Je lèves le museau en l'air pour essayer de sentir la moindre proie dans les environs. Sauf que je ne décèle rien. Elles sont bien trop cachées par l'odeur permanente de la belle forêt. Je peste en continuant mon chemin, laissant mes pattes écraser la terre en des traces qui ne s'en iront qu'avec le temps qui passe. Le temps qui me manque. Aven n'est pas très loin de toi, tu l'entends voler en battant de ses ailes faites de noir. Tu sais qu'il reste à l'écoute des bruits que peut offrir une aussi grande forêt. C'est là que tu entends le doux bruit des sabots sur le sol. un troupeau de chevreuils ou de cerfs peut être. Ils sont assez communs ici, je suis quasiment certaine d'en retrouver un si je continue sur ma gauche. Je devrais tomber sur une petite clairière dans laquelle ils broutent sans aucun mal. C'est là que je les vois, me prouvant que je ne me suis pas trompée. Ils sont 7, je pourrais au moins en attraper un. Alors je me mets à courir dans leur direction, profitant de mon élan et de l'effet de surprise. Sauf que l'un choisi de me foncer dessus dans le but de protéger sa famille qui fuit, m'obligeant à faire un écart à droite assez violent qui me fait tomber dans un grand bruit sourd.  

Je reste hanté par le bruits des explosions que je provoque lorsque je chasse habituellement. Sauf que là, je n'en fais rien. Je n'explose pas, je reste entier. Je ne provoque aucun bruit dans cette forêt silencieuse, tout ce que j'entends, ce sont les bruits des oiseaux posés sur les branches, sachant bien qu'ils sont hors de portée. Je suis incapable de monter aux arbres, même s'ils faudrait bien que j'essaye d'apprendre. Savoir grimper aux arbres peut s'avérer être quelque chose de pratique pour progresser sans être vu, et pour pouvoir chasser ceux qui se croient hors d'atteinte. Je pourrais devenir un singe sans pour autant avoir le pouvoir de métamorphose, ne me reposant plus que sur mes capacités physiques. Des fois, ils faut se laisser aller, c'est plus simple que d'attendre que le temps passe. Or, les arbres semblent m'appeler doucement. Peut être qu'ils veulent que je pose mes délicates griffes en eux pour que la progression à leur sommet se fasse.

Mes petites pattes commencent à avoir mal au fur et à mesure que je cherche une proie à apporter à la femme blanche. En même temps, les proies semblent si bien cachées, je ne les sens pas, ni ne les entend. Elles semblent si loin... peut être que je n'en trouverai plus, je n'en ai aucune idée. En tout cas, je garde espoir, comme le voudrait ma douce maman. J'ai confiance en ce qu'elle m'a appris, et je sais que la patience peut porter ses fruits. A un moment, les proies viendront et je les verrais. Ce ne devrait pas être bien compliqué, si ? Non ! j'ne entends une ! Elle est toute proche de moi, je le sais ! Là, sur ma droite ! C'est une sorte de belette je crois. Peut être une fouine, quoi que, elle est bien plus grosse ! Oh je m'ne fiche, je peux l'attraper ! Je m'approche lentement d'elle pour finir par lui sauter dessus, lui brisant la colonne vertébrale avec mon poids. Je l'achève proprement avant de continuer ma chasse, la proie se balançant dans ma gueule. C'est la que j'en vois une autre non loin de moi. Une corneille. Mon frère me dit sans cesse que ce sont des corbeaux en plus petits. Je pose délicatement ma proie au sol avant de la prendre en chasse. Je bondis en l'air pour la prendre en vol. J'ai réussi à l'intercepter ! Un crac sinistre se fait entendre, mais je m'en fiche, c'est une réussite !

Une odeur. Des proies. Une proximité. Des pas à faire. Je les fais. Rapidement. Je les fais. Le plus vite possible. Je les entends. Je les attends. Je les poursuis. Cela se répète. Encore. Comme une musique. Une berceuse. Comme uen chanson. Pour la nuit. Pour les souvenirs. Pour dormir. Pour les rêves. Pour que les cauchemars ne viennent pas. Pour que nous soyons tranquilles. En paix. Pour que tout se passe au mieux. Pour que nous soyons libres. Pour que nous pensons au bien. Pas au mal. Il faut le bannir. Le mal. l'oublier. Le mal. Le rendre mort. Le mal. Je ne veux pas du mal. Je ne veux plus du mal. je veux le bien. je veux la vie. Je ne veux pas la mort. Je veux le bonheur. Je ne veux pas la tristesse. Je ne la connais pas. Pas encore. Ils me le disent. Me le répète. pas encore. Attendre. Il faut attendre. Une délivrance. Je la sens. Plus proche. Là. Sous mes yeux. Elle est là. Elles sont là. Elles me voient. Elle m'observent. Elle me fuient. Elles courent. Elles partent. Elles ne m'attendent pas.

Cours et avance vers ce qui pourrait être des proies. Elles ne sont pas loin, je le sais, mais pourtant, elles semblent me fuir avant que je puisse les sentir ne serait-ce qu'une seule seconde. Elles prédisent l'avenir ? C'est possible ? Après tout, les loups ont des pouvoirs, alors peut être que c'est possible. Nous ne savons pas ce qui peut se tramer dans les têtes d'une proie. Peut être qu'elles sont capable de connaitre leur mort. peut être qu'elles sont capables de tout et que nos pouvoirs ne sont rien en comparaison. nous n'en savons rien, nous ne sommes que des pions, nous les loups qui marchons sur ce territoire vide de sens. Tout est vide autour de nous, nous ne sommes que des formes dans une éternelle absence. Le noir aspirera tout. Il ne fait qu'attendre le bon moment pour nous prendre la vie. Les proies sont peut être derrière cette manigance. Nous n'en savons rien, les âmes célestes ne veulent pas nous le dire. Même Azazel reste sous le silence, elle, la gardienne de ceux d'en bas.

 
 
Je reste allongé sur mon rocher à attendre que l'ourson que j'ai vu s'approche de moi. Je l'attends tout près du ruisseau, là où je sais qu'il finira par venir pour boire. Il n'y a pas d'autres endroits. Il y a aussi son frère qui pourrait être une bonne proie pour la louve demandant de l'aide. Je suis certain que cela lui fera plaisir si j'arrive à en attraper un des deux. Je n'ai pas d'espoir pour parvenir à tuer les deux, un seul sera déjà bien. En plus, leur mère ne sera pas loin,il ne faudra pas que je tarde pour fuir le plus loin possible. Il serait bête qu'elle me tue pour avoir essayer de tuer ses gosses. Mon père ne ferait pas cette erreur, je ne dois pas la commettre non plus. Je ne veux pas que les loups de ma meute voient son plaisir dans ses yeux alors qu'il entendra que j'ai rejoint le ciel. Il serait bien trop heureux.

Je grogne en pensant à mon père, mais je finis par me calmer en apercevant la petite tache marron que représente le corps de l'ourson. Je sourie et me lève pour le rejoindre. Je me place juste derrière lui, alors que son frère est bien trop loin pour le défendre, et je le tue d'un cou de crocs à la nuque. Je l'entends pousser un cri de douleur avant de mourir, son frère part dans la direction opposée sans attender, mais je m'ne fiche. J'ai ma proie.