Suite à une violente dispute avec un membre de ma meute, je partis m’isoler. Comme un solitaire je marchais sans regarder autour de moi. Mes voix étaient plus qu’excitait. Pourtant, je ne leur laissais aucun contrôle sur mon esprit tourmenté. C’était leur faute si j’avais agi ainsi. Ils devaient en assumer les conséquences et rester tapis dans les ténèbres de mes pensées. Je rêvais de devenir autre chose, mais mon rôle était tous aussi important que les autres. Même si cela ne se voyait pas, je fais partie de l’équilibre de la meute, mais cela était dur d’encaisser sans ne jamais rien dire. Continuer à subir, sans riposter, et cela était ma plus grande faiblesse, je n’arrivais pas à les contenir et leur regard de braise s’insinuaient dans les miens, leur pensée se mélangeait avec les miennes et je devenais incontrôlable. Pourtant, je restais important, mais des plaintes venaient arrivait jusqu’à mes oreilles, d’autres se vengeaient le lendemain et me battais avec plus de férocité et encore me pourrissait le peu de nourriture qui me restait. Cela n’était pas une vie, mais elle était mienne.

J’approchais d’une petite rivière où je me rinçais la gorge, ce parler intérieurement donné soif. L’eau était fraîche, elle était douce, comme la langue de ma mère. Son esprit coulait à l’intérieur de mes veines. Je la sentais près de moi. J’observais mon reflet. Je n’y voyais que pitié et honte. J’avais honte de moi et elle aussi devait avoir honte de me voir ainsi. J’approchais mon museau jusqu’à ce que ma truffe touche le bout de l’eau. Des cercles se formaient autour du contact que je faisais. Je fermais les yeux, écoutant les chants qui provenaient de chaque buisson.

Puis un son familier s’infiltrait dans mes oreilles. C’était net comme de l’eau. L’individu ne cherchait pas à se cacher, au contraire, il avait l’air de fuir quelque chose ou quelqu’un, mais je n’arrivais pas à savoir qui cela pouvait bien être, l’odeur m’étais complètement inconnu. Mais cela s’approchait dans la rivière. J’avançais dans la rivière, marchant doucement pour ne pas me couper les coussinets sur une pierre tranchante.

« Nanis… »
Que fait-elle aussi loin ?
Je sens une odeur de sang plus loin.

Mes pupilles devinrent fines, Nanis était blessé. Je courrais dans sa direction.

« NANIS ! »

J’arrivais à sa hauteur, elle était essoufflée. J’avais peur, que devais-je faire ? Je n’étais pas guérisseur. Avant ça, je devais l’aider à sortir de l’eau. Je l’aidais en appuyant mon épaule contre la sienne et l’aider à monter la rive. Elle était trempée de la tête aux pattes. Pauvre Nanis. Elle tremblé de froid et sûrement de peur aussi. Je la laissais s’allonger pour qu’elle recouvre ses esprits, elle était complètement perdue. Je m’allongeais à moitié sur son dos pour lui donner un peu de chaleur et commençais à lui parler doucement.

« Que s’est-il passé ? »

Nanis était affolée, elle ne me reconnaissait pas, perdue dans ses souvenirs. Elle ne disait aucun mot, rien ne sortait de sa gorge. Elle sortit les crocs, prête à se défendre, mais contre qui ? Je n’avais rien fait, et je sais qu’elle ne me ferait aucun mal, seulement elle ne me reconnaissait pas.

« Nanis c’est moi, Nehëmah. »

Elle s’écroula, elle était épuisée. Elle tomba dans l’inconscient, je ne voulais pas la perdre, mais je ne pouvais pas la laisser seule, si cet individu revenait alors que j’étais parti chercher de l’aide que lui ferais-t-il ? Je restais à ses côtés. L’écoutant respirait l’air frais. Mon museau sur son flanc, je regardais les diverses blessures qu’elle avait. L’individu qui lui avait fait ça aller souffrir. Je le retrouverais et le tuerais pour avoir fait du mal à ma Nanis.

Je restais ainsi, jusqu’à ce qu’elle recouvre ses esprits, elle était douce et gelée. Je me plaçais sur son dos pour lui donner un peu de ma chaleur corporelle. Son sang se posait sur mon pelage gris. J’attendais, encore et encore, sans bouger. M’assoupissant à mon tour. La douceur de son pelage me rappelait celle de ma mère.

« Je suis la Nanis, je serais toujours là. »

Elle bougeait les paupières doucement, les battant plusieurs fois pour s’habituer à la douce lumière du soir. Elle avait dormi un bon parti de la journée, le soleil descendait doucement.

« Hum... Nehëmah ? C'est toi ? Je... qu'est ce qu'il s'est passé ? Quoi, tu as perdu ta langue ? »

Je souriais devant Nanis, j’étais toujours sur elle pour lui donner un peu de ma chaleur. Elle semblait un peu perdue ce qui était normal, ses blessures ne saignaient plus vraiment, son repos lui avait permis de récupérer un peu de ses forces, elle pourrait bientôt se relever pour aller se faire soigner. Je ne savais toujours pas ce qui c’était passé, ce qui lui était arrivé, mais cela avait dû la traumatiser. Je resserrais un peu plus mon étreinte, elle plaisantait, mais cela me faisait souffrir de la voir ainsi.

« Ne plaisante pas Nanis… Il faut que tu ailles te faire soigner. »

Je parlais d’une voix froide et distante, j’avais du mal à exprimer mon amour, mais je savais très bien qu’elle comprenait ce que je ressentais. Elle l’avait toujours su, depuis qu’elle nous avait « adoptées » mon frère et moi. Je posais ma tête sur celle de la guérisseuse, sans bouger, une respiration douce. Les feuilles volaient près de nous, les oiseaux chantés, celle qui m’avait recueilli et accepté était en sécurité. Je sentais son cœur battre, son rythme était normal, serein même. J’aurais préféré que ce soit moi à sa place, j’étais plus résistant à la douleur qu’elle et surtout une aussi gentille femelle ne devait pas voir autant de souffrance dans sa vie. Je devais la protéger de tout le mal qui hantait le monde, la protéger pour qu’elle reste dans son monde remplis de bonté. Je ne désirais plus la voir dans cet état, elle était ma seule famille aujourd’hui et je tenais plus que tout à elle, beaucoup plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Je levais la tête vers le ciel, mon corps était lourd, je ne voulais pas bouger pourtant, il le fallait, je devais aider Nanis à rejoindre une guérisseuse pour qu’elle se soigne. Reposant ma tête, mes pattes refusaient de m’obéir, ou alors c’était mes spectres qui refusaient que je bouge. A force je ne savais plus ce qui se passait avec mon corps, je le laissais faire.

Elle désirait voir Valkyrie, notre guérisseuse solitaire. Ses enfants étaient dans notre meute, mais je n’avais jamais eu le privilège de les côtoyer. Je me relevais avec difficulté, mes spectres refusaient de venir nous aider, il n’y avait pas suffisamment d’action à leur goût. Après quelques minutes, j’étais debout et avec mon museau, j’aider la femelle blanche à se relever doucement. Tout son corps tremblait, je devais l’aider à marcher en la soutenant par l’épaule. Elle marchait doucement, je ne savais pas vraiment où se situais la tanière de la guérisseuse dont elle prononçait le nom. Je la laissais me guider, de temps en temps, j’enfouissais mon museau dans son cou pour pas qu’elle oublie ma présence à ses côtés. Elle avait du mal à parler, et son deuxième côté pouvait faire surface à tout moment. Cela était bien plus compliqué qu’on ne pouvait le croire.

On marchait depuis quelques minutes, mais on n'avait pas avancé beaucoup, je ne voulais pas la presser. J’observais ses blessures au fur et à mesure, plus je les voyais, plus mon sang bouillonnait dans chaque recoin de mon corps. Au bout d’un moment, on s’enfonçait dans la forêt et Nanis me demanda de la laisser continuer seule. J’eu un moment d’hésitation, puis fini par baisser la tête. Je repartis dans la direction de la meute, jetant un dernier coup d’œil à la blanche avant de repartir à travers les branchages.