tanière qui était caché près d’un lac en arc de cercle avec une parois rocheuse. Vénus entra dans son antre et invita Vayli, l’air était frais, mais cela était normal dans le nord, mais le vent ne pouvait pas pénétrer dans sa grotte illuminée par les rayons de la lune se percutant aux cristaux qui ornait le plafond de la grotte.

« Il fait meilleur ici, tu peux rester cette nuit si tu le désires, ce n’est pas un temps à rester dehors. »

Vénus s’allongea sur le sol légèrement frais, tout en déposant ses pupilles sur le mâle gris.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

Vénus penche la tête comme pour affirmer puis se lève. Je la suis. De près. Avec le temps qu'il fait, je ne vois pas bien loin. Et sa fourrure grise ne se détache pas tant que ça de la brume levée. Quelques minutes plus tard, dix tout au plus, l'entrée d'une tanière surgit de la blanche obscurité. J'ai cru voir un reflet d'eau, mais avec toute cette neige et ce vent, je n'en suis pas certain.

A l'intérieur, l'air n'est pas vraiment chaud, même s'il fait bien moins froid qu'à l'extérieur, et le vent soudainement arrête de hurler à mes oreilles -une bénédiction. La lumière est douce. Avec familiarité, Vénus s'étend au sol, yeux sur moi.

- Il fait meilleur ici, tu peux rester cette nuit si tu le désires, ce n’est pas un temps à rester dehors.

Je secoue ma pelisse. Les flocons s'envolent et retombent à terre. Mon pelage n'est pas sec, dommage, mais il dégoulinera moins, ce qui est déjà un certain plus. J'avance d'un pas fluide, presque félin. A une ou deux queues de la femelle, je me stoppe et m'assois.

- C'est bien gentil de ta part Vénus.

Je lève le museau, autant pour mieux regarder que pour sonder l'air. Les odeurs. La fumeur des plantes est forte. Vénus serait une guérisseuse ? Hum, intéressant. Mais par delà cette odeur bien reconnaissable, je surprends celles de loups. Un peu lointaine. Peut-être des patients ? Une particulièrement semble plus récente. Celle d'un jeune mâle. Hum, peut-être un frais rescapé parti depuis peu. Je roule des épaules pour les détendre.

Je n'ouvre plus la gueule. Je n'aime pas parler. On ne parle pas pour aider. Je n'ai plus l'habitude. Vénus parlera si elle veut parler. Moi je ne sais pas. Le silence s'installe, planant au-dessus de nos têtes. Lourd, mais pas menaçant.

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

Devant les paroles du vieux mâle, Vénus inclina la tête. Il était tout aussi serviable que la dernière qu’elle l’avait vu, pourtant, il avait cette aura étrange qu’il ne possédait pas par le passé. Cela rendait Vénus bien curieuse, mais elle ne voulait pas lui demander, elle voulait que sa vienne de lui. Seulement, la discussion ne semblait pas être sont point fort à ce qu’elle remarqua. Le silence prenait place dans la caverne de cristal. Vénus se leva et se dirigea vers la mousse.

« Viens t’allonger ici, ton pelage se séchera plus rapidement et tu n’attraperas pas froid. »

Bien qu’il fût peu bavard, la guérisseuse n’avait pas besoin d’écouter les autres pour savoir ce dont ils avaient besoin. Même avec sa vue qui baissait, elle pouvait tout de même voire tout ce qui n’allait pas ou qui pouvait nuire à la santé. Avec le froid et la neige le pelage de Vayli était légèrement trempé, des gouttes d’eau ruisselait sur le sol de la grotte. Vénus n’attendrait pas qu’il demande quelque chose, elle le ferait en premier même si cela ne lui plaisait pas.

Vénus s’assoyait à côté de la mousse en attendant que le mâle s’y installe, le regard légèrement autoritaire, pour la femelle, la santé n’était pas un sujet qu’elle prenait à la légère et il ne fallait pas vraiment la contre dire. Certes, c’était une louve aimante et très peu agressive, mais elle savait trouver les mots pour persuader un individu et si les paroles ne suffisaient pas son regard en disait tout autant. Cependant, elle gardait tout de même un côté chaleureux et maternelle.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

A nouveau mon hôtesse se relève. Elle avance vers un coin qui semble bien douillet, tapissé de mousse.

- Viens t’allonger ici, ton pelage se séchera plus rapidement et tu n’attraperas pas froid.

Sa voix est certes douce, elle est aussi autoritaire. D'un ton qui n'accepte pas la discussion. Un sourire vient orner mon esprit. Oh ! il ne monte pas aux lèvres, mais pour moi c'est tout de même pas banal. Vénus me rappelle Maana. Ma chère Maana. Le même ton. Attentionné, mais pas précautionneux. L'air de dire "mais bien sûr, essaye un peu de ne pas m'écouter qu'on voit."

Vénus s'assoit à son poste et me fixe. Son regard est sans discussion. L'air docile, je décide d'obéir. Après tout, que puis-je faire ? Il est vrai que je suis mouillé. Et que je commence à lentement me les cailler. Lentement, j'avance jusqu'à Vénus, les yeux plantés dans les siens. Droit vers elle.

A seulement un pas de la louve, je détourne la tête et vais m'allonger dans la mousse. Hum, c'est vrai qu'elle est bien agréable. Je relève la tête, me pousse sur un coin de la mousse.

- Tu n'as pas à te geler les pattes. Viens t'asseoir aussi si tu veux.

A moi le retour de politesse. Bon, peut-être un peu étrange. Mais c'est ainsi que je suis. Et puis, il faut être indulgent, je n'ai pas l'habitude.

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

Le gris vient s’installer sans poser de question, Vénus trouvait qu’il ressemblait à un petit louveteau, cela la faisait sourire intérieurement. Alle appréciait prendre soin des autres, c’était sa vocation.

« Tu n'as pas à te geler les pattes. Viens t'asseoir aussi si tu veux. »

L’invitation surpris la femelle dans un premier temps, mais elle trouva cela fort agréable, que son ami d’enfance soit toujours aussi doux avec elle. Elle esquissa un sourire en s’allongeant à son tour dans la mousse à côté du mâle gris. Sa douce odeur se mélangeait à celui de la femelle, et Vénus posa sa tête sur la mousse. Les deux corps se réchauffait mutuellement, se protégeant de la fraîcheur de la grotte.

Le silence avait refait surface et la vieille guérisseuse se laissait bercer par la chaleur l’enveloppant. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas ressenti cette douce chaleur, elle se sentait aussi légère qu’une plume. Du coin de l’œil, elle regardait le canidé qui était à ses côtés.

« Qu’est ce que tu es devenu ? »

Vénus voulait savoir ce qu’il avait vécu pour avoir cette aura, elle c’était promis de ne pas lui demander, mais l’envie de savoir était bien plus forte qu’elle ne le pensait. Alors sans aucune honte, elle posa la question à son ami d’enfance.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

Au début, Vénus semble surprise par ma proposition, puis étonnamment contente. Un léger souris aux babines, là voilà qui doucement s'installe près de moi, si près que la chaleur irradiant de son corps vient pénétrer le mien. C'est vrai que ça fait du bien.

Quelques instants plus tard, la louve, tête sur les pattes, me regarde du coin de l'oeil. Peut-être veut-elle savoir quelque chose ? Ou cherche-t-elle quelque chose ?

- Qu’est ce que tu es devenu ?

Je cligne des yeux, surpris de ne pas être surpris. C'est comme si je m'attendais à cette question. Je ne sais pas vraiment quoi répondre. Probablement la vérité. Il est toujours plus simple de dire la vérité.

- Ma mère est morte à peu près un an après notre après-midi commune. Après cela, j'ai erré, seul. J'aidais ceux que je croisais. Tous, jusqu'à il y a plus ou moins deux ans. Je suis devenu plus âgé, ce n'est plus à moi de faire ça, c'est aux plus jeunes. Alors je leur apprends, mais je n'aide plus comme j'aidais avant.

Je bats une nouvelle fois des paupières, sors de mes plus ou moins souvenirs.

- Il y a quelques semaines, une vagabonde, Nilaya, m'a parlé de son projet de créer une nouvelle meute, et il est possible que je la rejoigne.

Je hausse des épaules. Après tout, il faut bien que je transmette ce que je sais. Je tourne alors la tête vers la femelle à mes côtés.

- Et toi alors ? Tu es devenue guérisseuse, c'est ça ?

«Rappelons nous, ce passé si merveilleux»
Avec Vayli

La guérisseuse écoutait le récit du mâle, seulement elle ne comprenait pas le mot « aidé ». Le vieux mâle ne semblait pas être un guérisseur, il ne portait pas d’odeur de plante ou d’autre truc dans ce genre. C’était plutôt le contraire avec cette aura sombre, qui ferais fuir plus d’un canidé. Vénus avait peur de comprendre, ou peut-être comprenait-elle mal, cela restait tout de même peu clair. Puis ce fut au tour de la femelle de répondre, bien que le terme que le canidé gris employé était peu indicatif sur ces actions, elle releva la tête pour le regarder dans les yeux et lui répondre.

« Oui, je suis devenue guérisseuse comme ma mère. Mes parents m’ont abandonné à mes 10 mois, ils disaient que c’était une tradition et depuis je suis resté ici, je ne supporte pas la chaleur, mon pelage est bien trop épais. »

Vénus posa son museau sur le dos de Vayli, elle cherchait comprendre ses paroles, mais rien ne parvenait à l’esprit de la vieille femelle. Elle qui n’était qu’amour et paix, elle ne pouvait pas envisager qu’un être aussi doux pour faire du mal, pourtant, dans sa voix, elle ressentait un peu de tristesse mélangé à de la joie, ou du moins, c’est ce qu’elle interprétait. Pouvait-il faire partis de ces être dépourvu de sentiments ? Elle avait des doutes, mais tout était possible dans leur monde. Venait-elle d’héberger un meurtrier ?

« Comment aidais-tu les autres ? »

Sans qu’elle n’ait le temps de réfléchir plus longtemps, ses cordes vocales vibrèrent d’eux même et le sont sortis de nulle part. Vénus fut elle-même surprises des mots qu’elles venaient de prononcer, mais elle reposa bien vite sa tête sur la pelisse du gris.

ft. Vénus

Rappelons nous ce passé si merveilleux

Semblant assez surprise par ma réponse, Vénus répond tout de même :

- Oui, je suis devenue guérisseuse comme ma mère. Mes parents m’ont abandonné à mes 10 mois, ils disaient que c’était une tradition et depuis je suis resté ici, je ne supporte pas la chaleur, mon pelage est bien trop épais.

Avec stupéfaction, je sens son museau se coller à mon dos. Elle pose sa tête sur ma colonne vertébrale, installée tranquillement. La chaleur irradie de son corps. C'est agréable. C'est doux. J'aime son contact. Il me fait du bien. Comme un calme baume. Vénus reste silencieuse, mais je sens la reflexion se faire dans sa tête. Que répondre si elle me pose la question ? Que répondre ? Je ne sais pas. Mais peut-être ne demandera-t-elle pas. Peut-être. Qui sait ?

- Comment aidais-tu les autres ?

Ah. Elle a demandé. Sa tête s'est relevée, mais déjà elle revient sur mon pelage. Le chaux. Toujours le chaux. C'est agréable. Bref. La question. Qu'est-ce-que je peux répondre ? J'aide. J'aidais. Attention, le passé est important. Je n'aide plus. Je suis plus vieux. J'entraîne maintenant. C'est différent. C'est une autre aide. J'aide les autres à aider. C'est différent. Je réfléchis. Que répondre ?

Puis je prends conscience de sa respiration. Profonde. Lente. Elle dort. Elle dort ! Waouh. Je reste silencieux un moment. Savourant le moment. Le prolongeant. Mais je dois partir. Je le sais. Je le sens. Je le dois. Lentement je me redresse. Sa tête roule sur mon flanc avant de glisser sur la mousse, sur la forme chaude que je laisse. Une vague de froid effleure mon corps, là où celui de Vénus était collé. J'attarde un instant ma queue sur sa joue, mon regard sur son visage. Puis je tourne les talons, m'éloigne. M'enfonce dans l'écran blanc de la nuit enneigée.

Il fait froid. Il fait très froid. Mais je ne peux pas rester.

Je ne peux pas.

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