« Lingering love breeds mistake. » || PV. Dastan

« lingering love breeds mistake. »

avec esha

Il avait beau se repasser en boucle ce qu'il venait de lui dire pour tenter de s'en convaincre, ça ne marchait pas. Le regard de ses camarades le dérangeait trop, il n'a jamais aimé être le centre de l'attention et ce n'est certainement pas du haut de ses quatre ans que ça va commencer. Un jour peut-être finira-t-il par se dire que ça ne sert à rien de s'inquiéter de gens à qui on adresse la parole tous les lunes rouges, mais ce n'est pas pour tout de suite. Il devait encore apprendre à faire des efforts. D'un rapide regard vers le ciel, il pouvait se rendre compte que son tour de garde n'était pas éternel et finirait par prendre fin : il pourrait enfin aller se coucher. Il tourna rapidement la tête pour observer les environs, peut-être un peu trop rapidement. Puisqu'une chose humide venait alors de s'écraser sur sa joue.

Contact. La panique ne fit qu'un tour dans le sang de Dastan. Le loup d'ébène se devait de prendre sur lui. Il devait apprendre à faire des efforts. Arrêter de lui faire du mal. Elle était spontanée, elle l'a toujours été et il ne voulait pas la voir changer. Mais dernièrement elle cherche un peu trop le contact au goût du noir. Chose qu'il n'a jamais apprécié, la moindre caresse le met dans tous ses états, alors imaginez une boule de poils qui vient se coller à lui ? Impossible. Il luttait avec lui-même pour ne pas bouger, ne pas la rejeter. Il prit alors la parole, avec une voix un peu plus pressée et paniquée que d'habitude.

« Parce que tu crois vraiment que je dirais ça à la légère ?
...
Mais Esha, j'ai une toute petite faveur à te demander. Je veux bien prendre sur moi et ne pas m'en aller bien que si je m'écoutais je n'aurais même pas pris la peine de parler. Mais me ferais-tu le plaisir de reprendre ta place initiale avant que je ne le fasse moi-même ? »

« Lingering love breeds mistake. »

PV. Dastan

Trop de joie. Trop d’entrain. Beaucoup trop. Elle n’avait pas même été capable de se souvenir que c’est cette attitude en particulière qui faisait fuir le loup qu’elle chérissait tant. Et comme une idiote, submergée par l’émotion, elle recommençait les erreurs de la veille. Dire qu’elle s’était dit qu’elle ne se laisserait plus avoir à ce jeu pour ne pas le mettre de nouveau mal à l’aise. Et pourtant. Pourtant, juste après avoir écrasé son museau sur sa joue, rien ne vint heurter son esprit. Du moins, rien tant qu’elle continua de déblatérer, aveugler par les nombreux sentiments qui irradiaient son être tout entier. Heureuse de pouvoir exprimer ce qu’elle ressentait, heureuse de pouvoir dévoiler une partie de ce qu’elle pensait de lui à Dastan, elle n’avait pas franchement fait attention. Et il avait fallu moins d’une seconde pour que l’irréparable soit de nouveau commis. La nature de la jeune reprenait le dessus malgré sa bonne volonté de départ de se tenir à l’écart de son compagnon de garde. Et si elle ne se rendait encore pas compte tant son regard était aveugle à ce moment donné, elle n’allait pas tarder à sentir l’amertume monter dans sa gorge et imprégner sa gueule entière. Pensant bien plus fortement aux mots prononcés qu’au geste effectué presque par mégarde, elle posa ses yeux mordorés brillants dans le regard qu’elle trouva troublé de l’autre Sentinelle. Et alors qu’il semblait souvent réfléchir à ce qu’il disait, alors que sa voix était presque toujours posée lorsqu’il ouvrait sa gueule, une sorte de panique étrange, de précipitation laissa un arrière-goût étrange dans l’arrière-pensée de la louve. Et elle ne réalisa franchement le geste qu’elle avait eu qu’au moment où le noir le lui en tint rigueur, lui demandant bêtement de reprendre sa place initiale. Écarquillant les yeux devant le peu de proximité qu’elle avait laissé au loup, la louve s’empressa de reculer de quelques pas.

Elle devait le laisser respirer. Plus que cela. Elle avait promis de ne plus le mettre mal à l’aise. Du moins, cet accord taciturne, elle l’avait passé avec elle-même. Elle souhaitait plus que tout préserver le lien si spécial qu’elle avait battit de ses pattes et de sa patience pendant des lunes et des lunes d’acharnement. Et pourtant. Et pourtant, il fallait toujours que tout aille de travers. Et une fois de plus, ce n’était pas franchement de la faute de Dastan, mais bel et bien de son penchant un peu trop tactile et un peu trop direct. Pour elle, ce geste était parfaitement anodin, elle échangeait ce genre de civilité avec ceux qu’elle avait en ami. Bon bien peu puisque le peu de loups qui acceptaient de la côtoyer plus que cela la rembarrait bien avant. Mais elle n’y voyait là qu’une démonstration simple et banale d’affection, un échange que des amis pouvaient avoir sans arrière-pensée… Mais voilà, tout le monde ne pensait pas nécessairement comme elle. Tout le monde n’acceptait pas aussi bien le contact qu’elle… Et Dastan le premier. Et elle le savait pertinemment. Elle le savait pour l’avoir fait fuir une paire de fois en agissant de la sorte. Alors pourquoi. Pourquoi est-ce qu’elle s’était de nouveau laissée grisée par les émotions et avait laissé ses vieux démons reprendre le dessus ? Il avait bien fait de lui faire remarquer à quel point elle avait été idiote de se comporter ainsi. Penaude, la louve se mit à regarder ses pattes, ne sachant plus vraiment où se mettre, une fois de plus. Et si elle continuait à agir ainsi, elle s’attirerait probablement des excuses de la part de Dastan, chose qu’elle ne voulait pas, n’étant pas le fautif dans l’histoire, il n’y avait aucune raison valable de le faire. Alors, pour prendre les devants et ne pas entendre ce qu’elle ne voulait pas entendre, elle articula avec un peu moins d’entrain et un peu plus de gêne et en reprenant l’activité primaire de garde à laquelle elle était conviée :

« Désolée… Je suis vraiment désolée… Je vais me tenir à l’écart maintenant, te laisser respirer… »

waize

« lingering love breeds mistake. »

avec esha

Dastan n'osait plus bouger, il s'était complètement figé dès que la jeune louve est entrée en contact avec son corps. Pourquoi tout ne pouvait pas se passer comme il le souhaitait. Pourquoi est-ce que les loups de son entourage étaient si tactiles... Et pourquoi ne l'était-il pas ? Il ne connaîtra certainement jamais l'origine de ce mal, et pourtant, il l'aiderait tellement à mieux comprendre. Il devait apprendre à se focaliser sur autre chose, il devait faire abstraction de ce petit élan de tendresse avant de sombrer complètement. Le loup d'ébène se leva donc, s'ébrouant rapidement pour chasser toutes les mauvaises ondes qui venaient de lui tomber sur la tête, il devait se concentrer sur autre chose.

Il avait peut-être parlé un peu trop précipitamment, mais la panique avait eu raison de lui. Pourtant, il avait déjà inconsciemment pris sur lui en ne prenant pas la poudre d'escampette. Il avait choisi la voix du dialogue pour changer. Le regard de la jeune louve était passé un éclat de joie, a quelque chose de presque terne. Elle s'en voulait ? Ce n'était absolument pas le but recherché de Dastan. Et voilà que ça recommençait à nouveau, il lui avait rendu sa joie de vivre avant de la perdre à nouveau. Était-il toxique à ce point pour elle ?

« Parce que tu crois que j'ai besoin que tu sois loin de moi pour respirer ? »

Il ne pouvait pas dire qu'il n'aimait pas la voir loin de lui. Il ne pouvait pas se permettre de le dire à voix haute. Il ne pouvait pas se permettre d'avouer une chose qu'il ne s'avouait pas à lui-même. Parce que finalement, la jeune louve était nécessaire à l'environnement du loup d'ébène.

« Lingering love breeds mistake. »

PV. Dastan

Encore une fois, elle gâchait tout. Du moins, sa spontanéité et son naturel venaient de tout gâcher. Il fallait toujours qu’elle se comporte de la sorte. Et Dastan n’était probablement pas le seul loup sujet à ses dérives. Elle ? Elle ne voyait tout simplement aucune barrière entre un geste ou un autre. Du moins, pas sur un geste qu’elle jugeait aussi minime que celui-ci. Après tout, il n’était pas rare d’observer ce genre de contact entre des loups et leurs progénitures, des frères et sœurs, dont elle n’avait malheureusement pas hérité ou même entre amis plutôt proches. N’était-ce pas ce qu’ils étaient tous les deux ? Du moins n’étaient-ce pas, comme ça que Dastan les considéraient tous les deux ? Parce que du côté de la noire, il n’y avait aucun doute là-dessus. Ils étaient bien amis. De bon gré ou de mal gré, le mâle avait attiré l’attention de la jeune et il était bien la seule véritable chose sur laquelle elle s’accrochait avec tant de hargne et de patience alors qu’elle lâchait si vite le morceau communément. M’enfin. Comme d’habitude, elle ne pouvait s’en vouloir qu’à elle. Chaque fois que les choses tournaient au vinaigre entre les deux, chaque fois que quelque chose semblait briser l’harmonie ambiante, c’était bel et bien parce qu’elle avait fauté. Il fallait toujours qu’elle gaffe, qu’elle fasse ce pas de travers qui la précipitait dans le fond de ce trou noir. Et il était parfois bien difficile de l’en ressortir. C’était parfois même impossible pour quiconque. Une fois que l’adolescente laissait parler son côté trop émotif, il n’y avait guère mieux à faire que de laisser l’eau couler sous les ponts pour que la source tarie disparaisse d’elle-même. Forte heureusement, coutumière de ce genre de bourde avec Dastan, elle n’en perdit, ce soir-là du moins, qu’une partie de l’éclat qui brillait normalement dans ses yeux et, en partie seulement, la voix dans des excuses pourtant sincères.

Et pour une fois, ce n’était pas le mâle qui fuyait le contact. Pour une fois, c’était elle qui avait fait l’effort de se retirer, non pas sans une complainte de la part de ce dernier, mais tout de même. Elle avait fait l’effort de remettre un peu de distance entre les deux. Et même l’effort de ne pas tenter de lui transmettre tout le malaise qui s’initiait de nouveau en elle après cet échange plus ou moins involontaire de sa part. Faisant mine de reprendre un peu le cours de leur garde, épiant les environs après s’être de nouveau campé bien droite sur ses appuis, comme pour avoir une meilleure vue. Et après ce petit tour d’horizon et ce même si elle avait senti du mouvement à son côté, elle reposa discrètement les yeux sur la silhouette du Sentinelle. Elle dénota alors que ce dernier, après l’effort fait, avait tout de même eut besoin de se relever pour retrouver un tant soit peu plus de confort. Qu’est-ce qu’on avait bien pu lui faire pour qu’il fuît le contact à ce point ? Ses parents n’avaient-ils jamais eu la moindre attention envers lui ? Ou bien était-ce un trop-plein d’attentions qui l’avait dégoûté sur ce point ? La jeune louve n’en savait fichtrement rien. D’abord parce qu’elle était née après lui et l’avait toujours connu ainsi. Et d’autre part parce qu’elle ne lui avait jamais posé la question. Et si en cet instant précis, cela l’aurait intéressé de savoir, peut-être pour davantage le comprendre, elle ne pipa mot et se contenta de décrocher de nouveau ses yeux du loup lorsqu’elle sentit ce dernier l’épier à son tour, fuyant ainsi comme une souris devant le chat qui la guette. Et le timbre de sa voix, qui sonnait si doux, résonna de nouveau dans les oreilles d’Esha. Et tentant de laisser la déception qu’elle ne se vouait qu’à elle seule de côté, elle posa de nouveau ses yeux dans ceux si bleus du loup, avant de retrouver, plutôt facilement, la force de causer de nouveau :

« Bah euh… C’est-à-dire… Enfin. Je devrais faire plus attention… Je sais pourtant très bien que tu n’aimes pas ce genre de… hum… contact ? Alors le mieux, pour que ça n’arrive pas j’veux dire, c’est peut-être que je me tienne un l’écart. L’air sera peut-être moins pollué comme ça, enfin plus pur. Enfin tu m’as comprise. Non ? »

waize

« lingering love breeds mistake. »

avec esha

Et s'il s'était rendu compte plus tôt qu'il ne lui suffisait que d'écouter les douces paroles de la louve d'ébène ? Il aurait certainement réalisé certaines choses un peu plus tôt. Il se serait peut-être rendu compte qu'elle était nécessaire à son bon fonctionnement, qu'il n'aimait pas la voir dans son état actuel. Il la préférait mille fois sautant de joie, quand bien même il devait supporter ce qui finirait peut-être par ressembler à une douce caresse finalement. Enfin, douce caresse... Ça aurait pu être le coup, une belle image à s'enregistrer lorsque ça lui arriverait. Mais jusqu'à maintenant, ça ne faisait que lui arriver en pleine tête le reversant presque. Heureusement qu'il était attaché à cette jeune louve, sinon elle ne ferait pas de vieux os.

Le loup d'ébène se rendit alors compte de l'espace l'éloignant de la jeune louve. Ce n'était pas tout à fait ce qu'il avait demandé. Son seul souhait était qu'elle cesse tout contact physique avec lui, non pas de s'éloigner comme si elle avait la peste et qu'elle ne souhaitait pas lui refiler ou inversement d'ailleurs. Ce n'était pas parce qu'il refusait tout contact qu'il souhaitait être loin d'elle. Et lorsqu'elle prononça ses quelques mots. Il en vit presque rouge. Avait-elle pris la peine de l'écouter, ou était-elle complètement dans sa bulle ? Pourquoi s'était-elle enfermée sur elle jusqu'à ne plus l'écouter. Dastan prit alors son courage à quatre pattes et s'avança à nouveau vers elle. Tentant tant bien que mal de capter son regard d'or avant de parler, peut-être un peu plus sèchement que ce qu'il avait prévu.

« Tu viens d'écouter ce que je viens de dire ? T'es loin de polluer mon air Esha. »

Il était trop tard. Il en avait trop dit.

« Lingering love breeds mistake. »

PV. Dastan

Et une fois n’est pas coutume, la jeune louve noire avait déblatéré son flot de paroles un poil trop vite. Pourquoi changer une telle habitude ? Une habitude si profondément ancrée dans un être. Bah oui, il ne faut pas s’imaginer qu’un moulin à paroles écoute forcément tout ce qui est dit. Ou du moins, il ne faut pas s’imaginer que tout ce qui sortira de ce dit moulin sera forcément en parfait accord avec les derniers mots donnés. Et c’est précisément ce qui venait de se produire. Alors qu’elle prenait souvent la peine d’au moins capter le sens global des mots avant de répondre, la belle louve avait décidé de « prendre les devants » et de tenter de s’excuser un peu plus platement. Se faisant, elle se déchargea un peu plus du stress qui avait fait monté la pression dans ses muscles, cogné un instant, seulement, le sang dans ses tempes, tant l’envie de ne pas décevoir cet être si spécial à ses yeux était présente. Et après avoir fermé sa gueule. Après avoir laissé s’éteindre le son de sa voix. Une fois les vibrations de ses cordes vocales totalement enterrées, elle se répéta les mots qu’elle avait captés comme émanant de la gueule de Dastan. Il n’avait pas besoin d’être loin d’elle pour respirer ? Mais encore ? Esha avait beau paraître un tantinet simplette par moment, elle n’en restait pas moins plutôt dotée niveau neurones, il fallait simplement qu’elle daigne réellement s’en servir avant de parler ou d’agir. Elle savait très bien que peu importe la distance entre deux êtres, il était difficile d’étouffer franchement l’autre. Enfin physiquement parlant. À moins de le vouloir vraiment et d’entraîner réellement des difficultés respiratoires, ce n’était techniquement pas possible d’empêcher qui que ce soit de respirer, que ce soit parce qu’on est à quelques mètres ou à quelques millimètres à peine.

Et si elle décida, quelque part, de résonner ainsi, pensant peut-être que Dastan ne voyait guère plus loin que le sens primaire de ces mots-là, c’est que quelque part, elle ne voulait peut-être pas entendre l’autre sens. Du moins, elle n’était peut-être pas prête à l’entendre dans un moment pareil de la gueule de celui-ci. Bah oui. Depuis le temps qu’elle le fréquentait, elle n’avait jamais ouï ne serait-ce qu’un écho de chose semblable. Non. La plupart du temps, il lui demandait bêtement de s’éloigner, il restait sur des échanges plutôt cordiaux et banales, rien qui ne vaille spécialement d’être relevé. Alors ? Alors peut-être qu’elle avait bien fait de repartir sur des excuses finalement. Peut-être qu’il n’avait pas franchement pensé à cet autre sens que pouvait porter ses mots, faisant finalement écho à un petit quelque chose qui aurait fini par se créer entre les deux. Et si du côté Esha, ça avait toujours été une évidence, elle ne souhaitait pas franchement goûter à un avant-goût de victoire dans un moment pareil. Et puis, au fond, elle espérait encore que cette étrange et pourtant si belle relation continuerait de fleurir et de perdurer pendant des lunes et des lunes, si ce n’est des saisons et des années. Si elle n’entrevoyait plus franchement le début platonique de leur échange, elle n’entrevoyait pas non plus de fin, du moins, rien qui ne soit franchement défini par des états d’âme, des limites ou même des mots qui devraient se dire. Et si le bourdonnement dans le crâne de la louve n’était qu’interne, elle aurait été capable de remercier Dastan de l’avoir fait taire en reprenant la parole. Pourtant, en la sortant ainsi de sa torpeur, elle ne s’imaginait pas qu’il allait faire planer un doute encore plus grand dans sa petite caboche qui, malgré le sermon qu’on lui passa, retrouva un peu d’éclat et de naturel. Prenant au moins une seconde ou deux pour analyser la situation cette fois et pour ne pas retomber à côté de la plaque, la louve dénota le rapprochement qu’il avait effectué, laissa son cerveau plonger un petit peu sur quoi dire pour finalement planter un regard tout brillant d’espoir et d’un je ne sais quoi dégoulinant sur le loup tout en ouvrant la gueule :

« Vraiment ? Tu me prends de cours, là. C’est que j’étais pas bien assise pour entendre ça. Tu veux dire que finalement, tu serais presque triste si j’arrêtai de te harceler ? Non pas que j’ai envie d’arrêter quoi que ce soit, si ce n’est les bourdes peut-être. Tu sais, moi aussi je t’aime bien Dastan, fin tu me diras, ce serait bizarre de s’entêter autant dans le cas contraire. »

waize

« lingering love breeds mistake. »

avec esha

Il aurait pu choisir un meilleur moment pour avouer une chose comme celle-ci. Le loup d'ébène avait l'impression de voir le ciel lui tomber sur la tête, et il se sentait complètement oppressé. Qu'est-ce qui lui avait prit ? Pourquoi s'était-il laissé emporter ? Une fois de plus, il se retrouvait là, complètement perdu. Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Avouer quelque chose comme ça, c'était loin d'être anodin. Ce n'était pas quelque chose qu'elle oublierait le lendemain et lui encore moins. Depuis quand s'était-il attaché à ce point à cette jeune louve ? Il n'en connaissait pas la réponse, elle qui le suivait comme son ombre depuis maintenant deux années, elle s'était bel et bien fait une place dans le cœur de pierre de Dastan.

La sentinelle releva la tête vers le ciel. Il commençait à se teinter des couleurs de son précieux soleil. Il pouvait rester là, observer ce spectacle jusqu'à ce que ces teintes orangées de la nuit disparaissent pour faire place au beau bleu azur qu'il aime tant. Bientôt, leur tour de garde prendrait fin et il continuerait certainement sa journée comme si de rien n'était avant de se coucher en même temps que l'astre de lumière complètement épuisé. Il baissa les yeux pour se reconcentrer sur la jeune louve, qui elle semblait avoir encore une fois changé d'état d'esprit, son regard était plus étincelant que jamais. Les mots qu'elle avait prononcés le heurtèrent de plein fouet. Je t'aime bien. Il n'écoutait plus vraiment, pourquoi lui avait-elle dit ça ? Il ne la comprenait pas décidément pas. Il ne comprenait pas comment s'attacher à un loup tel que lui. Le regard levé vers le ciel, il se contenta de marmonner quelques petits mots pour lui, mais on ne peut plus sincères.

« Tu vas finir par me rendre fou. »

« Lingering love breeds mistake. »

PV. Dastan

Et comme s’il n’y avait jamais rien quelques secondes auparavant, la louve déversa un flot de paroles sur un timbre tout à fait enjoué. Elle usa parfois de quelques pointes taquines, mais jamais rien de trop extravagant ou de clairement moqueur. Non. Elle était vraiment étonnée par l’annonce que son compagnon de garde venait de lui faire. Elle était étonnée par la tournure que prenait finalement ce tour de garde qu’elle avait accepté de prendre pour être auprès de lui. Et puis aussi parce qu’elle aimait veiller sur ses camarades et sur le camp la nuit, mais cela passait après les beaux yeux de Dastan. Et si la nuit n’avait pas été d’un calme olympien en ce qui concerne leurs échanges, ce n’était peut-être pas plus mal. Une fois de plus, ils étaient tous les deux passés d’un état à un autre, d’un extrême à un autre. Il faut croire qu’à chaque fois qu’ils se voyaient, c’était ainsi que cela devait se passer. Esha passait toujours de la joie enfantine à la gêne de l’avoir heurté dans ses faits, ses dits ou ses gestes. Dastan, lui, continuait de se comporter comme il l’avait toujours fait, enfin presque du moins. Depuis qu’il se connaissait, Esha avait pu noter quelques améliorations, du moins, quelques petites attentions dérisoires, apparaissant comme un rien pour certain, mais qui devait bien coûter cher à ce loup-là qu’elle commençait à connaître. Et encore ce soir, il avait fait un pas de plus vers elle. Une fois de plus, elle ne pouvait que se montrer pleinement heureuse et conquise par cela et ne pouvait que l’encourager à en faire davantage. Un jour viendrait où ils pourraient probablement se comporter comme deux vrais amis. Comme deux loups entretenant une belle amitié et qui pourrait échanger peut-être un peu plus qu’actuellement.

Elle serait, tout du moins, ravie, le jour où elle pourrait poser une patte sur lui sans qu’il ne finisse en tas de sable ou bien qu’il ne fuit à toutes pattes. Quoi que. Aujourd’hui, il lui avait simplement demandé de ne pas le faire, c’était déjà un pas en avant. Et la louve noire se devait de ne pas négliger ce genre d’avancée dans l’évolution positive du loup. Et quand sa gueule se referma en un sourire, son regard redevenu tendre ne quitta pas une seule seconde le loup noir. Et même si elle le faisait souvent et sans le moindre doute, ni même hésitation, Esha avait décidé d’encourager le geste de Dastan en se livrant aussi sur ce lien qu’elle entretenait. Elle s’était aussi attachée. Tout n’était pas exactement pareil qu’au premier jour, c’était certain. Elle ne le regardait plus franchement avec cette envie de se faire un ami, ni même d’aller vers plus grand et plus haut hiérarchiquement qu’elle. Elle ne cherchait plus non plus sa présence pour ne plus être seule. Non. Maintenant, quand elle venait le chercher, c’était parce qu’elle en avait besoin. Parce que ça lui faisait plaisir de le voir, d’échanger deux trois mots avec lui. Et voyant qu’un nouveau silence s’installait entre eux, la louve releva le museau dans un geste imitant parfaitement celui du noiraud, observant les premières lueurs au loin, signe que le soleil entamait bel et bien sa remontée. Bientôt, ils seraient relevés de leur fonction, ils auraient droit à un peu de repos, de répit, avant d’encaisser la journée qui suivrait. Et si les membres de la louve étaient tout engourdis par l’inactivité de cette garde très peu mouvementée en terme d’exercice physique, après ce qu’elle venait d’entendre de la gueule du noir, elle serait prête à affronter cette journée. Elle serait même prête à refaire des gardes de ce type-là toutes les nuits pourvu qu’il soit à ses côtés. Et après avoir entendu un petit quelque chose sortant de la gueule de Dastan et ne lui étant pas spécialement adressée, elle laissa couler ce sourire encore plus intensément sur ses babines, se gardant de dire quoi que ce soit, profitant simplement de la présence du loup à ses côtés, les yeux plongés sur l’horizon.

TO BE CONTINUED.

waize

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