Le chieur est de retour. [PV Shlava] [FINIT]

Il faisait nuit. La lune éclairait de ses froids rayons la terre des loups. Elle était témoin silencieux de la souffrance de l'un de ces loups. Affublé d'une fourrure brune, il léchait consciencieusement ses plaies, s'appliquant à effacer le sang et à coller ses poils pour faire disparaître toutes les traces. Qu'elles disparaissent. Qu'elles disparaissent. Elles étaient une preuve de son statut et de ce qu'il considérait être une faiblesse.
La majorité des loups dormaient et les tensions de la journée s'apaisaient. Une paix amère envahissait les sens du loup oméga alors que l’humidité envahissait l'atmosphère, augmentant l'odeur fraîche de l'humus, de la terre et de la belle saison.
Il haleta légèrement en passant sa langue sur une plaie infectée qui lui fit mal. Alors à force d'habitude il ouvrit la gueule et mordit profondément l'endroit où il y avait la blessure, crevant l'abcès qui se vida alors, se mélangeant au sang. Il entreprit alors de nettoyer de nouveau la plaie à coups de langue.

La lune et la nuit étaient seules témoins de ses malheurs et de ses douleurs. Mais aussi de sa haine qui faisaient dangereusement trembler son corps et flamboyer ses yeux.
Un bruit le fit sursauter et il tourna vivement la tête sur la gauche pour apercevoir une petite silhouette blanche proche de lui. Pandémonium en avait marre d'être inattentif à son entourage. Ça lui donnait l'impression que le petit loup trouvait le moyen de se téléporter près de lui.

- Encore toi ! - cingla t-il - Que n'as tu pas compris dans : fiche moi la paix ! -

La nuit, faut dormir. Moi je dors pas. Dans la soirée, j'ai décidé que je voulais retourner voir le loup qu'on tape, Pandémonium. Il me rend triste a toujours être seul. Et quand il est pas seul, il se fait taper par l'autre. C'est triste. Parfois il saigne, beaucoup ! Comme aujourd'hui. Et pourtant il crie jamais. Ou presque. Peut-être qu'il sait pas avoir mal ?

Bon en tout cas je veux aller le voir. Quelques jours ont passés depuis que j'ai appris son nom, et que le grand m'a dit qu'il fallait pas lui parler parce que c'est un oméga. C'est triste ça aussi.

J'attends que Nana dorme. Et puis maman. J'attends encore un peu. Juste pour que leurs souffles soient apaisés. Après, je sors tout doucement en faisant attention à ce que mes griffes crissent pas sur la pierre. Faudrait pas réveiller les grands ! Tout d'un coup, je me demande si Pandémonium n'est pas en train de dormir lui aussi. Et puis je regarde dans sa direction, et nan, il dort pas, il fait sa toilette.

Je m'approche doucement. Je fais pas trop de bruit pour réveiller personne. Je crois que j'en fais tellement pas que j'ai fait peur à Pandémonium. C'est triste de faire peur à quelqu'un.

- Encore toi ? Que n'as tu pas compris dans : fiche moi la paix ?

J'ai presque envie de dire : tout. Mais c'est pas gentil. Je préfère m'asseoir calmement, pas trop près, pas trop loin, juste ce qu'il faut pour que je puisse lui parler sans qu'il ait peur (pour une raison que j'ignore). Je veux pas qu'il ait peur. Je réponds avec ma petite voix :

- Oui c'est encore moi, j'ai pas changé depuis avant hier. Enfin je crois. Et pourquoi tu veux être tout seul ? Et aussi, tu as dit que j'allais plus être tout blanc. Pourquoi t'as dit ça ? Tu crois que je vais devenir noir ? C'est beau noir, mais j'aime bien mes poils comme ça. Tu dis que je vais plus être blanc parce que j'ai des tâches, c'est ça ? Moi j'en vois pas, tu peux me dire où elles sont ?

Je me torts le cou, essayant une nouvelle fois de voir mon dos, et y'a pas tâches. Je laisse mes yeux revenir sur Pandémonium. J'attends qu'il me réponde. C'est bizarre, il saigne sur l'épaule. C'était pas là ça avant hier, nan ? Je me relève et m'approche encore avant qu'il parle.

- Et ça, pourquoi c'est là ?

Je fronce le nez. J'aime pas l'odeur du sang.

- Tu t'es fais mal comment ?

L'air nerveux du loup brun s'était un peu atténué, la nuit aidant car personne ne viendrait l'embêter. Il coula un regard torve vers le louveteau. Enfin, LES embêter. Il laissa le petit blablater à sa guise, surveillant malgré lui les alentours avec suspicion. Il faudrait qu'il pense à partir un peu de la meute pour se changer les esprits.
Il recule soudain la tête lorsque le louveteau s'approche et il plisse le museau. Ses boyaux se tordent tant sa nervosité revient rapidement et il souffle profondément par la gueule, grognant par la même occasion. Sa voix est sèche et grinçante quand il reprend la parole.

- Reste. Loin. De. Moi. - et il détache bien les mots pour qu'ils rentrent dans le crâne de l'impétueux louveteau - T'en a pas marre avec tes questions ? Pourquoi tu vas pas embêter quelqu'un d'autre hein ? Y en a plein qui rêveraient que tu leur adresse la parole ! - grommela l'irascible oméga en lui jetant un regard sombre.

Il connaissait la curiosité des petits. Il avait eu la même après tout. Puis Shlava n'était techniquement plus un inconnu puisqu'il s'était déjà une première fois imposé à lui. Mais Pandémonium demeurait nerveux et ses yeux n'arrêtaient pas de regarder autour de lui comme si un loup allait surgir à tout moment.

- Être seul ça me permet d'être tranquille sans que des louveteaux collants ne me suivent partout ! - grogna le loup brun - Et ouais, tu deviendras noir, ou gris, un jour. - ricana sombrement le prédateur.

Puis son regard s'assombrit alors qu'il jette un coup d'oeil à sa blessure.

- Tu demanderas à ta mère si tu veux des explications quand à toute cette histoire. - il lui lança un long regard suspicieux - Tu devrais pas dormir toi ? Vas donc te coucher et laisse moi un peu tranquille ! -

Pandémonium regarde tout autour de lui. Ça fait presque peur. Il a l'air d'être effrayé par le moindre coup de vent. Quand je m'approche pour voir de plus près sa blessure, il relève la tête et grogne. Je recule brusquement, appeuré.

- Reste loin de moi. T'en as pas marre avec tes questions ? Pourquoi tu vas pas embêter quelqu'un d'autre, hein ? Y'en a pleins qui rêveraient que tu leur adresse la parole !

Il me lance un sorte de regard noir qui me fait frissonner. Et puis juste après, il regarde à nouveau autour de lui, comme s'il avait commis une faute. Pourquoi il a toujours peur quand je lui parle ?

- Être seul, ça me permet d'être tranquille sans que des louveteaux collants ne me suivent partout ! Et ouais, tu deviendras noir ou gris un jour.

Noir ou gris ? Mais je veux pas ! Je veux rester blanc !

Pandémonium ricane - ça me donne un autre frisson. Y'a un nouveau regard sombre - il en donne beaucoup dis donc ! - et puis il jette un coup d'oeil vers la blessure que je regardais plus tôt. Il est bizarre ce grand, très contradictoire. Ses yeux retournent sur moi.

- Tu demanderas à ta mère si tu veux des explications quant à toute cette histoire. Tu devrais pas dormir toi ? Vas donc te coucher et laisse moi un peu tranquille !

Je cligne des yeux.

- Pour un grand qui dit ne pas aimer les questions, t'en pose beaucoup ! Mais bon c'est pas grave. Et j'aime bien parler c'est vrai. Et puis sinon... Bah je peux pas parler aux autres grands, ils dorment. Et puis toi t'es bizarre, alors c'est cool de te parler, parce que j'apprends pleins de trucs ! C'est maman qui dit ça aussi, qu'on apprend en essayant. Et pourquoi tu dis toujours que je vais être noir ? Tu veux pas m'expliquer ? C'est la nuit qui va tâcher mes poils ? Parce que c'est beau les grands noirs, mais les grands blancs ils sont plus rares, y'a que papa et maman je crois, alors c'est cool. Comme ça, quand nana et moi on sera grands, et bah y'aura quatre grands blancs. Ca sera cool ! Mais c'est pas possible si je deviens noir. T'en dis quoi ?

Je reprends mon souffle après ma longue tirade. Waouh, j'ai rarement parlé aussi longtemps sans pose !

Pandémonium se mit à hésiter entre une exaspération profonde et une irritation grandissante. Bien que malgré tout il comprenait l'innocence manifeste du petit, il ne pouvait pas s'empêcher d'être sec et mordant. Parce que tout était profondément enraciné en lui ainsi. Alors il jeta un regard torve au louveteau lorsqu'il eu finit sa tirade, le laissant pantelant. L'adulte ne fit que renifler dédaigneusement, faisant peu cas des états d'âme du petit quand à sa potentiel futur couleur sombre.

- Puisque tu es tellement adepte du 'c'est en essayant qu'on apprend', va essayer de réveiller les autres et fiche moi donc la paix ! - claqua Pandémonium, sa mâchoire produisant un bruit sec et sonore qui résonna peu après dans le silence.

Ses oreilles se couchèrent contre son crâne et il laissa ses yeux traîner vers les loups dormants. Certains remuèrent dans leur sommeil et il prit donc la décision de partir s'isoler en prévision du prochain levé de soleil. Avec sa blessure il n'avait pas envie de jouer les souffres douleurs aux loups en mode boule de nerf. Il se hissa sur ses pattes, secouant sa fourrure qui avait commencé à ce gonfler d'humidité. Sa blessure le lançait mais il l'ignorait plutôt bien. Tournant alors le dos à la crevette qui semblait plutôt décidé à devenir sa sangsue personnelle, Pandémonium lui jeta un vague regard par dessus son épaule, une brève lueur douloureuse brillant étrangement dans ses yeux verts.

- Vas te coucher. - grommela t-il alors - Si tu veux des réponses à tes questions tu les poseras à ta mère, moi je pars. -

Et sur ces paroles bien moins méchantes qu'il le souhaitait, le loup s'éloigna de la meute en boitillant, bien décidé à faire preuve d'absence pour les jours suivants.

Pandémonium renifle. Il est enrummé ? Maman dit que quand notre museau il coule, et qu'on renifle, ça veut dire que on doit aller chez un guérisseur. Maman dit que c'est important. Alors il va chez un guérisseur aussi non ?

Quand il reprend la parole, le grand bizarre, sa voix claque comme... le tonnerre.

- Puisque tu es tellement adepte du ''c'est en essayant qu'on apprend'', va essayer de réveiller les autres et fiche moi donc la paix !

Le grand couche ses oreilles en arrière, et puis il glisse sur ses pattes, fait un mouvement comme un étirement, grimace (son gros bobo à la patte doit lui faire mal) et puis me tourne le dos. Pendant un instant je me dis que il va partir comme ça, me laisser sans dire un mot. Mais non, il tourne la tête et claque à nouveau :

- Vas te coucher. Si tu veux des réponses à tes questions tu les poseras à ta mère, moi je pars.

Et puis après il commence à vraiment partir. Là, je me demande s'il faut que je le suive. Mais il est tard et maman doit se demander où je suis. Je veux pas qu'elle s'inquiète, et je veux pas qu'elle me gronde alors je regarde le dos de Pandémonium qui s'éloigne.

Je me hisse sur la pointe des pattes, tends le coup et crie de ma voix toute aiguë qui changera quand je grandirai :

- A demain Pandémonium !

Sujet: Re: Le chieur est de retour. [PV Shlava] [FINIT]

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