Je suis née en été. En fait, rapidement je me suis rendue compte de mon don. Guérir les loups en les soulageant mentalement. Une vocation venue très jeune. J'aimais aider.
J'ai grandi ainsi, entre mes cours pour aider et mes aides, justement. J'avais des amis, évidemment mais pas plus que ça.

Mon regard a depuis ma naissance surpris tout le monde sans exception. De tels yeux, c'est rare. Certains pensaient que c'était dangereux. Pour moi, c'est seulement la manifestation extérieur de l'Autre qui me bouffe peu à peu.

Âgée de 2 ans, j'ai rencontré ce mâle. Je tairai son nom jusqu'à la fin des temps. J'eus avec lui 3 merveilleux petits. Zia, la seule femelle semblait avoir hérité de mon pouvoir. Heji et Kayli étaient très calmes, presque trop. J'eus la grande chance de pouvoir m'en occuper, malgré mon titre de guérisseuse qui me prenait beaucoup de temps.

Kayli fut le premier à partir. Au cours d'une agonie brève mais affreuse, il me laissa le coeur en lambeau. Mon brave petit était mort à l'âge tendre d'un mois.

Le semaine suivante, l'Autre apparut. Tu apparut. Avec tes piques de glaces, qui essayaient de percer mon esprit pour prendre le contrôle. Vaillamment, j'ai lutté. Le départ prématuré de mon adorable Zia laissa la première faille.

Semblant avoir succombé à la même étrange maladie que son frère, ma fille partit bien trop tôt. Il ne me restait que mon dernier enfant, ce fils qui avait été le seul à vivre un peu. Et c'était malheureusement le plus faible, depuis même sa naissance, et l'espoir de sa survie, bien que tenace, était tout de même faible.

Tu continuais à me frapper, toi l'Autre dans ma tête. Plusieurs fois, je cédai.
Je n'en pouvais plus de te combattre. Je voyais comme dans un rêve ce que tu me faisais faire. Le nombre d'innocentes proies augmenta. Je crois que jamais la meute ne douta de ton existence. Parfois, un élan de colère te donnait porte ouverte et tu t'engouffrais dedans. Le plus souvent, j'arrive à te brider suffisamment longtemps pour atteindre la forêt ou un coin désert.

Heji fut le plus long à s'éteindre. Il avait presque 3 mois. Il commença par tousser, comme son frère et sa soeur. Puis par presque s'étouffer. Ses yeux pleuraient, ses muscles fondaient à vue d'oeil. Ses forces déclinaient. Jusqu'au jour où il ne put plus se relever. Où ses côtes furent trop lourdes à soulever.

Ce jour là tu fis le pire carnage dans ma tête. Je m'en relevai, comme toujours. Plus faible, mais plus déterminée à te combattre.

Je mis mon don du côté de l'espoir, appliquant comme un baume des images apaisantes aux blessés qu'on m'amenait. Si tu revenais à la charge, je parvenais parfois à te faire face sans flancher. Pour Zia, pour Kaily, pour Heji, je le devais.

Encore maintenant, tu me causes du soucis. 2 ans ou presque de cohabitation forcée, ça use. Mais je n'ai pas encore la corde apparente, tes dents faiblissent elles. J'ai bon espoir de te vaincre un jour.