De plus en plus, j’avais pris l’habitude d’aller en dehors de la meute, faisant attention que personne ne me voit, j’explorer les territoires qui n’appartenaient à personne, à part au vagabond. En cette matinée, avant que le soleil ne se lève et avant mon apprentissage, je partis dans la direction de la neige. Cette chose qui faisait frissonner nos pattes quand on marcher dessus. Je marchais vers la plaine blanche sans me soucier du danger qui pouvais m’arriver. Je faisais attention à tout ce qui était autour de moi, aux odeurs plus particulièrement pour retrouver mon chemin. Je me mis à courir pour arriver plus vite à destination, cela faisait un excellent exercice avant d’aller continuer ma formation de sentinelle. La liberté, j’aimais ce mot plus que tout, je détestais recevoir des ordres, mais c’était comme ça. Durant ces moments assez rares, je profité de cette vie qui m’appartenait avant de reprendre mon rôle d’apprentis. C’était magique, en quelques heures, je pouvais être quelqu’un d’autre, être autre chose que la fille du chef. Un jour, je l’espère, je remplacerais ma mère, et ce jour la liberté prendra fin. Je n’y voyais pas comme un devoir, ni une obligation, je voulais le bien de mes congénères et pour moi, c’était le seul moyen d’y parvenir.

Arrivé à destination, je prenais le temps de m’imprégner de cette douceur que je recherchais tant. J’étais libre jusqu’au lever du soleil. Personne ne devait s’apercevoir de mon absence qui devenait de plus en plus fréquent chaque jour. J’approchais de l’eau, elle dessinait mon visage, je regardais mes yeux violets, un parfait violet. Mon corps changeait et ma vision des choses aussi, tout ce que j’avais connu et désirais changer en même temps que ce corps qui prenait forme. Le passé s’écroulait pour une vision d’avenir. Je m’abreuvais de cette eau pure, qui était la même que celle de ma meute, mais ici elle était différente, elle avait le goût de la liberté. Tout était plus merveilleux.

En face du ruisseau où je m’abreuvais, un mâle était là assis et m’observer. Je n’avais senti aucune limite de territoire, pourtant ce loup blanc ne semblait pas me rejeter. La surprise était telle que je n’avais même pas eu le temps d’avoir peur. Je continuais donc à boire tout en observant ses mouvements, j’étais prête à m’enfuir au moindre geste suspect.

Le mâle venait de m’adresser la parole, je relevais la tête brusquement, pointant mes oreilles vers l’avant. Je l’observais intensément, je ne savais pas vraiment quoi lui dire, je ne le connaissais pas après tout. Il pouvait être un Kuragari, que je ne le saurais même pas, peut-être que c’était un espion, comment savoir ? Il y avait tant de mystère… Cela ne changeait pas au fait que je n’avais toujours pas ouvert la gueule pour lui répondre. Que faire ? Mentir ? Dire la vérité ? Je ne savais pas du tout. La tension montait dans mon cœur, jamais je n’étais confronté à une telle chose. J’avalais le peu d’eau qui était restais dans ma gueule avant de m’assoir le plus naturelle possible, mais cela se voyait bien que c’était parce que je ne savais pas quoi faire de mes seize coussinets.

« Peut-être et toi ? »

C’était pitoyable, mais peut-être que j’en saurais plus sur cet inconnu blanc. Il semblait gentil, mais je ne devais pas me laisser avoir par son doux visage. Cela pouvait être très dangereux pour moi. Je ne bougeais plus d’un poil, restant assise sur la neige en attendant sa réponse. J’étais prête à fuir le plus loin possible, courir même si mes membres étaient brisés en des milliers de morceaux. On pouvait dire que je tenais à ma vie, en même temps normal pour une louve de 7 mois. Je devenais une véritable statue, même s’il était préférable de bouger dans des endroits comme celui-ci si l’on désirait que le cœur continu à pomper le sang pour ne pas mourir. Mais je voulais attendre encore un peu avant de voir ce qu’il allait faire.

Le canidé blanc venait de se jeter dans l’eau froide… Il n’avait pas peur de se noyer et encore moins de mourir gelé. J’étais assez admirative, il était vraiment étrange ce canidé. Me relevant, mes oreilles se plièrent en arrière quand je vis approcher sa truffe de ma pelisse. Je ne voulais pas mourir, pas maintenant. Contre toute attente, il renifla juste mon odeur. Quand ce fut fini je me mis à reculer de plusieurs pas en gardant mes oreilles posées que mon crâne. C’était la première fois que quelqu’un faisait ça… Ce n’était pas vraiment poli de renifler ainsi les loups…

« Ce n’est pas étonnant si vous reniflez tout le monde comme ça… Ca fait peur… »

Je ne savais pas quoi faire d’autre, mais le mâle semblait vraiment seul, pas étonnant qu’il avait le cerveau à moitié gelé, il se baignait dans de l’eau froide. Il y avait mieux pour prendre des bains en même temps.

« Je m’appelle Henael et toi ? »

Je venais de prendre le risque de me présenter, mais il y avait peu de chance qu’il sache qui j’étais, donc je ne risquais pas grand-chose et puis, je pouvais me défendre aussi. J’étais un peu plus grande et mon pouvoir avais évolué, donc j’avais des chance de m’en sortir vivante.