" Va me la chercher et ne reviens pas bredouille, je te le conseille. "

Un seul ordre. Une seule consigne, mais il savait parfaitement qu'il devait la suivre. Il l'avait toujours suivi. Elle était la seule en qui il croyait, l'unique personne qu'il acceptait de suivre. Elle n'était rien, rien qu'une simple louve, mais elle le dominait. Elle l'avait toujours dominé au final. Alors, il passa le portail, pour je ne sais quelle énième fois, avec un sourire malsain tandis qu'il piétinait la neige avec une seule mission : ramener une pauvre âme perdue. Lui ramener pour qu'elle la fasse souffrir, comme elle avait souffert auparavant. Mais dans le fond, était-elle vraiment digne de sa confiance ? Etait-elle réellement méritante de sa soumission ? Il ne savait pas. Il savait seulement qu'il n'était bon qu'à ça, que ça le faisait jubiler de rentrer avec une âme qu'il pensait manipuler.
Il posa une patte devant l'autre, puis soudainement il s'arrêta. Il regarda autour de lui, comme choqué ou tout simplement perdu. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Pourquoi se trouvait-il dans cet endroit ? Il savait qu'il avait une mission à réaliser, mais laquelle ? Quelle était sa mission en réalité ? Il avait le sentiment que quelqu'un l'attendait quelque part, mais qui ? Qui pouvait bien attendre un étranger ? Qui pouvait attendre un loup tel que lui ? Un rejeté de la société ? Personne. Il en était convaincu. C'est pourquoi il reparti, comme si de rien était. Malgré cette croyance au fond de lui que quelqu'un l'attendait, qu'il était né pour réaliser un but céleste.

Laissez-moi vous conter ce que je sais de Corpus. Le peu que je sais de lui, en réalité. Corpus est un loup de cinq ans, mais il en paraît dix puisqu'il est malmené par la vie. En fait, c'est un loup d'une banalité à mourir de rire : il est né dans une portée de quatre louveteaux, dans un couple de loups lambda amoureux l'un de l'autre. Malheureusement, la louve eut un louveteau mourant sur les quatre : lui. Elle le rejeta immédiatement, étant presque dégoûtée de son apparence. Il se retrouva alors seul, dans un trou, pleurant tout ce qu'il peut pour que sa famille l'accepte. Malheureusement cette dernière parti bien vite, bien loin, de peur que sa maladie contamine plus tard les autres louveteaux. Alors, il continua de pleurer, mais au bout de quelques heures, se rendant compte qu'il était seul, il abandonna le combat et s'endormit dans le trou attendant la mort. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'un grand loup noir l'avait entendu et le fixait du haut de son rocher.
Et c'est ainsi qu'il se retrouva, sans réellement comprendre, dans une grotte à être allaité par une louve. Une louve grise qui l'avait prit par pitié, regardant son loup noir à côté d'elle. Il vécu plus de trois ans avec eux, chassant, se nourrissant et élevant une meute. Mais bientôt, il se rendit compte que tout ceci n'était pas sa vie, qu'il était fait pour autre chose, qu'il était digne d'un trône bien plus puissant. Il les entendait, ces voix : il entendait des voix venues des cieux lui ordonnant de quitter ce lieu et de tuer les aerudits. Alors sans même hésiter une seule seconde, il quitta la meute pendant une nuit d'orage et commença sa mission. Dés que la voix lui ordonnait de tuer, il le faisait sans hésiter une seule seconde. Il les faisais souffrir, il les égorgeait sans même se poser une seule question. La voix les haïssait, alors il les tuait, c'était le deal.
Ces meurtres durèrent plus d'une année. Il en oublia presque de manger quelques fois, se nourrissant seulement des dires de la voix. Il ne cessait de l'écouter. En fait, il vivait pour elle, réellement. Il dormait, faisait ses besoins, courtisait, faisait réellement tout pour elle. Mais soudain, sans qu'il ne sache ni comment ni pourquoi, il se retrouva enfermé dans une prison. Les enfers qu'ils appellent ça ? Ce fut effectivement un véritable enfer pour lui puisqu'il n'entendait plus la voix, elle n'existait plus là bas. Alors il devint fou, réellement fou. Mais heureusement pour lui Sarya apparut. Elle devint la voix qu'il avait perdu, elle devint la voix matérielle et il l'écouta. Il fit ce qu'elle voulait. Il l'écouta comme un toutou à sa maitresse. C'est pourquoi il se retrouve dans la situation dîte en haut.