Celà faisait quelques jours que nous nous étions rencontrés. J'avais enfin réussi à conclure que ce loup était un potentiel allié parmi les ennemis. Bon, bien sur c'était là une faiblesse, si nous nous retrouvions en guerre à devoir nous battre l'un contre l'autre, ces sentiments d'amitié pourraient bien se retourner contre moi. Ou bien, de ce que j'ai compris, contre lui, ce serait drôle tout de même, chacun sous un étendard différent, et pourtant ne pouvant pas se battre l'un contre l'autre. Ce serait drôle jusqu'au moment ou nos Alphas respectifs nous menaceraient. A ce moment là bien sur, nous nous amuserions moins. Enfin, il callait mieux ne pas trop y penser, de toute facon il était assez peu probable que nous nous recontrions a nouveau, et d'ici là j'espérais que l'un de nous ait oublié cette rencontre, et que le problème n'aurait pas à se poser.

Je continuais mon exploration des terres de Ryutora, cette fois à l'opposé du cratère, plein Ouest, vers la forêt. Il avait pour réputation d'appaiser le plus dérangé des esprits. Non pas que le mien l'était, mais bon, pourquoi au moins visiter après tout ? J'avais beaucoup travaillé sur mon pouvoir récemment, je voulais me détendre. Ne voir personne, ne parler a personne, ne penser à personne. Juste me poser, et c'était tout. De temps en temps ça faisait du bien d'entendre ses proies chantonner au Soleil, ou courir dans tous les sens pour je ne sais quelle raison.

Je marchais donc lentement dans la forêt, qui était très lumineuse, étonnement. J'en avais vues des moins denses être plus sombres. Une légère brise passait à travers mon pelage, très agréable il faut le dire, malgré le Soleil qui tapait fort ce jour là. Je marchais donc plus lentement et à l'ombre des grands arbres. Cette forêt aurait presque pu être imaginaire, des quelques dizaines de minutes que j'y avais passées elle défendait fermement sa réputation. Je commençais à afficher un léger sourire, ce qui -il faut l'avouer- était rare dans mon cas. J’avançais, la tête vide, le regard tout autant, je ne pensais à rien, ne disais rien, ne regardais rien de particulier, je marchais c'est tout.

Au loin, je pouvais distinguer une lumière assez particulière. Au fur et à mesure que je m'approchais, je me rendais compte que c'était un lac, la lumière étant le reflet du Soleil sur l'eau. Je m’avançais vers ce lac et reconnus une silhouette au loin, c'était un loup. Lequel ? Aucune idée. Je m'approchais lentement et discrètement, commençant petit à petit à retrouver mes esprits, et à me préparer à un éventuel combat. Le loup ne semblait pas bouger, il était allongé et semblait dormir. J'aurais donc l'avantage si j'étais frais dans mon esprit. La couleur de son pelage me disait quelque chose... Oh... Et m... C'était Nylz. J'étais bien sur content de le revoir, c'était un ami, mais cela voulait dire que j'allais encore me retrouver à ne pas dormir de la nuit. Remarque, je pouvais lui faire une petite blague. Une toute petite. La dernière fois, il m'avait sauté dessus alors que je ne m'y attendais pas, cette fois je pourrai lui rendre la pareille. Enfin... Si toutefois il ne m'en voudrai pas de l'avoir réveillé d'un si profond sommeil, et qui semblait si agréable vu le sourire qu'il esquissait. Et puis zut, s'il n'avait pas d'humour, je me dépatouillerai autrement.

J’avançais lentement vers lui, en faisant très attention à être le plus discret possible. Je devais à tout pris laisser le chant incessant des oiseaux couvrir le bruit de mes pas. Je ralentissais ma respiration, vérifiais les alentours, rien ne pourrait me trahir. Sur les derniers mètres, je lui sautais dessus sans le mordre, sans le griffer ou quoi, juste le retournant sur le dos, puis le relâchais, et lui disais :
- Désolé, j'ai cru... j'ai cru que tu étais un ennemi, tu en es un, mais nous sommes sur des territoires neutres... Je n'aurais pas dû t'attaquer, je m'en excuse. Je suis Ahmadeuss, guerrier de la meute Hikari, quel est ton nom ?
Je lui répétais au mot près la phrase qu'il m'avait sortie la dernière fois, le sourire au lèvres, presque mort de rire, et le regardais, il ne semblait pas l'avoir mal pris, il mettait un peu de temps à réagir, ce qui était normal, il était ailleurs et je venais de le retourner. La situation était précisément la même que la dernière fois, mais inversée. Quelle ironie.