Tôt, ce matin, je me levais de la tanière, je remarquais que Lava n’était plus là. J’approchais mon museau de l’endroit où il dormait. La place était froide, comme s’il n’avait jamais dormi ici cette nuit. Je sortais de l’antre, regardant à droite puis à gauche, rien. Je me dirigeais vers la tanière de son maître, je ne voyais personne. Je finissais par me dirigeait vers la pile de proies, prenais un lièvre dans la gueule. Je me plaçais dans un endroit à l’abri du soleil, et à l’écart des autres. Je voulais rester un peu seule pour mangeait mon repas. Croquant la chair qui était encore chaude, le cœur de la pauvre bête aurait pu battre sûrement quelques heures, voire quelques jours de plus si le chasseur n’était pas passé à ses côtés. Je pensais toujours à mon frère qui n’aimais pas vraiment la viande, contrairement à moi qui adorer la sensation de la chair dans ma gueule. Dans le fond, on était vraiment contraire, le parfait opposé, et pourtant, on s’entend si bien que cela en devient même effrayant. En même temps, mon propre frère, comme ma mère ne connaisse pas ce que je suis réellement. Personne ne m’a encore vu quand mon pouvoir se développe dans mon corps, enfin peut-être un ou deux, mais leur vie avait cessé de faire battre leur cœur. Cela était triste en effet, mais je devais continuer à le cacher, l’utiliser quand j’étais seule. Le voir comme une chose bénéfique, grâce à lui, j’étais en mesure de mieux protéger les miens. Assurer une protection digne de ce nom au sein des frontières. Même si le combat n’était pas ce que mon ancien mentor aimait, choisissant toujours la parole plutôt que la violence, je ne pense pas pouvoir agir comme elle. Il coulera en moi, me brûlant les organes pour que je morde mon adversaire.

L’odeur de mon frère me réveilla de mes pensées trouble, je relevais la tête le voyant au loin avec des plantes dans la gueule. Son choix, de devenir guérisseur lui allait comme un gant, c’était sa vocation, ce pourquoi il était né. Alors que dans un mois, je deviendrais, Delta sentinelle, mon frère sera encore en stade d’apprentis, perfectionnant son apprentissage pour devenir un maître dans l’art des plantes. Dans un sens, on était lié, comme tout le monde, je serais près de lui lors de mes soins. Je sais parfaitement, que cela lui ferait mal au cœur de me voir blesser, mais j’avais plus la carrure d’une combattante et rester assise à soigner les autres, chercher des plantes, ce n’était pas dans mon caractère, j’avais besoin de ressentir la vie, rebelle jusqu’à la fin.

Quand je le voyais ressortir de la tanière de son maître. Je me lançais à sa poursuite en marchant pour ne pas affoler les autres qui mangeaient tranquillement. Laissant ma proie derrière moi, j’avais encore le cou rouge du sang de la pauvre bête. D’un pas rapide, je le rattrapais assez vite alors qu’il commençait à sortir de la meute. Toujours sur nos terres, il s’arrêta ayant sûrement senti ma présence derrière lui.

« Eh bien, tu marches vite dis donc, mais je ne suis toujours pas loin de toi ! »

Il tourna la tête, dévoilant un magnifique sourire comme à chaque fois. J’aimais beaucoup mon frère, on était vraiment fusionnel tout les deux, beaucoup se posait des questions sur notre relation. Je laissais courir ces rumeurs, qui n’avais aucun intérêt à ce que je dépense la moindre énergie. À mon tour, je lui rendais son sourire, avec autant de douceur que le sien. Je m’approchais de son corps, posant ma patte sur sa tête comme quand on était petit.

Il était plus grand et plus fort, me planquant au sol après avoir enlevé ma patte de sa tête. J’aimais toujours autant mon frère, je voulais vivre à ses côtés tout le reste de ma vie, le voir me soigner quand je serais blessé, ce genre de chose. La vie était amusante, je voulais profiter de lui jusqu’à ce que le destin nous sépare. Tout pouvait arriver et surtout nos rangs nous séparait déjà beaucoup. Je le poussais à l’aide de mes pattes arrière, le faisant tomber sur le sol en me positionnant à mon tour au-dessus de lui. Je souriais et rigolais en même temps. Finissant par m’enlever et le laisser se relever, je ne cessais de le regarder avec beaucoup d’amusement.

« On marche un peu ? »

On était encore apprenti, mais pour plus très longtemps, enfin pour moi, pour les guérisseurs c’était différent.On était encore apprenti, mais pour plus très longtemps, enfin pour moi, pour les guérisseurs c’était différent. Sentinelle avait étais mon dernier choix, même si guerrière aurait était préférable par rapport à mon pouvoir, mais je voulais honorer la mémoire de Nyméria et pour cela, j’avais donné tout ce que j’avais durant les entraînements avec maman.

Je m’avançais, laissant mon frère me suivre, j’étais toujours fasciné par ses yeux vairons qui le représentaient bien. Il arrivait à me calmer, et surtout quand j’utilisais mon pouvoir, je perdais facilement le contrôle et je ne voulais blesser personne… Heureusement qu’il était là pour moi, la famille était toujours importante, et même en cas de danger il était là pour me sauver de moi-même.

Lava s’inquiétait toujours pour moi, je faisais de même pour lui, seulement, je n’aimais pas que mon frère s’inquiète, même si c’était normalement. Seulement, je ne voulais pas qu’il pense à moi, il avait bien plus de choses à penser. Mais cela me touchait toujours le cœur de le voir aussi attentionné. Je me collais contre son corps, j’aimais quand on était proche comme maintenant, honnêtement, cela me manquait beaucoup cette proximité. Certain se posait des questions sur nous, mais je ne les écoutais pas. Je voulais profiter de mon frère autant que possible, après tout, cela pouvait être le dernier. On ne pouvait pas savoir ce que l’avenir nous réservait. J’avais les muscles et mon frère la connaissance des plantes, c’était étrange, mais chaque canidé avait ses qualités. Je protégeais la meute et lui me protégeais en faisant en sorte que je puisse retourner me battre. Cela devait être dur pour lui, je ne pouvais que l’imaginer, mais rien ne me rendait plus heureuse que de protéger ma famille et la meute.

« Je ne trouvais plus le sommeil et je voulais m’entraîner un peu et toi ? »

Je lui donnais un petit coup d’épaule avec un sourire taquin. J’aimais l’embêter de temps en temps, cela gardait notre complicité au chaud. Enfin, c’était mon impression, je ne voulais pas qu’on perde notre lien étroit, je voulais le maintenir le plus longtemps possible. La famille était importante et je savais que je pouvais tout lui raconter, il était mon jardin secret, l’endroit dans le quel où j’exprimais tous mes secrets, qu’il soit triste ou joyeux. Seulement, il y avait une chose que je n’avais pu lui dire, c’étaient les victimes que j’avais faites pour développer mon pouvoir. Je ne voulais que personne ne sache ce que je cachais au fond de mon cœur, un démon. Un démon qui dormait jusqu’à ce dont mes cornes naissent.

Mon frère était toujours ponctuel, légèrement tête en l’air, mais cela en faisait son charme. Je lui souriais de tout mon cœur, jamais ces petites têtes à tête. Cela me faisait du bien de le voir de temps en temps, je me sentais moins seule. Il faisait tout ce qu'ont nous demandé, il aimait rendre service, même si cela nuisait à sa santé. Je n’aimais pas le voir aussi serviable, pas que je désirais qu’il devienne asocial, mais je voulais qu’il prenne soin de sa santé avant tout. Qui étais-je pour lui faire le moral ? J’étais pareil, je savais ce qu’il ressentait quand certains canidés ont besoin d’aide, on ne peut s’empêcher de courir auprès d’eux pour les secourir. On vit tous dans un danger constant, il nous suffisait juste d’être prudents, chose que l’on ne pensait pas toujours, et parfois bien trop tard.

Je donnais un coup de museau dans le pelage de mon frère, je voulais l’aider mentalement. C’était la seule chose que je pouvais faire pour lui, lui offrir un soutient moral. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était essentiel pour moi, même vital dans un sens. Il était mon sang, le seul frère que j’ai connu durant toute mon existence. Mais un jour, je retrouverais le reste de notre famille, pour revoir mère sourire.

« Ce soir, on mange un morceau de chevreuil ensemble ? »

Lava n’aimait pas vraiment la viande, mais moi, je détestais ses fruits. Les loups devaient se nourrir de chair animal pour rester en forme. Bientôt, je serais bien plus musclé que lui si cela continuait ainsi. Je devais l’aider à se passer de ses bais sans goût et pas suffisamment nutritive, pour qu’il vive longtemps.

Je connaissais parfaitement l’avis de mon frère sur les bêtes. Il voulait que tous vivent, mais c’était un cycle, un cycle que l’on ne pouvait contourner. Grâce à cette viande, je serais bien plus forte, plus énergique et j’honorais la mémoire de mes proies, parce qu’elle le méritait. Je n’aimais pas tuer, mais je le faisais pour survivre. Un jour, je mourrais à mon tour et je nourrirais ceux qui se délecteront de ma chair pour survivre à leur tour. C’était ainsi, pour rien au monde, je désirais changer de vie. Mon frère me proposa un rendez-vous pour notre repas. Un sourire se greffa sur mes babines, je ne disais rien de plus. Ne voulant pas entrer dans une polémique avec mon propre sang. Cela ne servait à rien de s’énerver pour de telles sottises. On était tout différent, mais il avait le droit d’être végétarien. Je l’aimais, peu importe ce qu’il était, il était toujours mon frère, mon cœur, mon sang. C’était ce qui me rendait la plus heureuse, de le savoir en bonne santé et respirer un jour de plus. Je le protégerais de toute les menace que le monde déversera sur sa route, je n’avais pas peur. Je serais le démon qui protégera mon frère.

« Tu as un truc à faire ? Ou alors on peut aller aux cascades... ? ».

J’inclinais la tête sur le côté en entendant mon frère me poser cette question, je ne m’y attendais pas vraiment. Je pensais marcher encore et encore, je n’avais pas de réel but aujourd’hui. Enfin, pas jusqu’à maintenant. A chaque fois que mon frère posait ce genre de question, c’était parce qu’il avait un truc en tête, une chose bien précise. N’étant plus une enfant, mais toujours aussi curieuse, je voulais savoir de quoi il s’agissait. Je le regardais, avec un regard rempli de malice et de provocation.

« Le dernier arrivé et un pigeon mouillé ! »

Je lui touchais la joue avec ma truffe et parti en courant vers la cascade de crystal pour arriver en première et me pavaner devant mon frère comme un paon. J’aimais bien le défier, j’aimais aussi gagner.

Je cours, encore et encore plus loin. Laissant le vent s’enfoncer à l’intérieur de mon pelage. Cette sensation de liberté était si agréable, j’aimais tellement courir, même sans aucun but précis, c’était juste une sensation agréable à avoir. Peu à peu mon frère me rattrapait, mais je venais de franchir la ligne d’arriver. Mon frère passa à mes côtés et sauta dans l’eau de la cascade. Mes yeux étaient devenus aussi ronds que ceux des chouettes, mes pattes se précipitèrent vers la cascade pour voir mon frère. Je n’apercevais rien, pas de bulle, rien du tout. Puis sa tête sortie de l’eau, il était fier de sa connerie. Un sourire traversa mes babines et je me reculais légèrement pour prendre de l’élan à mon tour. Mes pattes arrière touchèrent la pointe du rocher et je me propulsai dans les airs, retombant dans l’eau.

Retenant mon souffle, mon corps remonta à la surface pour reprendre une bouffée d’oxygène. Je crachais de l’eau sur le visage de Lava tout en le poussant avec mon museau. On était de vrai enfant. L’eau était claire, on pouvait voir nos deux corps nageaient pour ne pas couler au fond de l’eau. Ce serait une bien triste mort que de se noyer alors qu’on jouait, mais tout pouvait arriver.

« S’il faut aller dans l’eau pour venir avoir des soins, tu ne verras personne. »

J’aimais beaucoup le taquiner, ce n’était jamais méchant, cela nous vidait l’esprit et nous aidait à surmonter notre nouvelle vie d’adulte.

J’écoutais mon frère, il m’expliquait le lieu de sa tanière et j’observais l’endroit qu’il me montrait. C’était un endroit que je n’avais pas encore fréquenté, j’étais plus du côté de la frontière et là-bas, je connaissais tous les secrets. Ici, j’étais un peu perdu malgré que ce soit chez moi. On passait beaucoup de temps à s’amuser, et le temps passait relativement, vite. Je ne pouvais accompagner mon frère plus loin.

Vient-on sort. »

Me dirigeant vers la terre ferme, je sortais doucement de l’eau en secouant mon pelage. Je ne voulais pas attraper froid et la saison froide arrivait bien vite cette année. Je regardais les yeux de mon frère avant de plonger mon museau dans sa douce fourrure mouillé. Bientôt, nous ne serions plus de simples apprentis et ces derniers temps on nous demandé beaucoup de travail. Il fallait être fort mentalement, mais sa chaleur me manquait par moment. Sortant ma tête de sa pelisse, je souriais tendrement avant de prendre la parole.

« Tu pus le loup mouillé. »

Un rire sortit de ma gorge, me faisant presque mal au ventre, jamais beaucoup mon frère, je ne voulais pas le perdre. M’assoyant sur la terre, des gouttes s’écrasaient sur le sol, la terre absorbait cette eau qui ruisselait le long de nos corps pour abreuvait l’herbe qui poussait.

« Je dois y aller, on se revoit plus tard Lava ? »

J’inclinais la tête sur le côté, le travail n’attendait pas, on devait donner le meilleur de nous-même si on voulait réussir.