Aven commence sérieusement à me faire peur. A force de voler avec son aile mal au point, il va finir par véritablement se faire mal. Et je ne veux pas qu'on en arrive là. Pourtant, Aven semble vraiment aimer voler avec une aile à moitié cassée. Je sais qu'il a mal, et je parie qu'il sait que je le sais. Il doit savoir que la moindre douleur qu'il ressent se répercute dans mon corps tout comme l'inverse se fait. Il devrait le savoir depuis le temps. Je me souviens qu'il passait des heures à mes côtés sans voler une seule seconde quand j'étais dans mon nid de mousse à cause de maladie ou de blessure dues à l'apprentissage. Oui, j'étais une casse cou, mais je ne pense pas que ça a changé depuis. Je suis toujours la même louve associable et calculatrice. Cette louve qui observe les membres de sa meute sans pourtant les approcher et leur dire ce qu'ils font de mal. J'aime les observer galérer, enfin tous sauf Aven. Et le voir avec cette aile pendante lorsqu'il ne l'utilise pas m'attriste énormément. Le pire dans tout ça, c'est qu'il déteste que je le sente faible. De tout son être.

Alors je le prends entre mes crocs. Je saute à demi sur lui sans qu'il s'y attendre et l'emprisonne entre mes deux mâchoires. Juste avec assez de force pour qu'il ne bouge plus. Il essaye de me piquer avec son bec, mais même s'il y parvient, je m'en fiche. Je ne le lâcherai pas. Je sais que si je le fais, il s'enfuira à tire d'aile pour ne pas passer entre les pattes d'une guérisseuse. Je ne veux que son bien, donc je vais l'emmener voir Zenaïs. Il ne pourra pas y échapper.

Je me mets à marcher vers la tanière de la guérisseuse que je sais non loin de là. Aven arrête de battre de son aile quand il se rend bien compte que je ne le lâcherai aucunement. Il réfléchit, parfait. Je crois que ce n'est pas si souvent qu'il le fait, pourtant il a le cerveau pour y réfléchir et le savoir. Très rapidement j'arrive à l'entrée même de sa grotte et l'appelle d'une voix forte.

 

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