Je dois toujours faire la même chose. Une répétition. Un devoir. Un tas à remplir. Encore. Une tâche. Encore. A faire. Encore. Elle me plait. Etonnant. J'aime chasser. Sentir la proie. Le sang. La poursuivre. la tuer. J'aime. J'aime tellement. Ecouter la proie. La poursuivre. Faire d'elle un cadavre. Un sacrifice. Encore. J'aime. Entendre les chuchotements. Encore les bruits. Ceux des proies. Elles entendent. Elles écoutent. Elles savent. Elles savent tout. Elles sont omniprésentes. Elles connaissent tout. Tous les dangers. Tous les biens. Tous les maux. On ne peut rien leur cacher. Impossible. Impensable. Elles savent. Personne ne peut les berner. Les troper. Leur mentir. Elles savent. Pour moi. Pour les autres. Pour les meurtres. Pour les guérisons. Pour les dieux. Pour la mort. Elles en savent bien plus que nous. Nous ne sont rien. Que des faibles. On ne sait rien. Et jamais. Jamais. On ne saura.

Mes pattes s'enfoncent dans le sol. Mes griffes s'enfoncent dans le sol. Des marques se créées. Elles sont là. Juste derrière moi. Elles montrent le chemin. Elles me trahissent. Elles trahissent ma présence. Elles montrent tout. Elles dévoilent. Elles ne sont que traitrise. Normal. Il est normal. Elles sont là. Mon poids, c'est lui qui les créées. Mes pattes. Elles aussi. Mon corps. Qui marche. Qui avance. Qui accélère. Qui ralenti. Tout est de sa faute. Le corps trahit tout. Même les autres. Je le sais. Personne n'est à l'abri. Aucun. Loup. Sur . Cette. Terre. Nous sommes faibleS. Nous sommes utilisés. Nous sommes manipulés. Nous ne controlons rien. Personne. Aucun. Même les chefs. Les meutes, fruit de Rakuen. Le fruit des divinités. Le fruit de leur imagination. Le fruit de leurs besoins.

Je ne connais rien. Au meute. A la vie en groupe. Je détruis. Je ne réunis pas. Je détruis. Encore. Et encore. Qui voudrait de moi ? D'un loup mort. Mort-né. D'un zombie. D'un loup qui doit tuer. Qui doit faire des sacrifices. Qui voudrait être mon sacrifice ? Je n'en sais rien. Personne. Sauf les vieux. Mon père. Je crois qu'il l'était. Vieux. Aussi vieux que le monde. Vieux. Avec tous les savoirs. Vieux. Avec ma mère. Vieille. Elle aussi. Tous. Tous vieux. Leur âge ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'ai jamais su. Ils étaient mes sacrifices. Ils étaient mes géniteurs. Rien d'autre. Rien de plus. Ils ne sont plus rien. Juste des souvenirs. Des pensées. Des images. Des sons. Des murmures. Une folie. La folie des murmures. La folie du passé. La folie du commencement.

Je sais. Je sais qu'elle est là. La proie. Je la sens. Je peux l'observer. Là. Juste là. Devant moi. Devant mon museau. Un rat. Je le reconnais. Un rat. Je l'attrape. Entre mes crocs. Je l'attrape. Je serre. Je tue. Un rat.

Je le lâche. Le cadavre. Du sang coule de ma gueule. Son sang. Celui du cadavre. Il tombe au sol. Le cadavre. Dans un bruit sourd. Je l'abandonne. Le cadavre. Je le récupérerai plus tard. Le cadavre. Un animal. Mort. Par ma faute. Pour mes besoins. Pour mon ventre qui demande de la nourriture. Pour lui. Je fais tout pour lui. Pour le satisfaire. Un rat. Un rat ne suffit pas. Il faut d'autre. D'autres animaux. Continue. Il faut continuer.

Je marche. Vers une proie. Peut être. Je le sens. Peut être un faon fébrile. Faible. Comme ma sœur. Peut être un hérisson. Non. Pas un hérisson. Trop de danger. Trop de mal. Moins dangereux. Pour moi. Pour mon bien. Un animal. Gentil. Mignon. Une biche ? Un chevreuil ? Un cerf ? Une buse ? Un animal. Sans piquant. Sans mal. Sans douleur. Un animal. Fragile. Facile à tuer. Une proie. De choix. Pour moi.

Je l'entends. Le chevreuil. Il est là. Je l'entends. Encore. Quelques fois. Pas très loin. Juste là. Il est là. Pas loin. Je m'approche. Doucement. Tranquillement. Silencieusement. Je l'attrape. Par la patte. Je la brise. D'un coup de crocs. Je la brise. Sa patte. Il tombe. Le chevreuil. Je l'achève. Il meurt. Pauvre chevreuil.

Les chevreuils. J'aime leur gout. Leur gout chaud. Ils sont gros. Ils sont mangeables longtemps. Très longtemps. J'ai une petite faim. Toute petite. Alors j'adore. Ils durent plus longtemps. Que les autres. Que les lapins. Que les oiseaux. Que les écureuils. En plus. J'aime pas les plumes. Etranges. Dans la gueule. Douces. Sur la langue. Dégueulasse. En bouche. Je préfère la peau. Je préfère la chair. Je préfère le pelage. Plus dur. Plus retirable. Les plumes. Elles volent. Dans les airs. Elles chatouillent. Le museau. Elles me font tousser. Allergie ? Peut être. Peut être. je ne sais pas en fait. je sais une chose. Je ne les aime pas. Elles sont moches. Elles sont étranges. Les plumes. Donc. Je mange des mammifères. Des animaux. pas des piafs.

J'avance. Vers un louveteau. Un vagabond. Peut être. Seul. Tout seul. Sans abri. Je peux le tuer. Je peux le prendre. Il est trop petit. Pour me guérir. Mais il peut être mangé. Je le mangerai. J'en ai envie. Je m'approche de lui. L'air gentil. l'air parental. il vient vers moi. Sans hésitation. Il passe sous mes pattes. Je le prends par la nuque. Entre mes crocs. Je serre. Fort. Je la brise. La nuque.

Je reviens. Sur ce territoire. Pour chasser. A nouveau. Cela me manquait. j'aime bien chasser. Sentir les proies. Les avaler. Les garder. Les sentir. J'aime vraiment ça. Elles sont délicieuses. Satisfaisantes. J'aime vraiment; Je les suis. Je les traque. Je les poursuis. Encore. Je les traque. Encore. Je vois les feuilles. Elles tombent. Juste en face de moi. Devant moi. Elles vont au sol. Elles vont sur le sol. Elles le colorent. Elles le rendent plus beau. j'aime bien. je trouve ça vraiment sympa. J'adore. Je les regarde, quelques instants. Puis je continue. A avancer. Je continue. Je continuerai jusqu'à avoir une proie. pas avant. Je dois marcher. Avoir une proie. Je dois le faire. Pour la nourriture. Et vivre. Et être normal. C'est tout ce que je veux. Être normal. Enfin, visuellement. Je ne le serais jamais.

J'entends. Je vois. Tout ce qui m'entoure. Rien ne m'échappe. Je suis attentif. J'attends. J'observe. J'écoute ce qui m'entoure. Je laisse passer mon regard sur le monde. Je juge. J'étudie. Rien ne m'échappe. Je n'en ai pas l'envie. Je veux tout savoir. Je ne veux rien louper. Alors tout sera dans mon esprit. Tout ne sera oublier. Je saurai. Je saurai tout ce que je veux savoir. Rien ne sera oublié. Je ne le veux pas. Alors j'écoute. Encore. Je marche dans cette direction qui est favorable. Qui me semble favorable. J'entends des bruits. Je les vois. Cette famille. Ce troupeau. Ces lapins. Je les vois. En train de chercher dans l'herbe à peine visible. Je les vois et je les veux. Je veux les tuer. Ils ne me redonneront pas ma vie, mais ils nourriront mon ventre. Je n'aurai plus ces gargouillements dans ma tête. Je serais libre. Plus libre que désormais. Mais un bruit. Une brindille qui craque. Des lapins qui bondissent. Des lapins qui fuient. Des lapins qui partent. Des lapins que je dois oublier. Des lapins que j'oublie.