Chasser ne me ferait pas de mal, j'ai envie de me dégourdir les pattes et c'est un très bon moyen de parvenir à ces fins. EN plus Aven n'attends que la chasse pour pouvoir voler. Il veut enfin pouvoir battre de ses ailes pour chasser une délicieuse proie qui l'attends. Il n'est pas encore guéri, il faut encore que je l'amène chez Zénaïs, et je n'ai pas choisi la manière de le faire. Je sais que mon frère se doute de quelque chose, mais il ne faut pas qu'il sache quand j'agirai, c'est pour cette raison que je ne le saurai qu'au dernier moment. Il sait tout ce que je veux faire dans la vie, il ne me connait que trop bien. Et je sais que je ne ferai que me trahir si je choisi un jour dès aujourd'hui. Du coup je lui indique la direction d'un coup de tête, signe que nous partons à la chasse. Il sait que je n'ai personne à voir aujourd'hui, et il connait par coeur mon expression de chasse. Il sait que lorsque j'ai le sourire aux lèvres c'est pour cette raison. Et je ne vais pas le lui cacher.  

J'entends les battements d'ailes de mon frère alors que je marche d'un pas rapide pour rejoindre un endroit de chasse. J'en ai repéré un il n'y a pas longtemps, et il est situé non loin du camp. C'est une sorte de clairière, et la dernière fois que j'y suis allée, il y avait une famille de lapins qui dormait directement sur l'herbe. Je ne pense pas qu'elle a dû bouger de là, elle doit être en train de guetter les prédateurs, mais une chose est sûre, la dernière fois je n'ai pas été vue. J'étais dans le bon sens du vent en plus, il n'y avait aucune raison pour qu'il ne me voit, ou me sente. Les buissons me cachaient, et je suis assez douée pour parvenir à me camoufler des autres. Surtout quand il s'agit du repérage pour la chasse bizarrement. C'est là où je suis la plus douée. Courir derrière les proies aussi à vrai dire. Et espionner.

Je suis au niveau de la clairière. Les proies sont juste là, juste sous mon museau. Encore quelques pas et je devrais pouvoir les courser sans qu'elles puissent me semer. Au moins l'une d'elle tout du moins. Je m'approche encore un peu avant de bondir au dessus du buisson et de commencer ma course vers la première proie que je vois. C'est la lapine. A l'aide de mes pattes arrières, je me propulse vers la lapine pour la rattraper petit à petit. Même si elle est partie rapidement elle ne m'aura pas. Les autres lapins courent dans la direction opposée, mais je m'en fiche. Une fois que je suis assez proche de la lapine, je l'attrape par la peau du cou, englobant sa nuque entre les machoires pour la briser sans même arrêter de courir.

Je ralentis, non en fait je me stoppe d'un coup, lâchant ma proie pendant mon arrêt. Elle atterrit sur le sol en un boum sonore, avant de se tourner pour finir sa chute un peu plus loin. Je la suis quelques instants avant de l'attraper et de l'enterrer sans plus de cérémonies. La douce odeur du sang me parvient alors que je vois du coin de l'oeil Aven poursuivre un autre lapin qui s'enfuit de plus en plus loin. Je lèche mes babines de sorte à enlever le sang qui dégouline au goutte à goutte, tombant au sol sans aucun bruit. J'observe deux secondes la tache qui se forme avant de secouer la tête pour que les gouttes sur mon pelage giclent dans tous les sens, en dehors de mon pelage.

Aven croasse d'un seul coup, revenant avec des battements d'ailes rapides. Il fond dans ma direction avant de se stopper, d'aller sur mon épaule et de me regarder avec un air désolé. Il n'a pas eu la proie, et il me demande pardon. Je me hoche la tête et continue d'avance, abandonnant la proie sous terre.

Je continue d'avancer sans un bruit. J'observe de droite à gauche pour observer si je vois la moindre proie dans les environs, pour le moment, il n'y en a aucune. Je suis seule avec Aven qui enfonce ses serres dans ma peau. Je ne ressens rien, mais qui devrait me faire mal, si je n'étais pas habituée. Je crois que du sang coule le long de mon épaule, mais ce n'est qu'une blessure artificielle, rien de bien important, mais cela doit dépendre de si elle est vraie ou non. Peut être que je me fais des idées à cause de l'habitude, je n'en sais rien. Non, le sang coule bel et bien, je le vois comme un éclat rouge sur mon pelage.

Mon attention retombe sur la forêt. Une famille de sanglier y repose, allongée dans l'herbe pour profiter de quelques rayons de soleil. Grave erreur. Je fais un signe à Aven pour qu'il s'envole pour ne pas me déranger, ce qu'il fait sans attendre. Je m'approche de la famille, et sans un mot, saute sur le plus grand pour l'égorger alors que les autres fuient sans attendre.

Nous sommes trois jours plus tard. Je reviens sur le même territoire que j'ai refoulé pour attraper les trois dernières proies. Une proie par jour, c'est le minimum de ce que je veux faire, et en plus, j'ai eu du travail à faire entre temps. je ne pouvais pas venir chasser plus tot. Le monde de l'espionnage avait besoin de mon aide pour traquer un loup sauvage s'étant trop approché de notre territoire. Il était aller près de l'une de nos frontières, et j'ai du le chercher dans les terres de l'Ouest. Une bonne petite chasse qui m'a vraiment plu. Elle était intéressante. Les sentinelles ont du s'occuper du loup après que j'ai rendu mon rapport. Je crois qu'ils sont partis hier pour s'en occuper, je ne suis pas encore allée voir l'alpha pour avoir des nouvelles. Quoi qu'il en soit, maintenant je chasse, et je vais laisser Aven chasser la première proie pour qu'il puisse se dégourdir les ailes au lieu de me regarder avec son regard de louveteau battu.

Je le vois d'ailleurs qui part sur la droite, surement qu'il a du voir un animal d'en haut. J'observe son vol qui disparait derrière les arbres aux grands feuillages. Très rapidement, il réapparait avec une chouette dans le bec, une chouette qui a du dormir sur une branche, vulnérable surtout avec Aven. Elle a le cou brisé, et du sang coule le long du bec d'Aven. Il est doué ce petit aujourd'hui.

Je l'attrape quand Aven me le tend, comme à chaque fois. La chouette n'est qu'un poids mort qui emporte Aven vers le bas dans son vol. Autant lui retirer ce fardeau qui ne peut pas me déranger. Je la pose avec précaution sur mon dos, en un équilibre précaire. Elle risque de tomber, mais je pense qu'elle ne devrait pas le faire si je marche en un pas rapide et sans trop de secousses. Ce que je fais sans attendre, Aven continuant son vole en hauteur. Je l'observe quelques secondes avant d'accélérer le pas. Rapidement, Aven croasse en un signal que nous nous donnons. Il a trouvé des proies qu'il ne pourra pas chasser tout seul. Je dois l'aider, nous devons être de parfaits compagnons de chasse pour cette fois-ci. C'ets surement le signe qu'il y en a deux, ou alors que la proie est bien trop grosse pour lui.

Je le suis silencieusement avant d'assister à un spectacle rare en cette période. Une biche est allongée dans l'herbe, en proie à l'épreuve la plus dure de sa vie. Une naissance. Le petit se survivra pas dans ce froid, et je doute que la biche vive après l'épuisement d'une naissance dans cette environnement. Autant la laisser mourir, ou la faire mourir. Je la libérerai de la vie, elle devrait en être contente. Je m'approche lentement d'eux, sans pour autant être silencieuse. La biche lève la tête et me voit en une expression de terreur. Leur mort est rapide, le faon n'est qu'un corps mort né de toute façon. la biche finit avec la gorge tranchée, une flaque de sang autour d'elle.

J'observe le résultat de cette chasse. La biche bouge encore quelques instants, m'observant en une accusation profonde. Elle m'en veut de l'avoir sauvée ? Au lieu d'avoir eu une morte lente, elle en a eu une rapide, elle devrait me remercier. Mais je vois que les autres loups ne savent pas ce qu'est le sauvetage dans la vie. Je l'assassine du regard, alors que les dernières lueurs de vie dans son regard s'échappent pour rejoindre les cieux avec l'âme qu'elles accompagnent. Le faon a côté a les yeux fermés, comme ils le sont depuis le début, je ne lui ai rien fait, il est mort tout seul, sans avoir vu les lumières du jour. Il restera ignorant, mais il rejoindra sa mère auprès de Rakuen.

Je les quitte après avoir transporté leurs corps en les tirant en dessus d'un arbre, là où je mets également la chouette. Elle repose sur eux, sans un bruit. Un bien mauvais spectacle. Aven est sur un arbre, pas très loin de moi, quand j'entends un croassement qu'il ne lui appartient pas. Je me retourne sans attendre pour voir un autre corbeau lui fondre dessus. Aven lui envoie les serres dans le ventre, l'entrainant dans une chute fatale pour le petit oiseau noir. J'observe mon ami l'achever, nous rajoutant une proie à notre compte.

Je reviens sur les lieux après quelques jours de repos, sans chasse pour me défouler. Je me suis contentée de montrer quelques trucs aux apprentis qui en avaient besoin. Quand je les vois chasser, je me demande vraiment comment ils font pour attraper des proies. Ils ne sont même pas capable de lever la queue de sorte à ce qu'elle ne fouette pas le sol pour ne pas que les feuilles ne s'envolent en une douce plainte. Ils sont vraiment pas doués, je ne sais pas qui leur apprend la chasse, mais ce doit être un débutant. Même moi, l'espionne, je suis plus douée qu'eux. On doit commencer à se poser des questions sur la meute je crois, parce qu'il y a réellement un problème.

J'avance d'un pas lent, alors que j'entends une plainte dans le lointain. Une proie qui a du tomber dans l'un des nombreux trous. Je souris, et me dirige vers cette plainte, rencontrant rapidement la truffe d'un cochon. Tiens, ils sont rares dans le coin, ils doivent préférer le calme un peu plus loin sur les terres. Peut être qu'il s'est perdu, et qu'il s'est trompé de chemin. Bon, je ne vais pas m'en plaindre, vu qu'il s'est cassé la patte, je le libère plus qu'autre chose. Je l'achève d'un coup de crocs bien passé, faisant gicler son sang dans ma gueule.

Je me retourne vivement quand un bruit de pas me parvient, mais je n'ai le temps que de voir le faon qui s'échappe à grande allure.

Je retourne à mon cochon, l'attrapant par la peau du cou pour le tirer hors du trou dans lequel il est tombé. J'arrive difficilement à le trainer un peu plus loin, laissant derrière ce corps gras, un trace de terre aplatie. Je le pose contre un arbre, presque comme si l'animal dormait contre ce tronc de chêne. Je ne sais pas pour quelle raison je le mets ainsi, mais il est trop tard pour se poser la question.

Je vais derrière le tronc pour continuer ma recherche sur les proies. Peut être que je recroiserai le faon que j'arriverai à attraper, qui sait. Je vais derrière un buisson pour commencer cette nouvelle recherche, une oreille vers le ciel pour écouter le moindre son. C'est là que j'entends ce petit animal sauter non loin de là, de rocher en rocher vu le bruit que je peux distinguer. Je me dirige vers celui ci, pour apercevoir le faon sauter de rocher en rocher comme dans un jeu. Je me dirige vers lui, n'hésitant pas à aller dans l'eau pour être derrière lui. Il me voit quand je suis à un mètre de lui, mais ce n'est pas suffisant pour qu'il puisse s'échapper. Il est trop tard. Je bondis, créant de multiples gouttelettes et viens lui briser la nuque.

Je monte sur le rocher sur lequel se tenait le faon, posant ce dernier à mes pattes. Je regarde quelques temps son corps frêle, me haissant de l'avoir tué. Après tout, il méritait de vivre une belle vie avant de mourir. Après, je ne sais pas s'il aurait survécu tout seul, de toute façon. Je ne sais pas ce qu'il faisait loin de sa mère, peut être qu'elle a été tuée par un autre loup, je ne sais pas vraiment. Quoi qu'il en soit, il est trop tard pour changer les choses, je ne peux pas faire revivre le petit faon, il est mort, tout seul. Il a décidé de sa mort en passant sous mes yeux, il n'aurait pas dû. Peut être qu'il a rejoint sa mère. Tant mieux pour lui, dans ce cas là.

Je laisse mon regard se décaler vers l'eau où nagent divers poissons de toutes les couleurs. Je me prépare à gober l'un d'entre eux pour le sortir de l'eau, ce qui se passe plus rapidement que je ne le pensais. J'attrape un saumon qui saute dans le cours d'eau, sans qu'il puisse comprendre.