« i'll always find my way to you. »

« i'll always find my way to you. »

avec esha

Le loup d'ébène était alors sorti du camp plus rapidement que jamais. Ce n'était absolument pas normal. Elle aurait dû être là, près de lui à son réveil comme tous les jours. Où avait-elle bien pu se volatiliser ? Décidément, il n'y avait qu'elle pour l'agiter de si bon matin. Lui qui est pourtant si calme et si paisible. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle n'était pas venue se coucher près de lui, comme toujours. Il ne devait pas se laisser envahir par la panique, ça ne le représentait pas. Mais s'il lui était arrivé quelque chose pendant la nuit ? Aussi loin de lui, dans un lieu qui lui était inconnu, il n'aurait aucun moyen de la protéger ainsi. Il ne pouvait pourtant pas se permettre de la suivre dans le moindre de ses déplacements, il n'avait pas le droit. Et si elle était allée rejoindre ce loup plus âgé dont elle lui avait parlé il y a quelques temps ? Son poil se hérissa rien qu'à cette pensée. Elle ne pouvait pas lui faire ça... Si ?

Dastan avait laissé son intuition parler, il avait laissé parler ses pattes. Il courait sans s'arrêter, tentant de capter tant bien que mal l'odeur de la douce sentinelle avec qui il partageait sa tanière. Mais il ne trouvait rien. Strictement rien. Il se sentait faible pisteur. Pourquoi avait-il écouté ce qu'on lui avait dit de faire, pourquoi ne s'était-il pas lancé dans une carrière de chasseur ? Il serait certainement moins en difficulté s'il était moins concentré sur sa vue que sur son odorat. Il réalisa soudain qu'il se trouvait dans un endroit qu'il ne connaissait que trop peu. Pourquoi se retrouvait-il ici ? Dans un élan de je ne sais quoi, il tenta d’appeler la douce noiraude, sans trop d'espoir.

« Esha ? »

« i'll always find my way to you. »

PV. Dastan

La veille, elle était sortie du Camp. Elle avait eu besoin de réfléchir un peu, de s’éloigner de la meute, de s’éloigner des autres, de s’éloigner de lui. Plus les jours passaient et plus un je ne sais quoi semblait grandir, prendre de l’ampleur, dans tout son être. Son âme s’enivrait de plus en plus de ses deux yeux bleus, de cette personnalité étrange mais tellement attachante derrière cette belle pelisse noir. Elle n’en avait encore parlé à personne, pas même au principal intéressé. C’est vrai. De quoi est-ce qu’elle aurait l’air si elle se postait devant lui et qu’elle commençait à prononcer des mots semblables à ses pensées ? De quoi est-ce qu’elle aurait l’air en lui avouant penser souvent à lui, peut-être un peu plus qu’un bon ami, mais pas certaine de quoi que ce soit ? Et puis, en connaissant bien l’animal, elle le ferait probablement fuir à toutes pattes. Il ne fallait pas grand-chose au mâle pour se dérober ou être foncièrement mal à l’aise. Et s’il y avait bien une chose qu’Esha n’appréciait pas en ce monde, c’était bien de le blesser lui. Elle l’avait probablement déjà fait par le passé, par des maladresses, par des gestes qui pour elle sonnait comme parfaitement anodin, mais qui le poussait, lui, dans un mal-être plus que palpable. Elle l’avait déjà heurté au point de le faire fuir, de le faire disparaître. Et à chaque fois que cela se produisait, le sentiment qui la rongeait-elle prenait une telle ampleur qu’il absorbait presque instantanés toute trace de joie et de jovialité dans l’esprit et l’âme de la louve. Et pourtant, même si on ne la connaissait pas spécialement, il ne fallait pas longtemps ou pas grand-chose pour qu’elle démontre une sympathie et une ivresse étrange à l’égard de n’importe qui, ou presque.

Ce soir-là, elle avait fait la connaissance d’un autre loup. Une rencontre bien terne à côté de celle qu’elle avait pu faire le jour où ses mirettes s’étaient posées sur le corps de Dastan, lorsqu’elle n’était alors qu’un louveteau en manque de contact et d’amis avec lesquels jouer et grandir. Elle n’avait jamais franchement été aussi proche d’un autre. Et même si dans son attitude, on pouvait parfois relever quelques gestes contradictoires à cette façon de penser et à cette exclusivité, il n’en était rien. Elle était tout bonnement suffisamment amicale et démonstrative pour offrir à presque n’importe qui cette proximité en laquelle elle ne voyait aucune ambivalence et aucune gêne. Et si elle était partie en toute fin de journée, lorsque l’après-midi mourrait en un crépuscule orangé, prise dans la discussion avec cet autre loup de l’autre grande famille de ces terres, elle n’avait pas vu les heures défilées. Si bien que lorsque les deux s’étaient décrochés l’un de l’autre, expressivement parlant, elle n’avait pas retrouvé la force de rentrer jusqu’aux terres Kuragari. Elle s’était contentée de s’éloigner du lieu où elle avait rencontré cet individu pour tout bonnement gagner un petit coin, à flanc de colline, tranquille et suffisamment sécuritaire pour qu’elle se permette de se poser et de tenter de fermer l’œil. Et cela n’avait pas été une mince affaire. À peine l’autre loup lâché de vue et de parole, le flot de ses pensées étaient retournée à cet être auquel elle s’était tant accroché. Et finalement, c’est la fatigue qui avait fini par avoir raison d’elle, la plongeant dans un sommeil de quelques maigres heures. Et si la chaleur de cet être à côté duquel elle dormait lui manqua comme une partie d’elle-même, elle ne retrouva guère les éveillés qu’au moment où ses oreilles vibrèrent sous l’appel d’une voix qu’elle connaissait que trop bien. Relevant la tête et les paupières d’un même mouvement, prise sur le qui-vive, la louve au pelage ébène n’eut pas franchement le temps de se remémorer tous les récents événements qu’une silhouette se dessinait déjà en contrebas, semblant tendue et anxieuse, même d’aussi loin. Rebondissant sur ses quatre pattes dans un élan d’énergie et de joie, le regard pétillant, Esha laissa ses pattes dévaler à grandes enjambées la distance qui la séparait de Dastan, freinant un peu tardivement et laissa à quelques centimètres à peine la distance qui séparait finalement leurs deux corps :

« Dastan ! »

waize

« i'll always find my way to you. »

avec esha

Dastan devait absolument tenter de se calmer, il devait retrouver pleine possession de sa tête et de ses mouvements. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien ficher par ici après tout. Il n’aurait peut-être pas dû partir, il aurait dû l’attendre sur leur territoire. Que pourrait-il bien trouver comme explication aux yeux des autres pour avoir fait ça ? Il n’y avait pas le moindre grain de sable sur son pelage, il ne pourrait donc pas se justifier ainsi. Le loup d’ébène s’était stoppé, il ne bougeait plus. Il n’était plus qu’attente, il n’osait pas faire le moindre pas. Et si elle était là, quelque part en mauvaise posture ? Il devait tendre l’oreille, user de son œil de lynx comme il avait appris avec les années à le faire.

Le silence régnait, Dastan n’entendait plus que son cœur battre à tout rompre. Il s’imaginait le pire, il ne souhaitait pas la retrouver blessée. Elle ne méritait pas ça. Il devait être là pour l’en empêcher, il se l’était juré. Personne n’avait le droit, ne serait-ce que toucher à un poil de sa douce. Le panique avait de plus en plus raison de lui, jusqu’à ce qu’il aperçoive une tâche. Une tâche qui s’agrandissait de plus en plus et qui en prime se dirigeait vers lui à toute vitesse. Le battement du cœur du loup d’ébène cœur était de plus en plus irrégulier. Un jour, elle aura vraiment raison de sa peau. Elle était là et encore mieux : elle allait bien. La pression pouvait redescendre, mais son regard pouvait le trahir. Le mur qu'il s'était forgé s'était complètement effondré lorsqu’elle s’arrêta à quelques centimètres de lui. Poussé par un je ne sais quoi, le loup d’ébène brisa cette distance pour laisser leurs poils se toucher, sa tête reposant alors sagement sur le dos de la belle noiraude, les yeux complètement clos appréciant l'instant présent. Il avait tellement eu peur pour elle, qu’il n’en avait plus rien à faire de ce foutu contact.

« i'll always find my way to you. »

PV. Dastan

Pas une seule seconde elle n’aurait songé à ce qui allait se produire. Pas une seule seconde elle se serait douté que cet idiot s’inquiéterait autant pour elle. Tout du moins, pas au moins de voir cette lueur panique dans son joli regard bleuté et pas au point de venir la chercher je ne sais où. Dans sa veine, il avait certainement retrouvé une vague piste olfactive qu’elle avait laissée la veille, ce qui lui avait probablement permis de remonter jusqu’ici. Mais à quel prix ? Quel sang d’encre est-ce qu’il s’était fait pour si peu ? Pourquoi gagner un tel état d’anxiété pour une simple amie ? Et encore, s’il la considérait comme telle. Parce que d’un certain point de vue, elle n’était qu’un vulgaire chewing-gum qui lui collait aux pattes depuis bien trop longtemps. À croire que de se comporter ainsi, elle avait finalement gagné une petite place qu’elle n’échangerait pour rien au monde, dans le cœur semblant de pierre de ce loup-là. Et dire que sa voix seule avait suffi à effacer, l’espace d’un moment, toute la fatigue qui aurait dû harnacher la louve au sol et lui donner bien plus de difficulté que cela à s’ôter de son sommeil puis de terre. Mais non. Au lieu de ça, poussé par des ailes invisibles, elle avait rabattu ses pattes sous son corps et dans un mouvement vif et semblant parfaitement calculé, elle avait bondi pour retrouver cet équilibre ô combien précieux pour lui permettre de voler, ou presque, vers lui. Dans sa voix à elle, nulle doute n’avait pointé le bout de son museau. Nulle crainte non plus. Et ce malgré la distance pittoresque qu’elle avait laissé entre eux. À vrai dire, elle ne s’en était pas spécialement rendu compte, ce n’était pas à ce genre de détail là qu’elle s’accrochait, même si parfois elle le devrait.

Et si elle n’avait pas franchement cherché à comprendre le pourquoi du comment, il s’était retrouvé là, son cerveau n’allait pas tarder à entrer en ébullition pour une toute autre chose. Ses coussinets râpant presque délicatement sur le sol au moment où elle termina son freinage d’urgence et où sa gueule se referma, si elle se stoppa dans sa course et dans tout autre mouvement, ce ne fut pas le cas de Dastan. Alors qu’elle était, elle, parfaitement immobile, c’est ce loup fuyant d’habitude tout contact qui vint le chercher et le trouver. Posant sa tête sur le dos de la jeune louve qui ne tarda pas à s’interloquer, laissant ainsi leur pelage respectif s’entremêler l’un à l’autre l’espace d’un instant. Littéralement sur le cul, du moins intérieurement parlant, si elle n’avait pas toujours le contrôle sur le flux d’expression de son corps et sur les effusions qu’elle peinait parfois à contenir, elle se garda cette fois-ci de tout mouvement et de toute réaction, allant même jusqu’à presque éteindre cette lueur choquée au fin fond de son regard qui tentait de s’ancrer sur un point stable à l’horizon, comme pour se rendre compte que tout cela était bien réel. Est-ce que cela avait bien lieu ? N’était-elle pas en train de se faire un film ? De rêver ? Si elle n’avait pas été tirée, il y a quelques secondes à peine, de sommeil qu’elle aurait pu accuser comme responsable de ce qui ressemblait à une hallucination, elle ne l’aurait probablement jamais imaginé. Comment aurait-elle pu ? Comment est-ce qu’une telle chose, aussi éloigné de la réalité, aurait-elle pu trouver une quelconque place dans son esprit ? Alors, même si sa nature aurait pu la pousser à briser ce silence et ainsi ce moment épique qu’elle vivait, elle décida de se contenir un moment, profitant de ce contact plus qu’agréable qui lui offrait. Et ce n’est qu’après quelques longues secondes à rester parfaitement immobile, à profiter de cette chaleur, de cette proximité si réduite et de l’odeur de son pelage, qu’elle ne se tenta à briser le silence, murmurant sans la moindre taquinerie ou moquerie dans la voix :

« Je t’ai fait si peur que ça ? »

waize

« i'll always find my way to you. »

avec esha

Dastan ne voulait pas rouvrir les yeux. Sa tête remuant doucement contre le dos de la louve. Un jour, peut-être, il deviendra familier à de telles caresses. Pour l’heure, il était enfermé dans son monde et avait la douce Esha entré comme jamais il ne l’avait fait avec personne depuis sa venue au monde. Il n’était pas décidé à s’arrêter. Elle lui avait fait tellement peur. Jamais il n’aurait pensé avoir une telle peur au ventre pour quelqu’un. Qu’est-ce qui lui arrivait. Avait-elle fini par l’ensorceler avec son regard d’or ? Une question restait en suspens, qu’avait-il bien pu passer par la tête de la jeune louve pour s’éloigner autant de leurs terres ? L’ennuyait-il à ce point ? Il ne devait pas penser au pire. Elle était là et c’était l’essentiel… Ils rentreraient tous les deux, comme si rien ne s’était passé. L’angoisse qui l’habitait depuis toute la journée pouvait enfin se dissiper.

Jamais il n’aurait pu s’imaginer qu’il s’inquiéterait autant pour la jeune louve. À le voir ainsi, les yeux toujours complètement clos, on pourrait presque croire qu’il appréciait le contact de la jeune louve. Il n’avait pas non plus l’envie de bouger. Son imagination aurait très bien pu lui jouer des tours, mais la chaleur qui émanait du corps de la jeune louve ne pouvait être que réelle. Lorsque la voix de la jeune louve perça enfin l’air, un léger sourire apparu sur les babines du loup d’ébène. Est-ce qu’elle lui avait fait peur ? Aussi, loin, qu’il s’en souvienne, il ne s’était jamais inquiété pour personne, alors on peut dire que oui.

« Ne me fais plus jamais ça, s’il te plait. »

« i'll always find my way to you. »

PV. Dastan

Combien de fois avait-elle rêvé d’un tel contact ? Combien de fois s’était-elle imaginé pouvoir faire plus que le toucher sans qu’il ne fuit ou se mue en poussière ? Combien de fois ? Est-ce qu’elle s’imaginait simplement l’ampleur que cela prendrait ? Les proportions ? Elle qui ne demandait qu’à pouvoir l’effleurer. Elle qui ne demandait qu’à devenir un poil plus familière avec lui. Elle qui ne demandait qu’à pouvoir poser de temps en temps sa patte sur lui, l’effleurer du museau de temps en temps, comme le feraient les loups d’une même meute, elle avait beaucoup mieux aujourd’hui. Et elle avait ce beaucoup mieux sans avoir rien fait. Enfin, si ce n’est ne s’être éloignée un peu plus qu’à l’accoutume. Sans n’avoir fait autre chose que s’offrir une petite escale, une escapade nocturne, faute de trouver le sommeil. Si elle l’avait su. Si quelqu’un lui avait soufflé bien avant le destin par exemple, elle l’aurait peut-être fait avant. Si elle avait su qu’un si peu pouvait le débloquer, le déloger de cette phobie étrange qu’il avait, cette répulsion pour le contact avec elle… Elle l’aurait fait depuis longtemps. Ne serait-ce que pour qu’il se porte mieux en sa compagnie. Et non pas simplement pour satisfaire son simple et bête envie de contact avec le monde entier. Pourtant… Pourtant, l’expression intensément perdue qu’elle avait pu lire dans le regard bleuté de Dastan avait fini de la décider sur un point. Plus jamais. Plus jamais elle ne voulait la voir. Plus jamais elle ne voulait le voir se faire un pareil sang d’encre. Son cœur n’avait fait qu’un bond lorsqu’elle s’était rendu compte de cette étincelle si rarement perceptible chez cet être si souvent distant. Ce regard fou, ce regard totalement franc et intense qui avait broyé l’espace d’un instant son cœur, avant de le relâcher, laissant pourtant une marque certaine, une encoche qu’elle retiendrait pour coup sûr.

Et si elle avait l’espace d’un instant brisé ce précieux silence, il ne tarda pas à revenir. Laissant ainsi l’écho de ce qu’elle avait lâché se répandre dans sa tête et résonner contre les parois dures de son crâne. Les paroles usées, les mots employés, auraient pu laisser entrevoir autre chose que toute la sincérité et la bonne foi de la louve si jamais ils n’avaient pas été accompagnés du timbre dont elle avait usé. Sorti de leur contexte, utilisé dans une autre gueule, de l’ironie, de la dérision ou tout simplement du sarcasme aurait pu poindre de ces derniers. Mais avec elle, il n’en était rien. Elle n’avait nullement envie de paraître comme telle aux yeux de ce loup-là. Et ce même s’il mettait parfois sa patience à rude épreuve, en écrasant toutes ses tentatives de rapprochement, en les balayant d’un revers de patte. Avec lui, aussi étrange que cela puisse paraître, elle n’en tenait pas rigueur. Et s’il lui arrivait de bouder, cela ne durait pas bien longtemps. Il suffisait que ses deux mirettes dorées entrevoient de nouveau le pelage noir du loup, pour que le sourire lui revienne et l’envie de revenir vers lui. Encore et encore… Toujours vers lui… Si ce n’était pas spécialement depuis le premier jour, elle s’y était attachée bien vite à ce loup. Et bien plus que ce que beaucoup pouvaient bien le penser. Ses parents les premiers, ne voyant là qu’un caprice de gamine. Mais n’était-elle pas encore une gamine ? N’était-ce toujours pas ce même caprice qui continuait ? Est-ce qu’il y avait un peu plus maintenant que les yeux épris de solitude et d’admiration d’une jeune louve ? Est-ce qu’il y avait un peu plus que cet attachement succinct parce qu’elle n’avait personne avec qui passer son temps ? Peut-être bien. Probablement. Si elle n’était pas certaine de son ressentiment, elle savait que son cœur vibrait davantage en sa compagnie, comme à présent. Le cœur heureux d’être ainsi collé à cet être si précieux, elle ne laissa pas son souffle sans réponse bien longtemps :

« D’accord, Dastan. »

waize

» Qui es-tu ? | ESHA
» L'appel de la nature [PV - Esha]
» Soirée avec l'inconnue || Esha
» Esha - Faucheuse de l'Au-delà.
» A la recherche d'indice (Esha)