Aussi, loin, que je me souvienne, j’ai toujours vécu seul ou avec de la compagnie. Ma vie avait changé, mais peu importe ce qui arrivait, je finissais de la même manière. Seul. De doux moments, où l’on pouvait se poser des milliers de questions sans réponse. S’interroger sur l’avenir et le passé. Regretter nos erreurs et avancer. Un soupir de plus sort de mes poumons pour s’installer autour de moi. Un effort supplémentaire pour sentir la chaleur s’évaporer au creux de la nuit étoilé. Le monde était silencieux, respirant à travers chaque brin d’herbe, cherchant encore et encore la lumière des cieux caché par cet astre que l’on appelait lune.
Un pas après l’autre, j’avance. Pour aller où ? Je l’ignorais, mais j’aimais marcher, sentir les brindilles plier sous mon poids. Savourer la rosée qui s’installait dans l’antre de la nuit, tout semblait parfait, identique à un chef d’œuvre déposé au milieu de notre monde endormis.
La solitude, elle avait toujours fait parti de ma vie, bien trop souvent, mais je la sollicitais par moment. J’avais besoin d’entendre le vent souffler, les feuilles danser sous la puissance des rafales. C’était paisible, unique. Par moment je repensais à ceux que j’avais rencontrés. Je me demandais souvent ce qu’ils devenaient, puis cette idée s’enfuyait doucement du creux de mon esprit pour se réfugier autre part.
Assis, au bord d’une rivière, je contemplais mon reflet. Cette image de moi me faisait penser à mes enfants partis vivre leur vie. J’étais toujours ému, les voyant grandir, chasser dans mon esprit. C’était même trop parfait pour être réel.
Seul au milieu de la végétation, mon pelage était vite repérable, mais je n’avais pas peur. La peur était mon ennemie, je ne devais pas la laisser me consumer. Vivre jusqu’à mourir.