You hear my voice, your hear that sound

Like thunder, gonna shake your ground

Un hurlement se fit entendre brutalement dans la forêt, tandis que des oiseaux s’envolaient de peur. La Lune était ronde cette nuit-là, et elle était au milieu des nuages. Cette nuit était une magnifique nuit, mais surtout sa préférée de la saison. Depuis son plus jeune âge, le Monstre appréciait énormément la pleine Lune. Car elle lui permettait d’hurler à la Lune autant qu’il voulait, mais surtout qu’elle faisait sortir des proies dont il n’aurait jamais imaginé la vision. Finalement, le gris se leva de son promontoire, ferma la gueule et observa autour de lui. Tout était calme, beaucoup trop calme à son goût en vérité. Il allait s’ennuyer et il détestait s’ennuyer, sincèrement. Doucement, il marcha dans la forêt, renifla le sol et observa les quelques recoins qu’il pouvait apercevoir. Soudain, un bruit. Un bruissement de feuilles, de buisson, se fit entendre et il s’arrêta brutalement, la patte en l’air, tel un chasseur. Un animal était présent. Il resta là, caché dans la nuit, la langue pendante et la queue bougeant légèrement. Ce qu’il vit le fit sourire : un marcassin venait de sortir du buisson. Quel abruti ! Sortir sans sa mère ? Plus bête, tu meurs je crois.

Le loup s’assit calmement, observant l’animal et freinant sa faim. Il ne fallait pas que sa proie l’entende, mais surtout il ne fallait pas que son estomac le trahisse. Beh ouais ! On sait tous qu’un estomac qui a faim est un estomac bruyant, n’est-ce pas ? Il attendait aussi, on ne sait jamais si la mère débarque. Il était pas con le Monstre, il savait parfaitement qu’il n’aurait aucune chance contre une truie en furie. Surtout avec des défenses aiguisées. Après plusieurs minutes, il se rendit compte que le petit était, effectivement, seul, alors il se leva silencieusement. Il resta statique, n’attendant qu’une chose : que l’animal baisse sa garde. Et ça ne tarda pas, le marcassin se mit timidement à gratter le sol en quête d’insectes ou de champignon, puis il se roula. C.D n’attendit pas plus longtemps, il sortit de sa cachette et se jeta de tout son poids sur le petit. Au moment même où il allait crier, le Monstre lui trancha la gorge. Un bruit de gargouillies s’entendit puis finalement le petit s’éteignit en s’étouffant avec son propre liquide vital. Corpus eut un grand rire et finit par prendre la bête dans sa gueule, pour la traîner ensuite derrière un buisson.

Après plusieurs minutes de repas, le loup laissa un gaz sortir de sa gueule, prouvant qu’il avait bien mangé. Il finit par creuser un trou, mettre ce qui restait du marcassin et le recouvrit de terre. Là, il leva la patte, laissa quelques gouttes d’urine pour marquer son territoire et surtout retrouver sa carcasse. Finalement, il partit rapidement, retrouva le trou d’arbre où il dormait d’habitude et s’y posa. Là, il s’allongea, ferma les yeux et s’endormit bien rapidement. Morphée l’emmena bien rapidement et la nuit défila tout aussi rapidement. Bientôt le Soleil se leva, caressa la Lune de ses mains ensoleillées et les oiseaux se mirent à chanter. Le loup poussa un grognement pour finalement s’étirer un petit moment. Il passa un bref coup de langue sur son jabot, enlevant le reste de boue et sang qui y restait. Là, il sortit de son trou d’arbre et observa autour de lui. Personne, aucun animal. Tant mieux, il voulait marcher tranquillement aujourd’hui. Alors, il fit comme prévu et se mit à marcher, ne faisant attention à ce qui pouvait l’entourer. Il faisait chaud et humide aujourd’hui. L’Hiver s’installait petit à petit sur l’île tandis que l’herbe demeurait froide à cause de la brume. Il adorait ces moments matinaux …

Il marchait, il continuait de marcher et il se retrouva bientôt devant le Désert d’Albâtre. Un regard autour de lui et il eut un petit sourire. Il se souvenait de la dernière fois où il était venu, il y avait rencontré une louvette. Une gamine trop prétentieuse pour son âge. Une gamine qu’il tuera un de ces quatre, c’est certain. Mais surtout, il avait rencontré ses futurs alpha ici : une meute qu’il anéantirait petit à petit. En fait, il avait l’impression que son Destin ne cessait de l’emmener ici. Que le Destin voulait lui faire comprendre quelque chose. Peut-être que sa vie devait se finir ici et surtout commencer ? Bonne question. Il secoua la tête et entra dans le Désert, sans se poser une seule question. Il adorait cet endroit, réellement. Soudain, une odeur se fit sentir. Une odeur de pourriture. Le loup plissa le museau et observa autour de lui. Il renifla le sol, à la recherche d’un quelconque cadavre, mais au bout de dix minutes, il fut surpris. Il s’arrêta brusquement devant un loup couché. Couché et vivant. Il pencha la tête sur le côté et poussa un petit grognement.
« Bah alors ? On se planque, petite mauviette ? » demanda-t-il dans un rictus moqueur.

So what if you can see, the darkest side of me?

No one would ever change this animal I have become!

Va-t-en. Pars. Fuis. Cours. Envole-toi. Va-t-en. Juste. Va-t-en. Des mots, de simples mots qui venaient de sortir de la gueule du loup face au Monstre. Celui-ci pencha la tête sur le côté, avec la queue légèrement dressée. Soudain, un rire sinistre sortit de sa gueule tandis qu’il secouait la tête. Il croyait quoi en sortant ces mots ? Qu’il allait simplement obéir et partir ? Non mais sincèrement ? Ce serait peu satisfaisant. Mais surtout, ce serait vraiment trop facilement selon Corpus. Il n’avait jamais obéit à personne, c’est pas aujourd’hui qu’il commencerait, sincèrement. Surtout un loup couché, mais surtout un loup qui semblait si faible. Il pourrait le tuer comme ça, d’un coup de dent, mais il n’était pas comme ça. Non, lui, ce qu’il préférait c’était faire souffrir les autres. C’était les voir pleurer de douleur, les voir le supplier de l’épargner ou de les achever, au choix. Il aimait réellement cela. Il avait toujours aimé cela, en réalité. Mais ce qu’il adorait le plus haut point, c’était les manipuler, les pousser à la faute ultime pour qu’ils goûtent à son sang et qu’ils meurent dans d’atroces souffrances. Il aimait réellement être le pion de la Mort, sa faux sans réellement le savoir. Il était sa main, la main de Satan.

« Non. Je suis très bien là, désolé. » dit-il en tentant de calmer son fou rire.

Il aimait titiller les autres, il aimait les mettre au plus profond de la détresse, mais surtout il aimait les mettre au pied du mur. Comme si c’était son unique ressource de jouissance. Comme si c’était l’unique jeu qu’il s’acceptait à réaliser. Bien sûr, on pouvait le haïr pour cela, bien sûr on pouvait le tuer mais même la mort ne lui faisait pas peur. Tout simplement car il savait parfaitement que même dans la Mort il ferait souffrir les autres. Il savait parfaitement qu’en se faisant mordre, ils souffriraient tous. Ils tomberaient à genoux et pleureraient. Ils couineraient tellement fort que la terre en tremblera. Oh oui, ce serait tellement un magnifique but. Un superbe règne. Imaginez ! Lui, maigrelet, tremblant et pourtant toujours avec ce sourire sadique aux crocs. Il parlait, il faisait pleurer et soudain on le mordait. Un loup tombe, puis un deuxième et finalement une meute entière. Ce serait tellement beau, tellement magnifique. Lui, le faible de la portée qui arrive à mettre à genoux une meute entière. Qui arrive à prendre le pouvoir sans même réaliser un coup d’état. Oh bien sûr, il serait seul dans cette meute, mais il se ferait une armée plus tard.

Finalement, histoire d’assumer complètement sa position et ses idées, le Monstre s’assit devant le brun. Il avait la queue, tranquillement, posée sur le sol tandis qu’il le fixait avec moquerie. Il n’avait jamais eu peur de personne. Il se savait condamné, donc non, rien ni personne ne lui faisait réellement peur. La maladie le tuait petit à petit, elle le bouffait de l’intérieur mais il avait fini par l’apprivoiser. Il avait fini par la dompter pour qu’elle devienne plus une alliée qu’une ennemie. Et maintenant, ils marchaient tranquillement tous les deux vers un règne pestilent. Au départ, soyons francs, il avait eu du mal à l’accepter. Mais maintenant, il considérait cela comme un don des Dieux, comme une mission que lui conférait Rakuen. Elle était connue pour être une déesse juste, une déesse qui ne tue pas sans vergogne, mais il savait que c’était faux. Chaque Dieu tue sans demander son reste, et pour cela il envoie des pions. Corpus en est un, il en est convaincu. Alors, il laissa son regard glisser sur le petit faible face à lui, essayant de le cerner mais surtout en tentant de mémoriser chaque trait de son visage et son corps. Il voulait le garder en mémoire, au cas où il en est besoin un jour.

je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien

des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins

Le Gris gardait son regard sur le cadavre à ses pattes et il ressentait comme une certaine jouissance, comme une certaine puissance. Il se sentait comme le Roi du monde avec son valet à ses pieds. Il avait l’impression d’être un Alpha avec sa meute. Mais surtout un Alpha qui ne guide pas, mais qui opprime. Il n’était pas fait pour guider en réalité, il ne l’avait jamais été. Non, lui, il était plutôt fait pour faire souffrir, pour opprimer les autres, pour leur baver des paroles mielleuses dans l’oreille pour ensuite plus facilement les égorger dans la nuit. Il ne tuait pas à vue. Non, il préférait se planquer, se terrer pour ensuite assouvir ses envies meurtrières. En fait, il était un mercenaire, ou tout du moins c’est ce qu’il ne cessait de dire, mais un mercenaire silencieux. Comment ça, vous le verriez plus en tant qu’espion ? Vous auriez tord. Ce serait tellement ennuyeux pour lui, sincèrement. Il ne se voyait pas courir les meutes, écouter les dires, écouter les rumeurs, garder ça pour lui et ensuite le rapporter à sa meute. Ouais, non. De une, car il détestait être une balance. Et de deux, car il aimait trop la souffrance pour ne pas en être le maître.

Ce loup n’osait le regarder. Ca en devenait presque agaçant. Il aimait qu’on le défie, qu’on le provoque, mais surtout qu’on lui réponde. Il avait l’impression d’être face à un mur, face à une marionnette désarticulée. En vérité, il avait envie de lui prendre la gorge pour le secouer, de lui hurler dessus pour qu’il réagisse, mais non rien d’autre. C’était quoi ce loup, sérieux ? Il était handicapé ? Sourd ? Muet ? Complètement abruti ? Il ne saurait le dire, mais de tels personnages avaient tendance à l’exaspérer. Il se souvenait une fois avoir rencontré un louveteau qui ne réagissait. Il ne se souvenait plus où ni comment. Mais il se souvenait l’avoir tué sans le vouloir … Ou pas. Il avait voulu le prendre à la gorge pour le secouer, sauf que, malheureusement, ses crocs s’étaient fermés un peu trop fort malencontreusement. Il se souvenait aussi de Naraka. Ce petit con qui l’avait provoqué et finalement qui l’avait foutu à terre. Il se vengerait. Il le tuerait. Mais avant cela, il jouerait avec sa mère, la ferait souffrir comme elle n’a jamais souffert et il l’achèverait à ses pattes. Et après, bien entendu, il s’occupera de ce petit con. Il l’égorgera sans le faire souffrir. Ou alors, il le mordra assez fort pour qu’il meurt à cause de son sang. Ouais, bonne idée.

Pourquoi ? Oh mais c’est que la marionnette parle alors ? Un sourire naquit sur ses lèvres tandis qu’il fermait les yeux. C’est vrai, ça ? Pourquoi ne voulait-il pas partir ? Pourquoi voulait-il rester là ? Même lui il n’en avait aucune idée en réalité. Il avait juste pas envie de bouger, c’est tout. Il était né pour faire chier le monde, alors il le faisait jusqu’au bout, tout simplement. Il aimait emmerder ses congénères, il aimait les faire souffrir, les agacer, les faire pleurer, se faire haïr et surtout les voir le mordre. Il aimait sentir leurs morsures sur son corps. Oh non pas qu’il soit complètement masochiste, ce n’est pas le cas. Mais tout simplement car il les voyait mourir en agonisant, car il les voyait pleurer leur mère après cette morsure, mais surtout car ensuite ils le suppliaient de les achever. Ce qu’il ne ferait pas, évidemment, ce serait bien trop facile. Il n’aimait pas la facilité. Surtout que ça concernait les autres et non lui. Que lui, quand ça le concerne, il aimait la facilité. Il n’aimait pas galérer, il n’aimait pas non plus avoir du mal. C’est pourquoi il s’attaquait plus facilement à des petites proies que des cerfs ou autres. Finalement, il rouvrit les yeux et les posa sur le loup brun, toujours ce sourire carnassier sur les lèvres. Ca y est, il savait parfaitement ce qu’il allait lui répondre. L’idée venait tout juste de pointer le bout de son nez dans sa tête.

« Tout simplement car mon popotin est bien sur ce sol. Mais aussi car j’aime faire chier le monde, si tu vois ce que je veux dire ? »

Et il finit par avoir un profond soupire. Il sait pas pourquoi mais il sent qu’il allait véritablement s’emmerder aujourd’hui avec ce loup. En même temps avec des phrases non constituées, mais aussi des réponses avec un seul mot … Beh c’est limite agaçant. Je dis bien, limite, hein.

Your lips keep trying to speak

But you just can't find the words

Ce loup était inintéressant. Réellement. Et le loup brun/gris détestait les choses inintéressantes. De une, car elles refusaient qu’on les contrôle. De deux, car on ne savait qu’en faire. En vérité, il avait véritablement l’impression d’être en présence d’un cadavre. Mais un cadavre ne parle pas, si ? Un cadavre ne prononce aucun mot, si ? En fait, il ne savait que faire. Partir pour voir autre chose ? Mais ce serait donné raison à l’autre loup. Ou rester et chercher à le faire réagir ? Mais ça prouverait qu’il lui porte un minimum d’intérêt. Il détestait porter de l’intérêt aux autres loups. Ils ne le méritaient pas. Tout ce qu’ils méritaient c’était de mourir. Mourir que ce soit sous ses crocs, ou tout simplement de maladie. La maladie qu’il apporterait. La maladie qu’il leur infligerait sans qu’ils ne comprennent réellement d’où elle venait, ni même pourquoi ça leur arrivait. Il voulait les voir souffrir, il voulait les voir mourir à ses pattes. Mais pourquoi était-il ainsi ? Pourquoi réagissait-il ainsi ? Il ne saurait le dire. Tout ce qu’il savait, c’est que ces voix voulaient qu’il le fasse. Ces voix voulaient qu’il les tue. Il le ferait le moment venu, c’était certain.

« Bouge toi, mauviette. T’es vivant, non ? Alors réagit plutôt que m’ignorer. » dit-il en claquant des crocs devant son visage.

Mais alors pourquoi lui parlait-il ? Pourquoi lui adressait-il la parole s’il refusait catégoriquement de porter intérêt à qui que ce soit ? Il ne comprenait pas. Ou alors si, il comprenait, mais il refusait de l’accepter. Ce loup l’intriguait. Mais personne n’avait le droit de l’intriguer. Ils ne sont qu’insignifiants à ses yeux, ils ne sont rien d’autre que des proies potentielles, des êtres de chair qui mourront bientôt. Pas forcément de sa patte, il en était parfaitement conscient, mais il les savait tous condamnés. Ses voix ne cessaient de lui répéter que l’heure viendrait bientôt, que le chemin trouverait le carrefour final et que bientôt il accomplirait sa mission. Sa mission ultime qui le tuerait lui et tous les loups qui l’entourent. C’est étrange mais rien que savoir cela suffisait à le satisfaire. Au départ, il avait fait en sorte d’ignorer ces voix, de faire en sorte qu’elles n’existaient pas, mais maintenant c’était terminé. Maintenant, elles faisaient parties intégrantes de sa vie. Elles étaient lui. Personne d’autre ne les entendait, il le savait et bizarrement en était fier. Ca lui permettait d’être réellement exceptionnel à sa manière.

« T’attends la Mort en fait ? Car si c’est le cas, je peux te l’offrir sur un plateau d’argent, hein. » dit-il en lui adressant un sourire carnassier.

Et voilà, il adressait de nouveau des mots au loup brun. Des mots qui désiraient sortir, mais surtout des mots qui parlaient d’eux-même. En réalité, il avait l’impression de ne plus être complètement lui-même. Comme si ses voix ne cessaient de dicter ses mots, ses gestes et surtout ses sensations. Elles n’avaient jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui. Elles ne cessaient de lui dicter de faire réagir cette marionnette, de le faire se lever. Comme si elles voulaient qu’un combat se déclenche, que la mort soit présente encore plus qu’hier. Il savait parfaitement que ses voix ne cessaient d’être là que durant la Nuit d’habitude, mais c’était différent maintenant. Elles étaient présentes dans la journée, elles hurlaient au massacre, à la haine et à la souffrance. Et étrangement, il ne voulait les faire taire. Il voulait d’autant plus les écouter, il voulait leur obéir.

Where, oh where, have the smart people gone?

Oh where, oh where could they be?

La mort, il la connaissait par coeur le Gris. Il l’avait côtoyé depuis tout petit, depuis son enfance lui semble-t-il. Après peut-être se trompait-il ? Peut-être que ses souvenirs ne sont pas totalement bons. Peut-être s’imagine-t-il bien des choses, en fait ? Cela ne m’étonnerait pas. Il est tellement accaparé par sa propre folie, par ses déboires, mais surtout ces voix, qu’il n’arrive plus à juger réellement de la réalité des choses ou non. Bien sûr, il connaissait parfaitement la nuance entre le bien et le mal, il savait parfaitement juger de ce qui pourrait causer du tord ou non. Mais, malheureusement pour les autres, il n’arrive plus à complètement rétablir la rationalité dans son esprit. Il n’arrive plus à savoir si c’est réellement lui le fou dans l’histoire, ou si ce sont simplement les autres qui sont complètement fous. Bien sûr, il sait parfaitement que ses actes, ses paroles ne seront pas tournées vers le bien, ni même qu’ils/elles soient bien interprété(e)s. Elles ne sont pas là pour cela de toute façon selon lui. Il est lui-même et les autres doivent l’accepter tout simplement. Il ne s’adaptera jamais aux autres, c’est à eux de s’adapter à lui selon ses dires. Il a tord, il le sait, mais il s’en moque.

En fait, pour être véritablement heureux dans sa vie, il faut qu’il puisse contrôler la situation. Mais réellement. Pas simplement partiellement. Il a besoin de contrôler les protagonistes, la nature, le climat, tout en réalité. Il a tout prévu, tout jusqu’au moindre détail. En fait, Corpus est du style à savoir déjà de ce que demain sera fait, ou alors ce qu’il fera dans trois ans. Il a tout plein d’objectif dans la tête. Malheureusement pour lui, ce tempérament le rend vulnérable vis-à-vis des autres. Tout simplement car il ne se fie pas aux intempéries, ni même à la Nature elle-même. Il sait qu’elle est changeante mais selon lui, elle ne devrait pas changer dans ses objectifs. Alors, je ne vous dit même pas le massacre que c’est lorsqu’il se rend compte que ses objectifs ne sont pas atteint à cause d’un foutu climat, ou même d’une situation qu’il n’avait pas prévu. Ce loup en était une. En ayant senti son odeur, il s’était déjà mit un objectif en tête : l’énerver au point qu’il le morde. Mais bien sûr, ce qu’il n’avait pas prévu c’était le comportement de ce même loup, mais surtout son ataxie. Il n’avait pas prévu qu’aucune réponse ne serait présente, ni même un mouvement. Alors je ne vous dit même pas le bouillon qui règne en lui.

Deal avait littéralement envie de le bouffer. De le détruire autant qu’il détruisait sa patience au fil des minutes. Il avait envie de lui choper le cou pour le secouer dans tous les sens et lui faire comprendre qu’on ne se moque pas de lui ainsi, qu’on ne se fout pas de ses paroles ainsi. Mais en faisant cela, il se mettrait en danger et en plus de cela, il prouverait qu’il est le premier à attaquer. Or, normalement, ce n’est pas le cas. Il n’a jamais été le premier à attaquer et ne le sera sans doute jamais. Il préférait provoquer, jouer avec les nerfs, et surtout sourire à la Mort. Finalement, il se rassit. Sa queue bougeant sur le sol avec nervosité et ses pupilles étant fines à cause de la colère. Il savait se contenir, alors il se contiendrait. Ce loup voulait jouer au plus têtu ? Il voulait prouver à quel point il s’en foutait ? Très bien. Le gris lui prouverait qu’il est beaucoup plus têtu que lui. Que s’il voulait rester couché longtemps, très bien, le gris saura parfaitement rester assit beaucoup plus longtemps. Corpus, une tête de con ? Si vous saviez. Je pense qu’on ne peut pas trouver plus con que lui sur cette île. Finalement, il poussa un profond soupir et ouvrit la bouche.

« T’es si con que ça pour ne pas réussir à bouger ou me parler ? » dit-il, avec un sourire légèrement carnassier.

I'm up in the woods

To slow down the time

Et soudain, la situation changea du tout au tout. Une situation où il pensait être complètement maître venait d’échapper à son regard. Le loup se métamorphosa, il n’était plus faible. Loin de là d’ailleurs. Une espèce de pourriture était présente face à son regard, tandis qu’il penchait la tête sur le côté. Mais que se passait-il ? Comment avait-il pu laisser ainsi la situation échapper ? Il ne comprenait pas. Et il ne comprendrait sans doute pas maintenant, c’est évident. Ce loup était moche, ce loup était immonde et pourtant, il ne lui faisait pas. Loin de là, d’ailleurs. Comment pourrait-il croire qu’il lui faisait peur ? A lui, Corpus ? Le loup qui connaissait par coeur la Mort ? Le loup qui l’avait côtoyé toute sa vie ? Un fin sourire naquit sur ses lèvres tandis qu’il fixait le loup dans les yeux. Il l’entendait mais ne l’écoutait pas. Il se moquait parfaitement de ce qu’il pouvait lui dire. Comment pourrait-il imaginer l’intéresser un minimum ? Finalement, il resta debout sans rien dire. S’attaquer aux plus faibles ? Oh si il savait. Ils ne s’attaquaient qu’aux loups qui lui ressemblaient un minimum. Ils ne s’attaquaient qu’aux loups qui lui étaient égaux.

« Si tu savais mon chéri. Les plus faibles ne sont ceux qu’ils veulent être. Et je ne m’attaquais pas à toi, je tentais simplement de te faire réagir. » dit-il tout en souriant, avec moquerie. « Ce que j’ai réussi apparemment. »

Et le discours reprit. Il était bien des choses, blabla. Corpus ne pouvait rien lui faire avec son pouvoir. Deal n’était pas bête, il savait parfaitement qu’au vu de sa physionomie, sa maladie ne pourrait rien contre lui, c’était évident. On le disait fou, ce qui était sans aucun doute le cas, mais il n’était pas con. En ayant ce pouvoir, il savait parfaitement que la maladie ne pourrait s’imprégner qu’aux êtres qui sont en bonne santé. Les zombis, les vieillards ou autre … Eh bien, évidemment, ils étaient comme immunisés contre la Peste. Alors il ne toucherait pas à cet être. Il ne l’attaquerait même pas. Ca ne servait absolument à rien. Ce ne ferait que montrer au mort-vivant que Deal était con : hors ce n’était pas le cas. Un soupir traversa ses lèvres. A quoi bon continuer cette rencontre ? A quoi bon continuer à parler avec un tel être s’il n’y avait aucune distraction là dedans ? Ouais non, il n’en voyait plus aucun intérêt. Alors, il se releva rapidement de sa place et secoua la tête, essayant d’évacuer la neige s’étant infiltrée dans ses tympans.
« Tu parles vraiment pour ne rien dire. » dit-il tout en soufflant. «  Tu es aussi intéressant que la mort d’un piaf. Donc je vais te laisser et j’espère que tu seras plus drôle la prochaine fois. »

Finalement, il fit un pas en arrière. Lui adressa un dernier regard, un dernier sourire carnassier et fit demi-tour. Inintéressant. Mais, la prochaine fois, ce serait lui qui utiliserait son pouvoir. Il ferait en sorte qu’il le morde en étant un loup lambda, il serait plus facilement contaminé. Dommage, il pensait pouvoir avoir une vraie petite journée tranquille, amusante, mais non. Il s’était réellement fait chier. Il disparut rapidement dans les buissons et partit aussi vite qu’il était arrivé. Oubliant complètement le loup qu’il venait de rencontrer. Mais pas assez pour ne pas vouloir le revoir et se venger.