Le monde allait nous appartenir et notre existence allait changer. Aujourd’hui, j’étais partis chassée seule, sans mon oncle. Depuis peu, j’avais passé le cap d’apprenti, j’étais une jeune adulte, mais une adulte démoniaque. J’avançais sur le sable du désert à la recherche d’une proie, je marchais doucement, jusqu’à ce que je sente une présence qui n’était pas la bienvenue en ces terres maudite.

Sans bouger, tu laissais le sable se mélanger à ton pelage tricolore foncé, il y a peu, tu avais vu ton oncle et utilisé ton pouvoir, tu avais recouvré ta pelisse originelle, mais comme toujours, ta couleur disparaissait pour redevenir blanc comme la neige apparemment. Tu ne l’avais jamais vu en réalité, tu ne pouvais qu’imaginer à quoi ressemblait la neige.

Attendant le nouveau venu, tu voyais une ombre avancer à travers la chaleur du désert. Il avait un pelage noir, un pelage rempli de noirceur, comme le tien, enfin le tien quand tu utilises ton pouvoir. Grognant de manière à ce que le vieux mâle entende ton mécontentement, tu ne le laisserais pas faire un pas de plus sans qu’il ne souffre.

Tu étais prête à le tuer, à verser le sang sur ta terre natale, la terre de ta reine, celle qui t’avait offert la vie durant la nuit des horreurs.

« Tu n’es pas le bienvenu ici ! »

« Cette terre t’appartient-elle ? »

Le canidé noir semblait trop gentil, ce n’était pas un violant, tu avais toute tes chances de victoire. Il était diplomate, c’était la première fois que tu en voyais un, de plus il était noir, le monde était cruel. Tu ne demandais rien, absolument rien, mis à part garder ta pelisse de naissance, mais non, tu devais changer de couleur, tu devais blanchir au fil des jour pour maintenir ce noir parfait. C’était injuste, mais cela t’obligeait à les faire sortir, à les utiliser pour qu’elle t’offre ce que ta reine t’avait offert à la naissance, un magnifique noir, un merveilleux pelage de jais.

« Tu le découvriras bien assez tôt, mais sache que je n’aime pas me répéter. »

Tu voulais qu’elles viennent pour montrer à ceux vieux loup de quoi, tu étais capable, mais ce n’était pas le moment de montrer ta force, de montrer ta méchanceté. Ton nouveau père avait dit que la gentillesse ne devait pas avoir lieu, il ne restait que le combat pour chasser cet intrus de la terre de ta reine. Bandant tes muscles, tu montrais les crocs de manière à lui faire mieux comprendre le message passé. Il n’était pas le bienvenu ici, et si cela devait arriver, tu allais bénir le sable de la future armée.

Ne faisant plus attention au vent qui emportait le sable à travers le désert, se mélangeant à ton pelage tricolore. Ton regard restait fixé sur le mâle qui ne semblait pas plus emballé que ça à l’idée de se battre, mais les paroles ne sortiront plus de ta gueule, non, tu laisseras la chair exprimer ton envie de sang.

Tu n'étais pas une louve douce, encore moins depuis le départ de ton frère et à son retour, tu lui avais arraché les boyaux. Tu étais sans scrupule, car il t’avait trahi, et ce canidé, ce mâle sombre commençait à violer la futur terre de ta mère. C’était une chose impardonnable à tes yeux, c’était une chose interdite et la seule sentence, était la mort.

Bandant tes muscles, tu n’allais pas le laisser agir à sa guise, d’autant plus que ses paroles étaient remplies de défis. Tu devais lui montrer qui tu étais, ce que tu pouvais devenir si on venait à te défier. Tu devais faire honneur au sang qui coulait dans tes veines, ce sang qui était identique à celui de ta mère. Tu deviendrais, le monstre tant redouté, celui qui sommeille le jour et qui dévore la nuit.

Tes pupilles devinrent plus fines, laissant le peu de lumière pénétrer ton iris pour t’offrir une vue adéquate. Bondissant sur le sable doré, tu attrapas la gorge du canidé. Serrant de plus en plus la mâchoire, son sang commençait à couler sur le sable du désert, il s’abreuver de cette future victime, tu bénissais ton monde pour qu’il continue à vivre encore et encore. C’était ton destin, protégé ce lieu sacré, cet endroit remplis de haine et de noirceur, ce monde impitoyable était tien, et il devait le rester.

Tu secouais la tête pour faire des entailles plus profondes, sans te retenir une seule seconde. Tu garderais la mâchoire fermée, même si tu devais y perdre un œil ou un membre, tu ne lâcheras jamais cette peau au goût métallique. Et s’il devait te repousser, tu lui arracher un morceau de chair. Encrant de plus en plus tes pattes arrière dans le sol, tu mettais tout ton poids sur tes pattes avant qui maintenant le vieux canidé au sol pour le moment.

Le mâle noir venait de rouler sur le sable pour me griffer le ventre à l’aide de ses pattes arrière, une profonde douleur animait mon corps, tu ne pouvais pas rester ainsi sans réagir, d’un coup sec, tu reculas dans le sable. Ton propre sang s’échappait de ta peau pour abreuver le sable qui t’avait vu naître. C’était une chose que tu ne pouvais tolérer. Le monde était dur, mais aussi fragile, un simple grain de poussière pouvait le faire basculer et ce grain venait tout juste de se déposer sur la balance en ta faveur. Ton esprit appela les biches des enfers, un tourbillon de sable faisait son apparition autour de ton corps. Ton pelage devenait aussi sombre que les ténèbres et ta pupille gauche aussi rouge que le sang qui s’écoulait sur les dunes de ta terre natale. Tu avais enfin retrouvé ta couleur originelle, ta véritable couleur.

Tes biches observèrent celui qui avait foulé le sable blanc du désert, leur regard noire absorbé la pureté du monde pour nourrir le néant, leur naseau fumé tel un volcan allant exploser d’un moment à l’autre. Sans attendre mes paroles, elles comprirent leur devoir, je n’avais rien à faire, je ne pouvais plus être blessé à présent. Une des biches pivota légèrement pour dévier la lumière du soleil, leur ramure dorée venait aveugler le canidé en brûlant temporairement son iris, et sans attendre mon ordre, la seconde chargea le canidé en plantant sa ramure dans son corps pour le blesser grièvement, du sang giclait sur le sable, les organes vitaux n’étais pas touché, tu ne voulais pas qu’il meurt tout de suite, elles faisaient attention tout de même, le travail devait être bien fait. La biche le déplaça sur plusieurs mètres, créant un petit chemin de sang au milieu du désert, ce dernier sécha rapidement sous la forte chaleur de cette terre. Laissant le sable pénétrer la gueule du mâle, il ne pouvait plus parler, ni même sortir la langue, chaque grain pénétrait sa mâchoire pour étouffer ses couinements de douleur, la seconde resta à tes côtés pour te protéger, pour faire en sorte qu’il ne t’arrive rien, tu étais trop confiante, trop sur de toi, et c’était une chose qui pouvait te trahir, mais tu étais certaine de finir victorieuse.

« Veux-tu toujours rester ? »

Un rire sortit de ta gueule, tu voulais faire honneur à ta mère et tu étais sûr qu’elle serait fière de toi, de ce que tu venais d’accomplir. Mais ce n’était pas fini, tu voulais lui arracher les boyaux, chaque organe pour les exposer au soleil pendant qu’il respirait encore, tu voulais le faire souffrir, lui montrer qu’il avait eu tort de te défier de la sorte.

Le canidé tenta un sourire après ses paroles vide. Comprenait-il enfin son erreur ? Comprenait-il a qui il avait à faire ? Il ne pouvait plus se battre désormais, il était faible, tout ces canidés de pacotille étaient faibles. Comment pouvait-il se faire passer pour guerrier ? Ce n’était pas possible, ils ne méritaient pas un tel titre… Ce n’était que de la vermine, de la vermine à exterminer pour laisser place au véritable canidé ! Dans un rire, tu approchais doucement du corps de cet intrus, ce corps qui était encore allongé sur le sable blanc du désert. Ta biche te suivis, et la seconde ne bougea pas de place, elle était restée là, la tête basse, avec un bout de sa ramure dans le corps de ce loup noir, aussi noir que toi désormais.

« Tu fais pitié. »

Tu soulevas ta patte, des grains de sables glissèrent de tes coussinets, puis tu la reposas avec force sur le sol granuleux en jetant une trainé de sable sur le visage du canidé noir. Un sourire fendait ton visage, tu avais cette lueur dans tes pupilles vairons, la lueur de la folie, tu le savais que tu avais un petit plus, tu le ressentais, le sang de ta mère était un sang venant des dieux, mais tu avais ce quelque chose qui t’avais offert la vie, un truc qui te rendait différente mais aussi imprévisible. Le mystère de ta naissance résidait dans ce regard, dans ces yeux au deux couleurs différentes. Qui étais-tu ? Tu ne le savais pas vraiment, mais cela ne t’empêcherait pas d’être fidèle à ta reine, la mère de cette terre.

Il ne disait plus rien, ce canidé aussi sombre que le charbon. Tu fis demi-tour et la biche retira sa ramure du mâle. Il pouvait partir, ce n’était pas encore le moment de divulguer qui on était, leur était trop tôt, cela pouvait ruiner les plans de ta reine. Tu jetas un coup d’œil rapide sur le corps de la pauvre bête, les deux biches restèrent prêt de toi, au cas ou il voudrait faire une folie, les canidés mourant ont parfois de drôle d’idée, ils se croient invincible, mais en réalité, ce ne son que de vulgaire insecte qui attende d’être détruit.

« Fiche le camp. »

Laisser quelqu’un repartir n’était pas une très bonne idée, mais si ce canidé ne rentrait pas chez lui, d’autre viendront à sa recherche et tout sera fini pour nous. On devait attendre, être plus nombreux pour mieux les écraser. Alors oui, tu le laisserais s’enfuir tel un lâche la queue entre les pattes, mais tu auras ta vengeance et à ce moment-là, tu ne le laisseras plus repartir.

Dans un tourbillon de sable, les deux créatures disparurent, rentrant seule à ta demeure, ton œil écarlate venait de disparaître en même temps que tes fidèles servante. Tu avais trouvé un jeu durant une petite heure. La journée n’était pas complètement gâchée.