J'ai envie de me dégourdir les pattes. Cela me manque de pouvoir courir partout. Avant, je faisais la course avec Aven, et maintenant je fais la paresseuse. D'ailleurs, je marche tout droit, je ne sais même pas où je vais. Je m'amuse juste à suivre Aven. Il vole en m'observant. Il adore faire ça. Il adore que je le suive sans protester alors que je m'ennuie. Je pourrais aller dans sa vision, mais l'envie n'est pas là. Je préfère marcher, parce que la vision ne m'enlève aucune énergie. C'est bien malheureux puisque j'ai tendance à déborder d'énergie. En attendant, je parcours cette terre gelée en compagnie de mon piaf. Heureusement qu'il n'entends pas mes pensées, il déteste que je l'appelle ainsi. S'il pouvait le faire, je me serais déjà pris un coup de serre sur le museau. Et pas des moins violents. La violence fait partie de nous.  

Je continue de marcher jusqu'à sentir une odeur qui m'est inconnue. C'est celle d'un loup, j'en suis certaine. Pas loin en plus. Je pourrais le chasser peut être. Non, j'ai déjà assez chasser pour le moment. Et puis, j'ai appris à ne combattre que les intrus et les attaquants. Or, je suis plus l'intruse qu'autre chose en ce moment même. je soupire, parfois je suis une véritable idiote qui pense que la vie tourne autour de sa petite tête. Pourtant, il y a des règles à respecter. Et là, je vais faire ma gentille au vu du fait que je suis une intruse sur un territoire que je ne connais pas.

Je lève le bout de ma truffe et suis cette odeur. Aven se pose de lui même sur mon épaule. Je lui ai "appris" à se poser sur mon épaule quand je suis sur un territoire autre que le mien et qu'un autre loup inconnu rode autour de nous. Je n'aime pas le cacher. De plus, Aven me rend un peu plus imposante et plus dangereuse au vu de ceux qui ne me connaissent pas. Enfin, c'est que quand je n'ai pas envie de combattre. Alors que je veux combattre, je demande à Aven de se cacher sur une branche pour fondre sur la proie et lui transpercer les yeux.

Je commence à apercevoir un lac. Et a quelques pas de moi, une louve grise se déplace devant un rocher. Elle veut protéger un rocher ? Bon de toute façon, je me suis approchée avant même qu'elle me voit. Je m'assois d'ailleurs sans un mot et laisse Aven se poser sur le sol juste à côté de moi.


Je reste vague. Je ne suis pas une menace. Enfin, quand on ne me cherche pas.

De toute façon, on ne peut pas dire que je sois du genre à menacer. Je ne supporte pas ça. Enfin si... Mais ça dépend pour qui. Mais elle, cette louve juste sous mon museau, ne mérite pas mes menaces. Elle a l'air gentille et c'est moi l'intrus sur ce territoire pas elle. J'ai appris à être respectueuse, et j'ai promis de ne jamais commencé quand il y avait aucun raison et quand je suis en faute. Les choses qui ne servent pas ne sont pas à faire. Le mal n'est pas à faire quand l'origine n'est pas réelle.


Je vais répondre quand le sourire de la louve me coupe net dans mon élan. Garde le silence, il est plus puisant que les mots pouvant sortir de ta gueule. Surtout que t'as plus tendance à faire du mal qu'autre chose n'est-ce pas ? Je dois apprendre à choisir mes bons mots et à les peser. Sinon ça n'amènera qu'à la faillite, mais aussi au combat. Combat que je raffole. Mais c'est pas le moment. La louve observe Aven qui se tient toujours à côté de moi en silence. Si un de nous est un mystère pour les autres, c'est bien lui. Quoi de mieux qu'un muet pour être un mystère ?



Oh croyez-moi, il s'en fiche du sol froid. Ce corbeau est façonné par les ombres des glaces. Il a l'habitude de tout. Et avant on venait dans la neige pour se poser. Ce n'est plus un problème.

La femelle se rapproche dangereusement de moi. Non, elle n'est pas dangereuse, c'est juste étonnant qu'une louve s'approche délibérément de moi. La plupart du temps, elles m'évitent tout en sachant que j'amène les ennuies.


Je la regarde étonnée. Alors là, elle bat tout le monde en surprise. Même Aven pousse un croassement digne de la surprise donnée.

Alors on la suit. Sans mot. Je laisse mes pattes s'enfoncer dans ce sol froid alors qu'on avance d'un pas rapide. Aven se pose sur mon épaule alors que j'hésite à passer sur le lac. La femelle va sur le lac sans aucune difficulté. Un imbécile pourrait croire qu'elle marche sur l'eau. Pourtant, il aurait peut être raison, la glace n'est que de l'eau sous une forme différente. Et c'est pour cette raison que j'hésite à marcher dessus. Elle si la glace se fendait ou fondait sous mon poids et ma chaleur ? Je suis pas la louve la plus grosse de cette univers, mais je ne connais pas vraiment ce lieu. C'est alors qu'Aven saute de mon épaule. Il se pose sur la terre ferme. Il pose sa patte sur le lac. Et bondit ! D'un croassement, il se moque de moi tout en sautillant sur cette surface instable.


Je saute alors et bondit tout en rejoignant la louve guérisseuse. Je la rejoins très rapidement. Au bout d'un moment je prends la parole.

Je vois la jeune louve me sourire avec un sourire tendre. Bizarrement, elle n'est pas comme les autres. Quand elle sourit, ce n'est pas du'n sourire faux comme ils le feraient tous. C'est un véritable sourire. C'est étrange, je n'ai pas vraiment l'habitude de voir un si beau sourire. Les autre préfèrent me regarder avec haine pour ce que je suis. Pour mon pouvoir étrange et mystérieux. Pour mon caractère et notre envie de sang. Ils ne savent rien et ça les dérangent. Du coup, on ne me sourit jamais. Cela dit, je les comprends, mais cette louve, je ne la comprendrai jamais je crois. Elle est imprévisiblE. Elle veut peut être être mon amie ? Je ne sais pas. Vraiment pas. Je n'ai pas l'habitude de me poser ce genre de question. C'est si facile habituellement !


Mon instinct ? Disons que je fais plus confiance à celui d'Aven. Mais on peut toujours dire qu'Aven est une partie de moi non ? Parce que c'est ce qu'il est. Une partie de moi, et moi seule. Peut être qu'il est ma conscience, mon instinct, ma raison. Peut être qu'il est tout ce qui peut être extérieur. Je ne sais pas vraiment ce qu'il représente. Je ne sais pas ce que ce pouvoir peut représenter. Alors nous continuons à marcher sur la glace après ces mots. La femme tricolore peut être de bonne compagnie je dirais. Elle est plus gentille que les autres, et a un bon mental. Elle n'est pas idiote et sans coeur quoi. Elle n'est pas à la recherche du pouvoir, son silence et son environnement seuls lui conviennent. Je crois qu'elle est comme moi si j'ai visé juste. En fait, je ne sais pas vraiment. Je ne suis pas la plus douée pour lire à travers les gens. Je suis complètement nulle à vrai dire.


Peur ? Peur de l'inconnu, oui toujours, même si nous sommes les êtres le plus curieux, je ne peux m'empêcher d'avoir peur de ce que je ne connais pas. C'est plus fort que moi. Donc oui, j'ai peut être un peu peur ce cet endroit dont je ne connais rien. J'ai peut être un peu peur des dangers qui y rodent, quoi que ce n'est pas le plus important. Je ne suis pas une louve ayant peur du danger. Je cherche le danger à chaque seconde de mon existence.

Je sens Aven se déplacer sur mon épaule pour venir me pincer durement l’oreille avec son bec. Son maudit bec tout dur qui fait mal. Je retiens tout juste un gémissement de douleur alors qu’il revient à sa place précédente. Je tourne la tête vers lui pour le fusiller du regard alors qu’il m’observe de ses yeux pales, une dureté étrange dans les iris. Il m’engueule d’une connerie que j’aurais faite. Je plisse les yeux. Il serait devenu plus intelligent que je ne le suis ? Un oiseau plus intelligent qu’un canidé, du jamais vu. Il m’aurait alors volé toute l’intelligence qui m’était destinée... C’est un mystère que je ne peux résoudre, malheureusement pour moi. Au pire, tant pis, j’aime pas chercher des trucs qui ne sont pas le plus importants du monde.



J’ai de l’expérience… Si elle le pense vraiment… Je doute être la plus expérimentée. Je suis encore une petite louve si on me compare à elle. J’ai l’expérience d’une louve n’aime personne et qui préfère se cacher dans la forêt en compagnie de son compagnon le piaf peut être. Je sais pas vraiment en quoi je peux avoir de l’expérience, je suis étrange et différente des autres. Mais je la suis quand même. Je crois que j’aime bien la compagnie de cette louve que je viens à peine de rencontrer. Même si elle n’est pas de ma meute, je pense qu’elle peut devenir une amie. Alors je la suis, et je garde le silence. Je n’ai pas envie d’être la prochaine à parler.

Je suis une louve solitaire. Je vis dans le silence depuis que je suis petite, et prendre la parole n'est pas mon point fort. Alors je préfère me faire, écoutant ce qui m'entoure en plus des piaillements de mon cher Aven. Oui, des piaillements, et je dis ça tout en sachant parfaitement qu'il déteste ça. Je le connais si bien.

Je me fiche des craquements qui résonnent autour de moi, je crois que je fais confiance à cette louve au pelage étrange. Pourtant on ne peut pas dire que je confie ma confiance si souvent que ça. Je suis une louve qui préfère la solitude à la compagnie après tout, malgré les criantes de ma mère adoptive et de son envie d'une fille obéissante et sociable. Tout ce que je ne suis pas en fait. Maintenant elle s'y est faite, mais je ne suis pas comme la fille qu'elle aurait voulu avoir. Elle m'aime quand même de toute façon. Enfin je crois, oh et puis n'allez pas remettre en question l'amour d'une mère pour son enfant.


Que vais-je faire maintenant ? Me laisser porter par le destin, peut être. Je devrais retourner au camp pour faire un rapport. C'est ainsi qu'un espion fonctionne, il doit respecter ce que l'alpha veut. Malheureusement peut être.


Un croassement rieur se fait entendre de la part d'Aven. Je fais demi-tour après avoir fait un dernier signe de la tête à la louve, puis je repars en direction du camp.