Tel un miroir brisé

Sujet: Tel un miroir brisé | ft. Érin Dim 30 Sep - 18:25

Tel un miroir brisé

Ohzumny se prélassait sous l’arbre d'un bosquet, à moitié endormi. Les rayons de soleil filtraient entre les feuilles, qui frémissaient sous la douce brise du soir. Les herbes de la plaine bougeaient tantôt à gauche, tantôt à droite. Tout était tellement calme, les papillons et les abeilles butinaient des fleurs, des lapins gambadaient, faisant l'erreur d'être encore de sortie à l'heure des prédateurs et les nuages se déplaçaient doucement, suivant le cour du vent. L'astre lumineux allait se coucher tranquillement à l'Ouest, disparaissant derrière les arbres de la Forêt du Crépuscule. Le loup bâilla, s'asseyant après avoir fait une sieste, les feuilles craquaient sous ses pattes. Il se prit d'intérêts pour une petite araignée qui avait tissé sa toile entre deux fleurs. Un papillon, tout aussi petit, y était coincé. Mollasson, il s'approcha lentement, regardant l'araignée attraper l'insecte, avant de l'entourer de sa toile pour la manger plus tard.
Fascinant.
Il ne l'avait pas arrêté, non. Pourquoi l'aurait-il fait ? Lui aussi, il tuait pour survivre. Même s'il ne comprenait pas totalement ce mot qui lui semblait abstrait. Honnêtement, il ne comprenait pas la majorité des mots qu'on lui disait, mais il faisait avec.
Le jeunot bâilla, encore une fois. Il ne sentait plus l'envie de bouger et, au final, malgré le fait qu'il venait juste de se réveiller, s'allongea nonchalamment devant la toile. La maison de l'araignée, si on peut dire. Ou plutôt son piège ? Bien que ce serait bien les deux. L’araignée semblait le contempler en retour; une bataille de regard !

Après un moment, les yeux d’Ohzumny s'emplit de larmes et il ne put s'empêcher de les fermer pour les chasser. Il a donc perdu, bien évidemment. L’arachnide avait l’air de s’en fiche un petit peu. Enfin c’est ce que assuma Ohzumny, il ne parlait pas sa langue après tout. Peut-être était-elle juste très modeste ?
-As-tu... un prénom ?” Pas de réponse. Il le savait que la petite bête n’allait pas lui répondre, il avait déjà essayé auparavant, sur d’autres animaux, cependant il oubliait toujours cette information, insistant tout de même.
Alors, il attendit. Une réponse, un signe. De toute façon, il n’avait aucun endroit où aller pour le moment.
Il avait tout son temps.

«Tel un miroir brisé»
Avec Ohzumny

En ce jour, sous le soleil, je me laissais portais à travers les arbres, marchant encore et encore dans ce monde qui m’avait accueilli. Loin de ma nouvelle terre, j’observe et je découvre ce qui était autre fois, mon monde. Tout était étrange, et pourtant, j’avais un grand sourire qui inondait mon visage. Je me sentais légère, tout en me laissant guider par les papillons. Qui étais-je au fond ? Personne ne le savait. Si, mon frère me connaissait, il savait qui j’étais réellement, l’enfant que j’ai toujours était, oubliant la maturité qui était censée me faire survivre.

Sans me rendre compte, je venais de m’enfoncer bien plus profondément que je ne l’avais prévu, mais cela ne me dérangeait pas, j’aimais observer la nature et m’amuser. Mon corps déboucha sur une belle clairière, un endroit où les papillons aimaient voler sans être dérangé, et comme une enfant, je les pourchassais. Puis, une voix attira mon attention, je ne l’avais pas senti, il était pourtant si près, cet être qui était de la même espèce que moi. Son visage semblait triste et sa voix peu audible. Pourtant, je l’avais entendu, et je m’approchais de lui sans prendre de précaution. Je pouvais me défendre, elle ferait en sorte que je ne meurs pas, parce que j’étais lui au final.

« Je suis Érin, et toi ? »

Assise derrière le mâle, je prenais cette même voix quand j’étais avec les louveteaux que je gardais. Maternelle, mais aussi protectrice. Il semblait perdu, seul au monde, il était comme moi par le passé. Le jour où j’avais perdu mon bien-aimé frère, ce jour où nous nous étions disputés pour je ne sais qu’elle raison, on c’était perdu et ma vie venait de changer. Avait-il survécu à notre séparation si soudaine ? J’avais espoire de le retrouver et de sentir sa fourrure contre la mienne, d’entendre sa voix et ce visage qui ressemblait comme deux goute d’eau au mien. Jamais je n’avais été seule, mais sa présence était importante pour moi, elle était tout ce dont j’avais besoin pour survivre dans ce monde hostile.

Le regard fixé sur la fourrure brune du mâle, je ne décrochais pas mes prunelles de son corps, espérant pouvoir aider cet être si perdu.

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