Un matin ordinaire, si j'en crois les nuages || ft. Nana (Henael)

Du haut de mon nuage, je regarde le monde qui défile. C'est agréable un nuage. Tout doux sous les pattes, comme la fourrure de maman. Un peu froid au contact, mais très agréable. Le nuage avale le bout de mes pattes, les enveloppe d'une couverture protectrice. Je ne vois plus mes griffes, c'est rigolo. Quand ma patte s'abat, ça tourbillonne, c'est joli. La lumière passe à travers, ça fait pleins de petits arc-en-ciel. C'est beau. Je baisse le regard. Ça aussi c'est amusant. Je vois les membres de la meute. Ils bougent et courent partout, comme des étincelles. Ou des abeilles autour d'une ruche. Oui c'est bien ça. Les abeilles autour d'une ruche.

Une odeur atteint mon museau. Hum... C'est bon... Un peu sucré... J'ouvre un oeil et sors de mon rêve. Depuis peu, maman a commencé à nous donner de la viande, à Nana et moi. Bien sûr, on a toujours cette liqueur super bonne qui s'appelle le lait, mais bon, on a l'âge pour la viande, et on en a un peu moins, du lait. Au début, on avait des tout petits morceaux, prémâches par maman. C'est bon la viande aussi. Mais pas autant que le lait. En plus, pour la viande il faut tuer. Je l'ai pas compris tout de suite, mais maintenant c'est clair. En fait, le déclic c'est fait quand un des chasseurs est revenu avec un lapin juste assommé. Il croyait l'animal mort, mais non. Et il s'est réveillé juste sous mon museau, le lapin. Et maman l'a tué. C'était bizarre. Avant, il bougeait, après, plus du tout. Ses yeux bougeaient encore un peu, ils étaient tout écarquillé. Ses pattes étaient tendues, sous tension. Mais il était déjà mort, je l'ai vu dans son regard. Vide, vitreux.

C'était triste. Après, on a dû le manger. C'était vraiment bizarre aussi.

Un truc frôle ma truffe et me fait éternuer.

- Nana !

Henael, c'est ma soeur, elle aime bien fourrer sa queue sous mon nez. Ça chatouille, mais ça l'amuse. Du bout de ma patte, juste avec mes coussinets, je frappe doucement sa truffe à elle. C'est un jeu, elle me fait toujours ça, et puis moi aussi. Généralement, ça finit en bataille générale dans les pattes des grands. Mais qu'importe ?

«Un matin ordinaire, si j'en crois les nuages»
Avec Shlava

Un sommeil profond sans rêve, ni cauchemar. Pourtant des images apparaissait dans mon esprit, des images un peu floues, mais elles étaient quand même présentes dans mes pensées. Il faisait noir dans ma tête. Tout noir, personne pour m’aider, ni pour m’apporter la lumière. Sombre, sans chaleur ni fraicheur. J’étais bien. Enfin je le crois. Je en sais plus. Enfaite je n’ai jamais su. J’errais dans cette univers sombre. Dans ma tête. Puis un rayon de lumière vint m’éclairer. J’entendais sa voix, cette voix si douce. Shlava.

« Nana ! »

J’ouvrais mes paupières, et sentit un coup sur mon museau, il m’avait réveillé. J’étais heureuse de le voir et commençait à lui mordillait les oreilles avec affection. Oubliant l’obscurité où j’étais plongée. Un nouveau jour venait de commencer et je voulais jouer avec mon frère adorait. Il aimait bien m'appeler Nana, mais moi je ne lui avait pas encore de surnom.

« Shlava ! »

A peine réveillé qu’on commençait déjà à se chamailler, c’était la preuve qu’on s’aimait. Un coup de patte par ici, un autre par-là, une léchouille, une morsure. Puis pour finir un gros câlin pour se réconcilier. On était les premiers à embêter l’autre, mais quand il était question de faire une farce à quelqu’un on arrêter tout de suite nos chamailleries.

« On va jouer ? »

Je n’avais pas encore faim et voulait me dépenser avec mon frère, je voulais découvrir de nouvelle chose à ses côtés. On grandissait vite, bientôt on sera moins complice, je voulais garder en mémoire tous ces souvenirs heureux que j’avais passé avec mon frère. Un papillon passa devant le terrier et sans attendre Shlava, j’essayais de l’attraper avec ma petite mâchoire.

Avec Nana, on est allés jouer dehors. Maman est partie voir les grands, pour jouer son rôle de cheffe. C’est cool, nous on avait rien à faire, nous les petits.

Dehors, j’ai bousculé Nana pour arriver le premier à la souche. C’est un pied d’arbre, il est tombé beaucoup longtemps avant ma naissance il paraît, mais du coup je m’en rappelle pas d’avant. Je suis le premier sur le haut de l’arbre que j’ai jamais vu. C’est de la fierté que je ressens. Normal je trouve. J’attends un peu Nana, pas longtemps.

- Papillons !

C’est le cri de départ. On le pourchasse tous les deux mais c’est Nana qui arrive la première. Je suis content quand elle n’arrive pas à l’attraper, j’aime pas quand elle les mange. C’est tuer pour rien du tout, c’est triste et ça sert à rien. En plus, c’est beau un papillon, et s’il est mort on peut plus le pourchasser !

J’attire Nana vers la souche et la met au défi de me faire tomber.

- Moi je dis que t’arriveras jamais à monter tant que je suis dessus !

«Un matin ordinaire, si j'en crois les nuages»
Avec Shlava

Jouant de bon cœur avec Shlava, il m’avait bousculé pour gagner la course. On avait atteint un tronc coupé. Shlava sauta immédiatement dessus et se donné un air de chef. J’aimais bien jouer avec lui, même si l’on se disputait souvent.

« Papillons ! »

Cette fois c’était moi qui avait gagner, mais le petit papillon coloré avait réussi à prendre la fuite. J’étais dessus, je regardais Shlava qui avait l’air soulagé que la petite bête multicolore soit toujours saine et sauve. Il n’aimait pas quand je les attraper avec mes petites dents, et moi je n’aimais pas le voir triste, ça me rendait triste aussi. J’essayais pourtant de faire des efforts, mais j’aimais les attraper, c’était plus fort que moi.

« Moi je dis que t’arriveras jamais à monter tant que je suis dessus ! »
« Moi je dis que si !!! »

J’aimais beaucoup l’embêter, il était rigolo. Lui aussi aimé bien m’embêter. Je tentais d’atteindre une patte a Shlava pour le faire tomber, mais je n’y arrivais pas. Sautant comme une sauterelle, j’accrochais mes griffes sur le haut de la souche et essayer de me hisser jusqu’en haut. Avec un gros effort, j’étais arrivé en haut, mais la place était petite pour deux louveteau. Je me tournais vers mon frère, frôlant son pelage et lui donné un petit coup de patte sur la queue pour jouer avec. On tenait pile poil, mais un de nous deux risquaient de tomber, mais on ne connaissait pas le danger. On continuait tout de même jusqu’à ce que l’un de nous finisse par terre. A force de vouloir faire tomber l’autre, on tomba ensemble sur le sol dur comme de la pierre.

« Aïe ! »

Il y avait plus de peur que de mal. Avec un sourire provocateur, on finit par faire la bagarre comme à chaque fois, de fois c’était Shlava qui gagnait, parfois c’était moi, aujourd’hui c’était lui comme hier. J’aimais bien quand on jouer avec les autres petits, mais je préférais jouer avec mon frère. Les autres étaient trop gentil avec nous, alors qu’avec mon frère je pouvais rester moi-même.

J'ai pas fait exprès. Promis. Mais il se peut que j'ai un peu tapé Nana quand elle a sauté a côté de moi. Mais c'est pas fort ! Et puis elle l'a bien cherchée, ma petite tape. Non ? Elle a sauté, et puis elle m'a un peu poussé, et puis j'ai eu le réflexe de la taper un peu. C'est tout. Et puis en plus quand elle a sauté, elle a glissé un peu, et ses griffes se sont plantées dans ma queue. Heureusement que j'ai de l'équilibre moi !

On reste tous les deux face à face. On est haut. C'est vrai, quand j'étais tout seul, je voyais pas à quel point elle est grande la souche, mais à deux c'est encore plus haut. Y'a un petit frisson de... de danger, c'est comme ça que dit maman je crois.

Au bout d'un moment, Nana elle pert patience, et on tombe tous les deux par terre. Par terre, c'est pas comme le nid où on dort, avec la mousse, par terre, c'est dur, comme de la pierre, avec de la poussière en plus, et c'est pas tout doux et tout chaud comme la mousse où on dort.

- Aïe !

Nana elle tombe sur moi. Mon dos heurte le sol, le par terre dur pas comme la mousse, et le choc de Nana est plus petit. Parce que je suis entre elle et par terre. Un peu comme la mousse. Du coup je... mousse son choc ? Doit y avoir un mot pour dire que le choc est plus petit, mais je le connais pas. Je demanderai à maman.

Je grogne à Nana :

- T'es lourde !

Et puis je la pousse sur le côté. C'est pas vrai, elle est pas lourde, enfin pas plus que moi, mais c'est un jeu entre nous.

- C'est même pas vrai !

Et elle me tire la langue.

Je tapote le bout de sa truffe, c'est un jeu aussi, ça, juste pour nous deux. Elle essaie de me faire les gros yeux, comme maman quand elle est en colère, mais ça marche pas avec ma Nana. Après, elle me saute dessus, et on roule dans la poussière.

Nana, c'est ma jumelle. Ma soeur. On se ressemble pas beaucoup en pelage, mais on pense souvent la même chose, c'est cool. Parfois, on a pas besoin de parler pour penser la même chose, c'est cool aussi. Et puis, comme maman elle est Alpha, et qu'elle est la cheffe des grands, on est souvent que tous les deux, du coup c'est cool d'avoir Nana. Parce que en plus, les autres petits, même s'ils sont gentils, ils sont pas Nana. Nana elle est... unique.

On court un peu, c'est important de se dépenser dit maman, et puis on joue, on se roule par terre, on se poursuit, on embête un peu les grands.

Avec Nana, on aime bien se bagarrer un peu, mais pas comme les grands. Les grands, quand ils se battent, ils se font des bobo. Et parfois les bobo ils restent pour toujours ! Et ça fait des marques un peu blanches, parfois comme de l'écorce, avec des bosses. C'est pas toujours joli joli. Toute façon, c'est pas bien la violence. Se battre oui, mais pas se faire mal. Nan mais !

«Un matin ordinaire, si j'en crois les nuages»
Avec Shlava

Shlava aimait bien m’embêter, moi aussi d’ailleurs, c’était rigolo. De fois, quand maman nous garder et qu’on se chamaillait, elle nous grondait, mais on continuait quand même jusqu’à ce qu’elle nous force à faire des siestes, mais ce n’étais pas grave parce qu’on aimait maman. J’écouter que ma maman, parce que les autres grands, bah ce n’était pas ma maman, et maman était la chef, onc on était un peu comme des mini chef avec Shlava.

Je tirais la langue à mon frère parce que c’était lui le plus lourd. Toute façons, j’avais toujours raison, comme maman, les filles ont toujours raison et les garçons, bah ils n’ont pas leur mot à dire et puis c’est tout, parce que c’était comme ça voilà.

J’aimais courir avec Shlava, car on était tous les deux rapides. Shlava était plus que mon frère, il était ma moitié. Pas besoin de parler, juste un regard, une pensée et on savait ce que l’autre voulait. Après la bagarre, on commençait à être fatiguait, mais je ne voulais pas retourner dans la douceur de la mousse, je voulais encore jouer avec Shlava et l’embêter parce qu’il avait dit que j’étais lourde. J’aimais bien mordiller les oreilles de mon frère, je ne lui faisais pas mal, mais comme ça il avait plein de bave et il aimait pas. C’était rigolo d’embêter Shlava. Je rigoler à chaque fois, parce que Shlava c’est mon seul vrai ami.

Nana elle est bizarre parfois. Aujourd'hui, elle m'a sauté dessus, et puis elle a dit que c'était moi qui était lourd. Le monde à l'envers je pense.

- Shlava ! Henael !

Ca, c'est maman qui nous appelle. On se retourne lentement, un peu à contrecoeur. On sait tous les deux ce qu'elle va dire. C'est prévisible. On s'y attend.

- C'est l'heure de votre sieste, à tous les deux.

Elle nous regarde un peu sévèrement, maman, et c'est normal. Avec Nana, on est toujours les premiers à dire non à la sieste. C'est nul la sieste. Parfois, j'arrive à faire semblant de dormir, mais c'est ennuyant de rien faire. Tout ce temps perdu !

- Mais mamaaaaaan...

Je regarde maman avec des yeux tout grand, ceux qu'elle trouve mignons, elle me l'a dit. Mais ça marche pas aujourd'hui. Je vais me résigner quand un des grands intervient. Il veut parler d'un truc "urgent" avec maman. Une super chance pour nous ! Maman se détourne pour régler le problème et Nana et moi on s'enfuit vers la souche.

Je lance un regard un arrière : maman garde un oeil sur nous. Le message est clair : la sieste, on l'aura, même si elle est décalée, parce que maman veille... au grain, c'est comme ça qu'ils disent les grands, nan ?

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