Peut de temps après l’attaque de Nanis, elle était partie voir la guérisseuse Valkyrie. Ses plaies, on était soigné avec douceur et elle était revenue juste après lui avoir rendu visite. J’avais eu l’impression que cela faisait une éternité, bien que mes voix en eussent rien à faire, Nanis était importante pour moi. Je me souvenais parfaitement du jour où je lavais retrouvé blesser et affolé, tellement affolé qu’elle ne m’avait pas reconnu sur le coup, elle nous grognait de toutes ses forces. On était resté près d’elle jusqu’à son réveil, on l’avait aidé à se relever et à marcher jusqu’à la meute. Pour finir elle avait décidé de rejoindre la guérisseuse seule, sans escorte. On avait attendu son retour à la frontière, assis sans manger la moindre nourriture. À la vue de la femelle, on avait commencé à se détendre et tout recommença comme avant. J’étais victime de mon rôle et allais souvent voir Nanis à sa tanière sans lui adresser la moindre parole, tout était redevenu comme avant. Toujours distant, sans âme, sans cœur.

J’avançais sans savoir où j’allais, peut-être à la recherche des coups, peut-être à la recherche de la paix intérieure. Je ne savais pas, pourtant le destin avait désiré que la parole ressorte de ma gorge, pour me confier à Nanis. Elle était là, toute proche de nous, pourtant on resta fixe, sans cligner des yeux. On l’observait, elle ne nous avait pas encore vus. On tenta avant qu’elle se retourne de partir, mais elle nous aborda en quelques secondes seulement. L’instinct maternel ? Le hasard ? Peu importe ce que c’était au final, elle nous avait grillées. Son regard me fit comprendre que je ne pourrais pas y échapper. Je ne saurais dire le temps que j’avais passé sans lui avoir parlé, même un bonjour. Mais cela me paressait si long. De mon regard émeraude, je me laissais submerger par son amour, si douce et si agréable, elle était ma seconde mère. Un sourire chaleureux vint fendre mon visage qui est d’habitude neutre. La seule qui arrivait à me rendre aussi heureux, j’aimerais qu’elle reste pour toujours à mes côtés, elle est mon frère.

J’inclinais la tête respectueusement devant la guérisseuse, elle venait de terminer sa converse avec un membre de la meute que je n’avais pas osé regarder. Je ne voulais pas savoir de qui il s’agissait, de toute manière peu ne m’avait pas battu, ils se comptaient sur les coussinets. Je gardais toujours mon regard sur la femelle qui se tenait en face de moi. J’aurais préféré rester tapis dans les ombres à l’observer de loin, comme mon soi-disant père. Mais elle arrivait toujours à arriver au moment où mon cœur avait besoin de retrouver un peu d’amour et de sentiment pour pas que je reste à jamais une machine.

Elle nous fixait dans les yeux, sans lâcher le regard. Intense et douce en même temps, je ne savais que dire à Nanis. Je n’étais pas fait pour vivre ainsi, elle se faisait souvent du souci à mon égard, et je regrettais cela. J’aurais préféré ne jamais exister pour lui éviter toute cette peine que je pouvais lire dans son regard. Elle qui était présente depuis ma naissance, je n’avais pas le droit de faire souffrir son cœur, pourtant, c’est ce que je faisais sans lui accorder l’ombre d’une parole. Les sentiments me quittaient de plus en plus je ne comprenais pas, pourtant ma mère biologique me disait que c’était grâce à l’amour que mon père arrivait à surmonter cette douleur qui était présente en permanence. Nanis, avait beau m’aimer, je n’arrivais pas a enlever cette cicatrice qui entait mon esprit perpétuellement perturbé par mes voix.

« Quelque chose ne va pas ? »

Je savais que je ne pouvais pas échapper à cette question, cette question qui revenait à chacune de nos rencontres, j’avais l’habitude, pourtant, je ne m’y faisais toujours pas. Je tentais de lui tourner le dos pour retourner dans les ténèbres de mon cœur, mais son regard me glaça le sang. J’en pouvais me défiler devant elle, je ne pouvais rien faire a par l’affronter. Au final, j’étais faible, tel un vulgaire insecte que l’on piétinait par plaisir de me voir souffrir.

« Tout va très bien. »

Je préférais rester distant et froid, elle ne devait plus s’attacher autant à moi. Cela était le seul moyen pour qu’elle soit en paix et moi aussi. Mon existence ne devait pas être faite de câlin et d’amour, juste de solitude. C’est ce que je pensais, et j’espérais avoir raison sur mes propos intimes. Mes voix n’était pas fait pour vivre dans cette meute, pourtant, je ne pouvais me résoudre de la quitter, j’étais l’une de ses racines, la raison de son bon fonctionnement, mon devoir était de rester, même si je devais rester seul jusqu’à la mort.

« Allez, on va dans ma tanière, on sera plus tranquilles et tu pourras tout me dire. Ça te va ? »

Je sentis sa queue se presser contre mon épaule, elle nous forçait à la rejoindre dans sa tanière. On ne pouvait pas lui tenir tête, elle avait se pouvoir sur nous, le même que celui des mères envers leur petit. Je n’avais pas le choix que de la suivre. On désirait devenir une ombre, devenir la seule chose qui nous permettait de vivre sans haine et sans peur de blesser. Mais elle était là pour nous apporter ce dont on désirait se séparer, elle nous offrait ce que l’on voulait rejeter loin de notre cœur, mais venant d’elle, on ne pouvait faire autre chose que d’accepter son amour et les sentiments qu’elle nous offrait.

On marchait près d’elle, mais suffisamment éloigné tout de même, on pouvait sentir les regards des autres passer un à un sur nos pelages respectifs. Je baissais la tête, cherchant à me faire oublier de toutes mes forces. J’aurais tellement préféré ne pas exister, mais j’étais là, sur cette terre et je ne pouvais rien y faire. Ma mère m’avait désiré de tout son cœur, j’étais son étoile et je devais respecter cette volonté.

On avançait vers la tanière de la guérisseuse, mais quelques mètres avant que l’on l’atteigne, mon corps s’arrêta et on ne bougea plus. Je sentais mes voix tourbillonnaient dans notre esprit, je les entendais au plus profond de mon être. Je ne voulais pas aller dans la tanière, je ne voulais pas. Je ressentais encore tous ses regards qui avaient pourtant disparu. La colère, la haine prenait place dans mon cœur, je n’en pouvais de ressentir autant de souffrance, je voulais que tout ceci cesse. Ne pas rentrer, ne pas rentrer ! Tu ne dois pas, nous ne sommes pas faibles ! Nous pouvons les vaincre !

Seul, je devais rester seul. Notre regard devenait de plus en pus menaçant. Je ne voulais pas qu’ils lui fassent du mal, je devais partir loin, vivre seul, rester cacher dans les ténèbres. Je n’avais pas le choix. Je m’excusais intérieurement auprès de mère qui devenait pleurer en ce moment même dans le ciel. Je ne devais pas exister, je ne devais pas rester, ne pas entrer dans la tanière. Je n’étais qu’un simple oméga qui désirait ne plus rien ressentir. Seules mes voix pouvaient m’aider à devenir ce que j’aurais dû être réellement depuis ma naissance. J’ai toujours été consolé, protégé par ceux qui m’aimer, me cachant ce que j’étais réellement, un monstre.

Je ne suis rien. On était rien. Juste des ombres dans un même et unique corps. Partir, partir loin sans se retourner et les observer en cachette. Oublier ce qui me rendait triste, devenir une pierre qui ne se ressentir plus rien, ni amour, ni douleur, je deviendrais un roc. Je refusais d’avancer, pourtant Nanis n'avait pas peur de nous, elle avançait à nos côtés, restait assise. Son souffle nous envirait, cela faisait partie des choses que l’on désirait oublier. Une bonne demi-heure passa, et elle était toujours là. Présente à tout moment elle était ma mère, mais je m’interdisais de l’appeler comme tel. Je recouvrais mes esprits, toujours perturbé par mes voix, mais cela me dérangeait moins, je relevais la tête. Yeux dans les yeux avec Nanis.

« Nous ne devons plus nous revoir Nanis, à chaque fois mes sentiments reviennent. Je ne dois plus rien ressentir, devenir une ombre, devenir un fantôme. »

Je baissais les yeux, je savais ce qu’elle penserait, que c’était sûrement de sa faute, mais ce n’était pas le cas. Le problème n’était pas elle, mais nous. Nous étions trop différents des autres, on ne devait pas restait auprès d’elle, beaucoup parlerons derrière son dos, puis ils la fixeront et se moqueront d’elle. Je ne voulais pas qu’elle endure tout ceci à cause de nous. Elle ne devait pas. Une vie bien meilleure l’attendait loin de nous. Mais nous serrons toujours là pour la sauver et la protéger. Elle aura toujours une place dans notre cœur, même si l’on décide de tout oublier.


On s’apprêtait à s’enfoncer dans la forêt, mais quelque chose nous retenait, nos pattes refusaient d’obéir. Je ne comprenais plus, mes voix refusaient que je me lève que je parte pour les laisser libre d’utiliser mon corps. J’en avais marre de les entendre, je ne pouvais plus les retenir. J’étais à bout. Leur voix était si puissante, leurs crocs et leur griffe transperçait mon esprit. J’écoutais comme sous le choc. Moi qui désirais partir, qui pensait que cela était la meilleure solution, je ne savais plus quoi penser. J’étais perdu entre la réalité et mes voix.

Attrapé comme u vulgaire bambin. Elle nous tirait de toutes ses forces, pourquoi on s’était arrêté ? Pourquoi ? On se rapprochait de plus en plus de la tanière, mais on ne faisait rien pour partir. On voulait attendre qu’elle nous lâche pour s’enfuir loi, loin de la meute et de tous ceux qui nous battait, vivre libre et paisiblement. Mais non, elle était là, là quand on désirait ne plus rien ressentir, là encore quand mes voix essaient de prendre possession de mon corps, elle est dans mon cœur comme dans mes pensées. Elle est ma mère et je n’arrive pas à l’oublier. Je devais partir, m’’isoler quelque temps, oublier les sentiments, mais elle était encore et toujours là pour m’en empêcher.

Devant l’issue, elle avait un regard noir, un regard de mère en colère, tel un louveteau, j’abaissais les oreilles, mais ne disait rien. Elle n’avait pas à savoir. Elle n'en devait pas découvrir ce qui se passer, mon changement. Mais si elle restait là, elle pourrait mourir, je pourrais la tuer alors que je l’aime vraiment de tout mon cœur, mais mes voix devenaient de plus en plus instables. Elle pourrait en être blessé ou pire…

Rien ne sortit de ma gueule, que le silence et rien que le silence. Sa queue battait fortement sur le sol, la poussière s’accumulait dessus, mais elle ne faisait rien pour l’enlever. Un moment ou un autre, elle nous laissera passer, on le savait. Elle finir par abandonner, nous, on avait tout notre temps, alors on resta assis à la fixer du regard. Sans rien dire, essayant d’oublier chaque sentiment qu’il pouvait exister dans notre cœur.

Elle resta immobile, sans rien dire non plus, il fallait juste attendre avant qu’elle ne baisse les pattes et nous laisse partir loin de tous sentiments.

Elle restait assise, le regard fixe, presque énervé, peut-être même qu’elle l’était. Mais cela ne nous impressionna pas du tout. On marcha doucement en direction de la femelle, les ombres se faisait plus intense, le regard plus froid et plus mystérieux, un sourire sadique sur les babines. On frôlait son pelage blanc neige, mélangeant nos regards. C’était intense, ils commençaient à sortir, à s’imposer à la femelle. J’essayais de les garder au fond de mon corps, mais c’était difficile. Ils devenaient plus puissants que moi, mon pouvoir évoluait sans moi, il s’intensifier mais je ne pouvais le contrôler. Je devais me faire une raison, j’étais un faible…

« Alors mère, n’en a tu pas marre d’être seule depuis si longtemps, nous pouvons t’apporter un peu de chaleur »

Un sourire sadique apparu sur notre visage, notre regard changea pour devenir bien plus menaçant. Plus pervers aussi. Je lui laissais une partie du contrôle de mon corps. Encore quelques minutes et il sera moi, il contrôlera tout. Je, ou plutôt nous, on s’approchait encore un peu plus de son corps, jusqu’à sentir nos souffles sur notre fourrure. C’était étrange, et on mon esprit trouvait cela répugnant, mais je voulais fuir, alors je laissais Diablo mener la danse. Je ne voulais plus rien ressentir, je devais devenir une pierre, devenir un spectre, pour cela je devais l’oublier, elle est mon frère. C’était triste, mais c’était ainsi.

Elle venait de prononcer son nom… Nos pupilles devenaient plus fines, bien plus menaçantes jusqu’à maintenant. Nehëmah essayait de se débattre dans notre esprit parce qu’il savait ce que l’on voulait faire. Les deux autres voix maintenaient son esprit et alors on avança encore plus de la louve avec délicatesse et férocité. Elle n’avait aucun droit de sortir ce nom, elle n’avait pas le droit de parler de notre mère ainsi, elle ne savait rien de nous, jamais elle n’avait cherché à nous connaître, nous comprendre. Elle qui avait une voix dans sa tête, elle devait mieux comprendre que quiconque, mais ce n’était pas le cas, elle nous fatiguait, elle n’était plus rien pour nous, elle ne l’avait même jamais était !

« Comment oses-tu prononcer le nom de notre mère ? Penses-tu en être digne ? Tu ne seras jamais comme elle, jamais tu ne comprendras ce que l’on fait. Tu a privé ton fils adoptif de sa véritable nature, tu ne lui à jamais montré le chemin. Tu n’es rien qu’une femelle qui se fait passer pour ce que tu n’es pas. Jamais tu ne seras celle qui le protégera, c’est nous sa famille, nous seul ! Où étais-tu quand les autres nous regardaient de travers ? Où étais-tu quand ils nous mordaient et nous faisaient souffrir pour les satisfaire ? Dit le nous ! »

On se déchaînait sur la blanche, à un tel point que même moi, Diablo laissait couler des larmes. Parce que c’était aussi ma vie, mon maître avait tant souffert, il nous cachait dans son esprit pour pas que l’on ressente la douleur, il ne voulait pas qu’on nous traite de monstre, mais au final cela était quand même arrivé. Alors, on lui murmurer des choses pour qu’il se défende, on le poussait dans les ténèbres pour qu’il devienne le monstre que tout le monde parlait. Mais elle, elle qui était censé, nous comprendre qu’avait-elle fait pour nous ?

Elle souffrait autant que nous, on le ressentait dans son regard qui était au bord des larmes, mais on ne devait pas avoir de pitié. Pas pour elle qui n’avait rien fait, elle nous avait trahis dès le moment où on avait levé la patte sur notre corps pour nous battre. Mais on était là, nous ses voix, sa famille, ses frères. Ses paroles étaient remplies de vide, elle parlait à lui et non a nous. Était-ce pour cette raison qu’on la détestait autant ? Parce qu’elle nous considérait comme de simple voix et non comme ses enfants… On faisait partie de Nehëmah, lui-même nous considérait comme des frères et non comme des boulets, même Fenrir avait fait la différence, mais elle… Elle était restée à observer la surface de l’eau sans se mouiller la truffe pour comprendre quoique ce soit.

« Si seulement tu étais moins aveugle… »

On l’observait sortir de la grotte sans rien dire de plus, c’était terminé. On avait plus de lien, plus rien qui nous rattachait à cette terre. On était seul, comme par le passé. On avait raison, personne ne pouvait nous comprendre, pour cette raison, on devait le garder à l’abri des autres, souffrir pour qu’il soit libre. Notre famille ne tenait plus qu’à un fil.

« Nehëmah, notre frère… Tu seras bientôt en sécurité dans un monde paisible. »

On sortit à notre tour, s’enfonçant dans la forêt pour nous dissimuler au regard de tous et devenir les ombres.