Cette nuit, c'est toi qui a le contrôle. Je le sais. Je me suis réveillée comme ça, enfin, tu t' es réveillé, et moi avec. Je l'ai senti, que ce n'était pas moi qui avait le dessus. J'ai dû faire un cauchemar, une faille dans ma tête, et tu es passé dedans. Je l'ai senti.

Tu te lèves, sors du camp sur la pointe des griffe. Tu te faufiles hors des frontières de notre nid pour arriver sur notre territoire. Tu inspires fort cette odeur. Cette nuit, tu as des envies de torturer.

Tu cours loin, histoire de ne pas rencontrer un Kuragari. Ça, c'est moi qui t'oblige à le faire. J'ai encore un peu d'influence, ça me fait plaisir. Et puis, l'envie de protéger mes camarades sera toujours plus forte que la tienne de les torturer. Du moins je l'espère.

Bon du coup tu cours. Tu traverses le territoire, arrives aux terres du Nords. Tu montes loin dans les Glaces Éternelles. J'espère qu'il y aura moins de monde. C'est rare, déjà le jour, alors la nuit j'espère que ce sera désert. La lune éclaire faiblement, tu ne vois pas tout de très loin, mais ta vision est tout de même excellente. Parfois, j'ai l'impression que mon œil blanc voit mieux que l'autre. Genre vraiment. Genre plus loin, avec plus de détails, la nuit comme le jour... Une idée à creuser je pense, mais pas ce soir. De toute façon, c'est toi qui as le contrôle.

Tu montes toujours, le plus haut possible. Tout au sommet, tu t'arrêtes en dérapant presque sur la glace. Le contact froid t'indispose, mais j'ai décidé de te brider un peu. Ici, il y a peu de chance que tu arrives à torturer quelqu'un du moins je l'espère.

Y'a une sorte de craquement plus loin. Tu tournes la tête et je le vois. Ahmadeuss je crois, un Hikari. Je l'ai déjà vu sur notre territoire, mais il ne paraît pas agressif. Je ne sais plus trop d'où je le connais, mais là n'est pas le problème. Tu as senti cette chair fraîche. Et tu veux jouer.

Tu lèves le museau, retrousses tes babines, mais restes silencieux. Tu veux jouer. Et tu veux jouer avec mon pouvoir. Je le sens. Il vibre, sous mon crâne. Il veut être libéré.

Tu lâches mon pouvoir sur ta nouvelle proie.

Un lapin. Tu as décidé qu'il verrait un lapin. Un petit lapin gris, dodu. Un air innocent, une petite queue ronde toute blanche. son museau rose frétille et ses grands yeux couleur pierre fixe une forme visible à lui seul. L'apparition est convaincante, je ne peux que l'avouer. Je me dis que ce lapin doit faire partie du nombre de proies innocentes que tu as assassinées.

Ahmadeuss, lui, sembles y croire. Je regarde, impuissante, ta proie avec qui tu joues.