La nuit venait de tomber. Mon pelage changeait pour laisser place aux ténèbres qui nous hantait. Cela finassait longtemps qu’on avait perdu notre maître. On ne la cherchait pas vraiment, mais l’on s’ennuyait sans elle, on devait l’admettre, personne n’était à sa hauteur. Hadès avait réussi à trouver quelqu’un qui avait accepté de nous soigner sans poser de question. Il avait dormi tout le reste de la journée, notre corps était rempli d’énergie et personne pour qu’on le dépense.

On vagabondait sans savoir où on allait, cherchant un jouet pour passer le temps. Cela finassait longtemps qu’on avait perdu notre maître. L’ennui m’envahissait. Tout était vide, sans intérêt. Le sable blanc coulissait sous nos pattes. La nuit risquait d’être longue. On ne cherchait qu’une seule chose, un jouet. Un jouet pour s’amuser.

Solitaire, on avançait dans l’obscurité tel un fantôme du passé. Sur ce vaste domaine, il y avait peu de chance de trouver quelqu’un à manger. Aucune proie à torturer, il n’y avait que le néant. Pourtant, on ne faisait pas demi-tour, je voulais avancer dans la noirceur de la nuit. Cela me rappeler quand on était petit et que l’on déambulait ainsi.

Dans l’ombre de la nuit, une silhouette se dessinait, il ou elle regardait le ciel. On s’approchait à pas de loup, doucement pour ne pas se faire prendre. Notre jouet était venu à nous, la chance nous souriait. Quelques mètres de plus, une odeur familière. On se redressa. Cette odeur qu’on avait jamais oubliée, celle qui nous avait brisé en mille morceaux était là, a quelques mètres de nous. Celle qui nous rabaissait sans scrupule et pour autant on retournait vers elle sans aucune honte, ou partiellement. On l’avait retrouvé après si longtemps. On l’avait reconnue.

Nos pulsions se faisaient plus grandes que part le passé, ce qu’elle nous avait toujours refusé nous hantait plus que jamais. Depuis qu’on, c’était quitté, on avait évolué, notre corps était devenu plus imposant, on devait être suffisamment puissant pour qu’elle admette notre force.

La folie s’insinuait dans notre regard vairon, notre bave dégoulinait sur le sable blanc, les crocs étaient sortis, des grognements s’échappaient de notre gorge pour se mêler au vent du désert. On ne cherchait plus à se cacher, elle savait qu’on était là, mais elle ne bougeait pas plus. Elle nous défier, et sa nous énervait. On se jeta sans aucun scrupule sur sa croupe, mais encore une fois, ce fut un brillant échec. Sa puissance était bien plus imposante que par le passé, bien qu’on s’entraînât dur avec mon frère, on n’arrivait toujours pas à la surpasser, enfin pour le moment.

« Quelle surprise, vous n’avez pas changé d’un poil maître. »

Depuis qu’on la connaissait, on avait appris à la vouvoyer, c’était une marque de respect pour nous-même si cela nous brûlait la gorge à chaque fois qu’on le disait.

Aussi loin que l’on se souvienne, elle était toujours présente dans nos pensées. La seule et l’unique, elle était rapide et puissante à la fois, on l’enviait, on enviait sa force destructrice. Jamais on était suffisamment fort pour elle, on était identique à des larves à ses yeux. On continuait toutefois à vouloir la dominer, mais il n’y avait rien à faire. On manger la poussière à chaque fois, ce n’était même pas manger, on se la prenait en pleine face, mais on se relevait à chaque fois plus fou que jamais. On ne saurait dire pour qu’elle raison, on voulait sentir sa force, qu’on était toujours derrière sa croupe à l’envier aussi intensément. Si parfaite, elle semblait inaccessible. Au moment où notre patte était à deux poils de l’atteindre, son regard améthyste nous rabaisser dans la fosse des enfers.

« Tu empestes la même faiblesse que par le passé. »

La seule réaction qu’on avait eue sur le moment de ses paroles était notre sourire habituel. On ne disait rien et la laisser faire. On ne pouvait jamais la toucher, mais pour sentir sa force on attendait qu’elle nous frappe. Elle était la seule qu’on autorisé, la seule qui pouvait nous blesser, la seule et l’unique. Son visage restait inexpressif, mais son cœur, lui trépignait de nous broyer les os jusqu’à ce que nos yeux deviennent blanc comme la neige de l’hiver. Même à ce stade, notre reste inchangé sur la louve, la folie reste présent en permanence, rien ne peut nous abattre, on a pas peur et elle le sait. Est-ce pour cette raison qu’elle prend tant de plaisir à nous anéantir ? On la cherchait, on titillait chaque parcelle de son cœur, de son corps pour qu’elle nous détruise. Notre bave continuait à couler le long de notre gueule jusqu’à sentir le sable blanc du désert. Il n’y avait que nous, mais la tension montait de plus en plus. Elle n’avait pas aimé notre entrée, à vrai dire, on le faisait à chaque fois qu’on la voyait.

« Toujours envie de la même chose ? Tu n'as fait que perdre ton temps à me chercher... Oh. Je vois. Tu n'as pas trouvé d'autre louve à ma hauteur, tu as même dû penser qu'aucune ne pouvait m'arriver à la hauteur de la patte. Et tu avais bien raison.»

Les nuages passés devant la lune qui continuait sa rotation. Des géants pour ce qui se trouvé au ras du sol. Les secondes s’était comme envolé après ses paroles, on pouvait sentir son souffle sur notre pelage sombre, elle était si délicieuse, si séduisante qu’on en frissonnait d’excitation. Ce plaisir ne dura que quelques secondes. Son corps se propulsa sur notre encolure. Ses crocs transpercèrent notre peau qui était devenue résistante à bien des épreuves, mais pas de la mâchoire de notre maître. Elle nous secoua comme si on était un vulgaire lapin. Elle connaissait l’anatomie des canidés, nos points les plus faibles même les plus inaccessibles. On s’avait qu’elle voulait atteindre un point en particulier, un endroit fatal pour nous, on était prêt à mourir, mais notre heure n’était pas encore arrivée, on pouvait le sentir. Encore beaucoup de choses devait nous arriver, notre histoire ne faisait que continuer.

Avant qu’elle ne puisse attraper ce qu’elle visait, on se dégagea de son emprise. Sa beauté nous donner de plus en plus envie de sentir sa chair, reniflée son odeur au plus près de sa peau. Lécher chaque partie de son corps jusqu’à la faire hurler de rage et sentir ses crocs pénétrer dans notre corps. Si enivrante, elle était éblouissante, si proche et si éloignée pourtant. On la désirait, la folie s’intensifiait de plus en plus. Avant qu’elle ne ressautât sur notre nuque, on s’appuya sur nos pattes arrière pour se propulser sur sa croupe et planter nos crocs dans la peau si tendre. On avait l’impression de ne faire plus qu’un. Son sang, ce sang qu’on n'avait pas goûté depuis des millénaires était enfin arrivés jusqu’à nos babines. On savourait ce moment qui était si bref. On cherchait à la faire basculer de notre côté pour la mettre à terre et lui prouver qu’on pouvait être à son niveau, elle qui se refusait à nous depuis si longtemps, on désirait l’acte de chair plus que tout au monde.

« Tu seras à nous un jour. »

Elle venait d’étendre son cou comme les girafes. Montrant ainsi sa supériorité, comme on le faisait avec tous les faibles que l’on rencontrait. Jamais on ne se soumettrait à cette femelle qui osait nous traiter d’incapable ! On était fort, mais elle l’était plus c’était notre seule différence. On la désirait plus que tout au monde, c’était devenu une fixation pour nous. Le roux comme le noir, nous, attirés par toute la cruauté qu’elle dégageait au fond d’elle. Rien ni personne ne nous empêchera d’atteindre notre but ultime. A cet instant, elle bondissait sur nous comme un louveteau sur un os trouver par terre. Poussant de toutes ses forces notre corps jusqu’à ce qu’il touche le sol. Ses crocs dans notre épaule, notre sang dégoulinaient sur le sable blanc du désert. Elle s’abreuvait de notre élixir divin, tout en se défoulant sur notre membre. Aucun son ne sortit de notre gueule, rien que le vent pour entendre nos pensées. On se débattait de son emprise pour lui en faire voir de toutes les couleurs, elle nous lâcha finalement au bout de quelques secondes, ou quelques minutes, le temps n’avait plus aucune importance sur le moment présent. Elle était là, en face de nous, appuyées contre notre corps et approcha sa gueule vers notre oreille.

« Tu es tellement pitoyable... Je parie que même dans tes rêves tu n'y parviens pas ! »

Sa voix était douce et cruelle à la fois. Notre corps tremblait légèrement de plaisir sous ce geste. Elle continua d’approcher ses crocs de notre visage, on ne faisait rien pour l’arrêter jusqu’à ce qu’elle mâchouille notre oreille comme si cela n’était qu’une vulgaire brindille. Ces paroles restèrent dans notre esprit et tournaient en boucle. Elle avait raison, dons nos rêves, on ne la battait pas, mais elle hurlait de plaisir. Un sourire fendit notre visage. On souriait de ce sourire psychopathe et pervers. On approcha notre visage du siens tout en faisant attention de ne pas perdre un morceau d’oreille.

« Dans nos rêves il y a bien plus que ce que tu peux imaginer princesse ! »

Mon frère riait intérieurement, on rêvait ensemble et en ce moment même, il pensait à elle, je le ressentais, son cœur battait en même temps que le mien, je pouvais tout ressentir. On lui donna un coup de patte au visage pour qu’elle nous lâche. Nos pattes arrièrent se replièrent pour passer au plus prêt de son ventre et la pousser violemment. On était enfin debout, à la même hauteur qu’elle. Plus jamais on accepterait les mots de faible ! Elle sera notre un jour et maudira ces propos.  

« Soumets-toi à moi. »

Nous eûmes seulement le temps d’entendre ses paroles avant qu’elle nous ligote la mâchoire. Elle l’avait fait dans un élan digne d’une déesse et la puissance d’un ours. Elle était bien plus spéciale à nos yeux qu’elle ne pouvait l’imaginer, notre esprit tordu prenait toujours le dessus et contrairement à mon frère je ne réfléchissais que peu devant l’action. Elle nous tenait comme si elle tenait un lapin entre les crocs qu’elle tuerait sans la moindre hésitation après des heures et des heures de torture, elle le ferait pour nous aussi, elle ne nous trouvait pas dignes d’être de la même race qu’elle on l’avait entendu plus d’une fois de sa gueule, mais on continuait toujours et encore à vouloir la désirait, car elle était celle qui nous fallait, la seule qui pouvait nous rassasier. Sans cet être remplis de méchanceté nous ne serions rien, elle donnait un sens à notre existence. Je m’enfouissais au plus profond de mes pensées, retrouvant mon frère qui souriait de toutes ses dents.

Nous sommes pathétiques dans cette position.
Je nous dégagerais mon frère.
Crois-tu vraiment que tu y arriveras ? Elle tien notre mâchoire, elle est en position de force et tu le sais. Je hais cette situation autant que toi, mais je peux sentir que cela t’excite en même temps, si l’on veut ce que l’on désire, soumettons-nous mon frère…

Je rouvris les yeux, mon frère avait raison même si cela m’étouffait de l’admettre, on baissait les oreilles de plus en plus bas, cela mettait du temps, mais on le faisait le cœur lourd. Des grognements s’échappaient de notre gorge et elle resserrait de plus en plus sa mâchoire, je sentais ses crocs pénétrer dans notre chair. Le silence prenait place entre nous deux, elle était si proche, son souffle parfumait notre pelage, sillonnant entre chacun de nos poils, des frissons de désir se faisait sentir sur notre corps. On ne pouvait plus rien dire, aucun mot ne pouvait sortir. Tout son poids était sur notre corps, la résistance que l’on tenait depuis tout ce temps finissait par se fissurer puis se réduisait en cendres. On se laissa tomber de tout notre poids, bien qu’on fût déjà à terre, on se sentait plus léger. On resta ainsi dans cette position de soumis qu’elle nous attribuait, on se sentait faible et pitoyable, mais un jour ou l’autre elle sera à nous et nous lui prouverons qu’elle avait tort de nous traiter ainsi.  

Notre maître lâcha notre museau, on sentait notre sang s’écouler le long de nos babines pour s’effondrer sur le sable blanc du désert. Elle resta dans la même position, on était fini. On avait plus la force de lutter contre elle, encore une fois elle venait de gagner cette bataille, mais on reviendrait un peu plus puissant que la dernière fois. On sentait son souffle sur notre oreille, allait-elle nous arracher une oreille ? On n'avait pas peur et ne chercherait en aucun cas à la repousser. Au final, elle aurait toujours eu raison, on ne vivait que pour elle, pour qu’elle nous rabaisse. Sans elle, on avait aucune raison de vivre, mais cela était notre secret, un secret que l’on gardait enfouit au fond de nous. Elle était notre raison de vivre.

« Maintenant que nous avons fixé les règles et que nous savons tous les deux qui commande, je vais pouvoir m'occuper de toi. »

Ça vois pénétrait au fond de nos tympans, ses paroles était extrêmement surprennent qu’on écarquillât les yeux. Jamais on ne l’avait senti aussi désireuse de quelques choses. Durant ces deux ans, jamais elle n’avait parlé avait autant d’envie et de froideur en même temps. Des frissons parcouraient tout notre corps, on se laissait enivré par son odeur et sa brutalité. Tout ce qu’on recherché était dans ce corps, cet être qui était tout proche de nous.

« J'accepte d'être à toi, pour une fois dans ta pauvre existence, si tu te soumets à ta maîtresse et quelque soit ceux qui se trouvent en face, tu n'es qu'à moi. Et tu le resteras. Suis-je bien claire ? »

Elle continua à divulguer ses paroles enchanteresses, tout en resserrant ses griffes qui s’enfoncèrent dans notre chair, on ne disait rien, on se contenter de mémoriser tout ce qu’elle disait. Cette nuit était celle que l’on garderait toute notre vie en mémoire. On continua à respirer et fermait les yeux devant notre maîtresse. Frémissant à chaque parole qu’elle lâchait sur notre visage. On ne pouvait s’empêcher de sourire un peu plus à chaque parole.


« Oh et j'oubliais, si tu décides de briser mon ordre, je n'aurais de cesse que de te retrouver et de t'arracher les yeux à coups de griffes, réduire ta carcasse en vulgaire tas de déchets que les rats se feront une joie de nettoyer de leurs dents immondes. Si tu touches à une autre femelle alors que ma marque est sur toi, tu ne connaîtras pas le prochain levé de soleil. »


Ces dernières paroles étaient brutales et assoiffées de sang, mais ce qu’elle disait était très clair. On comprit intérieurement qu’on avait réussi à obtenir ce que l’on désirait, mais seulement par chance et non parce qu’on la voulait elle. Cette nuit, sous les reflets de la lune, on était devenu ses esclaves, mon frère l’avait entendu et le sentait. Notre désir pour elle ne faisait que de croître, elle était à nous, mais cela voulait dire tout ce qu’on désirait faire à toutes les femelles que l’on croiserait ne serait, en aucun cas, physique. Si l’on tenait à la vie, on devait lui obéir.

« Bien maîtresse, nous obéirons au moindre de tes ordres. »

Tout en rabattant nos oreilles en arrière pour lui montrer notre dévouement, elle lâcha son emprise qu’elle avait depuis le début, on avait l’impression que cette position avait duré plusieurs heures alors que ce n’en était pas le cas. Enfin, debout, on inclina la tête et s’accroupissait devant la belle. Notre existence tenait toujours parce qu’elle le voulait bien, sinon nous serions déjà morts depuis longtemps. Cela nous faisait du mal de le faire, surtout pour moi, mais on avait plus le choix, on était plus maître de notre vie.