Mais qui es-tu ?

   

Le soleil se levait, aux chants des oiseaux de l’hiver, la lumière s’infiltrait dans la tanière de la guérisseuse. Les cristaux reflétaient les rayons du soleil pour illuminer l’antre de la louve. Tapis dans sa couche remplis de mousse, elle battait des paupières, laissant l’éclat de lumière pénétrer dans ses iris. Sa vue était floue puis devint très vite normal. Se levant avec légèreté, s’étirant de tout son corps. Une patte après l’autre, elle prit la direction de la sortie. Longeant derrière les multiples cascades, elle prenait le temps de s’avouer chaque bouffée d’air pur. Enfin, dehors, la guérisseuse donna un regard en arrière et inclina la tête pour saluer son antre qui la protège chaque soir du froid de l’hiver permanent. Explorant les environ, elle écoutait d’une oreille attentive chaque cri de détresse. Aucun son ne parvint taper ses tympans, elle continua ça marcha lente et gracieuse à travers la neige qui recouvrait le sol. Les glaçons pendaient au-dessus de la femelle, accrochée aux branches, les bourgeons commençaient à sortir de leur nid chaleureux. La jeune louve aimait particulièrement cette époque de l’année, tout reprenait vie et l’hibernation arrivait à son terme.

Peu de plantes poussaient auprès de sa demeure, elle était obligée de sortir de sa terre natale pour cueillir ses plantes médicinales. C’est ce qu’elle fit aujourd’hui. Prenant son courage, elle traversa la frontière qui laissait derrière elle le froid de sa vie pour traversait un monde plus chaud. Son pelage épais était idéal pour vivre dans les montagnes, seulement quand elle marchait sur les sentiers des autres régions, la chaleur restait présente entre chacun de ses poils la faisant transpirer. Elle resta tout de même impassible devant ce désagrément et partie à la conquête des fleurs sauvages.

C’est en humant l’air qu’elle reconnut la plante idéale qui lui manquait depuis plusieurs semaines. Elle suivait sa trace avec patience et délicatesse. Elle se retrouva dans une petite clairière à l’abri du soleil, la fraîcheur se faisait sentir et refroidi son corps brûlant. Elle approcha délicatement des plantes dont elle avait besoin et d’un geste doux, elle sectionna les tiges de chaque fleur.


Elle faisait plusieurs petits paquets dont elle connaissait le nombre et faisait attention à ce que toute soit de la même taille pour les porter plus facilement sans les faire tomber. Une odeur de canidé attira son attention, elle releva la tête par réflexe de ses origines. Derrière elle se trouva un mâle au pelage sombre et au regard azur, elle resta calme, aucun tremblement se faisait sentir sur sa peau, elle restait debout sans dire un mot. Elle retourna à ses occupations comme si personne n’était venu.

Mais qui es-tu ?

   

Le mâle arrêta ses gestes ridicules pour se tourner vers la guérisseuse. Il l’observer, sans vraiment s’approcher de la grise pour ne pas la déconcentrer. Vénus continuait ce qu’elle faisait, ne voulant pas perdre son comptage. Elle sentait la chaleur s’insinuait dans son pelage sans ressortir, bientôt, elle ne tiendrais plus et devra repartir sur sa terre de glace. Son pelage épais n’était pas compatible avec le reste du monde, elle pouvait vivre en toute sécurité à un seul endroit.

« Qui est-tu ? Que compte-tu faire de ces fleurs ? »

La voix grave et dénouée de sentiment du mâle traversa le silence pour se percuter contre les tympans de la vieille guérisseuse. Elle cessa sa cueillette et fit face au mâle sombre. Elle ne pensait pas qu’un jour, on lui poserait la question, le fait qu’on cueille des plantes était assez souvent signe de soin et par conséquent d’être guérisseur. Mais Vénus respira un bon coup et resta calme devant la question sans intérêt de son interlocuteur.

« Eh bien, je suis Vénus, guérisseuse de la terre du Nord. Je cueille des plantes pour mes futurs patients. Et vous, puis-je vous retourner la question ? »

Elle ne pensait pas qu’un jour, on lui poserait la question, le fait qu’on cueille des plantes était assez souvent signe de soin et par conséquent d’être guérisseur. Son corps restait impassible, son cœur aussi, elle n’avait pas peur et savait mordre elle aussi, il n’y avait par conséquent pas de gros risque. Sa voix gardait toujours sa douceur naturelle, une douceur maternelle qu’elle ne cesserait d’utiliser. Elle attendait patiemment la réponse du canidé au regard azur qui n’avait pas grand-chose dans la tête au premier regard.