Décidément, tu n'es vraiment pas faite pour la chasse petite louve. Nous t'avons pourtant montré le chemin au début. Nous avons vu à quel point tu as pu nous suivre au travers des arbres, au travers de la forêt sans jamais réellement savoir où tu allais réellement. Tu n'aimais pas chasser, nous le savons parfaitement. Nous t'avons vu souvent venir avec nous près d'une charogne, venir manger les restes qui traînaient par ci par là. Mais pourquoi n'aimes-tu pas chasser ? Nous ne comprenons pas. Pourtant, tu restes une louve : tu es née pour chasser. Mais peut-être que ta bonté se refuse à t'offrir cela. Peut-être que ton trop plein de gentillesse fait en sorte que tu as mal à chaque fois que tu dois tuer un animal ... Nous t'avons vu chasser une fois. Tu as tué un lapin cette fois-ci et tu as pleuré en lui brisant la nuque. Pleurant la souffrance que tu lui avais infligé. Pleurant la vie que tu venais de lui prendre. Mais en même temps, si tu savais réellement chasser, tu ne l'aurais pas fait souffrir en le faisant courir ainsi, en le faisant se cogner contre un arbre. Alors tu avais fini par abandonner, te nourrissant uniquement de restes laissés par les autres vagabonds. S'ils savaient que tu volais ... Tu serais sans doute déjà morte. Mais heureusement, nous surveillons tes arrières. Nous te protégeons sans que tu ne le saches réellement.

Te voilà donc dans une forêt. Une forêt où tu avais entendu l'appel de Rakuen. Elle se mourrait à cause de tes pouvoirs, des pouvoirs de tous ces loups présents sur l'île. Elle vous offre à tous des dons, mais aussi une partie de son âme alors il faut la sauver. Il faut que tu chasses. Il faut que tu l'aides à survivre. Te voilà donc allongée face au sol, observant un rongeur. Nous te l'avions montré en volant au dessus de lui, comme si de rien était. Heureusement pour toi, il ne remarque même pas notre présence. Tu l'observais, une larme à l'oeil. Il faut que tu te calmes, sincèrement. Il faut que tu te montres digne de ta race, de ton espèce. Tu es une chasseuse, prouve-le. Nous nous posons tranquillement dans un arbre, t'observant et attendant que tu réagisses. Là, tu te relevas, trop rapidement sans doute puisque le mulot te remarqua. Alors, tu te mis à le pourchasser avec vigueur, ignorant ta peur mais surtout ta peine de le faire souffrir. Et soudain, il plongea dans un terrier que tu ne pus atteindre. Un sourire se posa sur nos lèvres. Tu n'étais véritablement pas douée pour cela. Un long soupir traversa tes babines tandis que tu te secouais. Tu ne sauverais pas Rakuen, pas cette fois-ci, encore. Alors, tu fis demi-tour et retourna à la forêt du Crépuscule. Tu te décevais. Tu nous décevais. Nous nous envolons pour te suivre, blasés.

Je me leche les babines. Je me delecte de cete saveur. Du sang. De ma proie. De celle pas assez forte pour courir. Elles sont faibles. Des faibles que tu dois chasser. Pour elle. Pour moi j'ai les forts. Les miens. Elle elle a les autres. Les petites proies. Elle n'est pas faible. Je ne pense pas. Elle a juste besoin de peu. Ou de plus. Mais pas autant que moi. Les loups sont les seuls. A me regenerer. Avec les grosses proies. Les tres grosses proies. De ma taille. Non. Plus grandes. De la taille du plus gros loup. Des contraintes. Des demandes. Des obligations. Des sacrifices. Je suis obligé d'en faire. Des sacrifices. Des morts. Des cadavres. Des pertes. Je sens une proie. Non je la vois plus qu'autre. Une moufette. Une moufette qui va finir dans mes crocs. Son sang innondera ma gueule. Trop tard. Elle est morte. Pour moi. Pour elle. Je l'apporterai. A ses pattes. Comme les autres. Comme toutes les autres. Je suis son serviteur. Je respecterai son désir. Son désir. Le sien. Le seul. Comme moi. Les proies. Pour elle. Pour moi. Pour nous. Un désir. Un désir que je respecte. Le respect. Je le connais. Je l'aime. Je fais en sorte qu'il vive.

Une moufette a été ajoutée

Je sens mes pattes qui se laissent glisser sur la douce couche de feuilles mortes qui protège la terre en dessous. La pluis est tombée il y a peu, on sent encore toute son humidité dans cette couche assez épaisse. Les nuages au dessus de moi forment de l'ombre sur la terre ou je marche. Je les observe quelques secondes pour en connaitre la couleur avant de remettre mon attention sur les arbres qui m'entourent. Leur écorce est d'une couleur claire, plus claire que les nuages menaçants portant l'orage en leur sein. Je préfère regarder les écorces, elles sont plus protectrices que les geants d'en haut. De plus je me sens plus proche des arbres que de ce qui peut exploser a tout moment. Les nuages sont comme moi. Ils peuvent exploser a tout moment, remplissant le monde de leur eau et de leurs éclairs dangereux. je ne veux pas les voir exploser alors que je suis là, sur cette terre qui ose porter un être comme moi. Je ne devrais exister, je n'ai pas ma place dans ce monde, je ne sais même pas comment les divinités peuvent m'avoir créer. Mon pouvoir ne vient pas de nulle part, ce sont elles qui l'ont choisi.

Aujourd'hui, peut-être qu'aujourd'hui sera ton jour de chance petite perle. Peut-être que tu arriveras enfin à attraper quelque chose aujourd'hui. Nous savons que tu n'aimes pas chasser, mais Rakuen ne doit pas mourir, sinon nous ne serons plus là. Nous ne pourrons plus jamais te protéger. Car malgré ce que tu peux penser, c'est tout de même grâce à elle que nous sommes là ... C'est grâce à elle que nous te surveillons pour ensuite t'aider. Nous ne sommes pas uniquement des gardiens, nous sommes ton pouvoir. Tu refuses de l'accepter mais pourtant c'est le cas. Bien sûr, nous sommes des vrais corbeaux, bien sûr nous sommes de véritables oiseaux mais nous sommes pas autant liés à toi que tu ne le penses. Nous ne sommes que des aides que la Déesse t'offre gentiment. Tu devrais t'en douter pourtant. Tu n'as pas l'impression que nous agissons quand tu ouvres la gueule, quand tu hérisses le poil ou tout simplement quand tu te sens menacée ? Alors réfléchis avant de penser. Aide-la s'il te plaît. Ca te permettrait de devenir réellement celle que tu as toujours voulu être. Tu sais si tu grandis, si tu obtiens un meilleur pouvoir, nous serons rapidement remplacé par des aigles. Ils pourront plus facilement t'aider. Alors observe. Analyse et chasse.

Oh mais sens ! Tu ne sens pas cette douce odeur de rongeur ? Cette délicate odeur de viande fraîche ? Tu détestes les tuer et pourtant ta langue passe sur tes babines ... Tu as faim. Tu ne peux le nier. Tapis-toi. Oui c'est cela, tapis-toi délicatement sur le sol et observe. Oh mais que voyons-nous ? Un énorme rat. Oui nous savons ma belle ... Un rat, c'est dangereux. Mais ça nourrit son loup comme on dit. Ne le laisse pas te sentir, ne le laisse pas deviner ta présence. Tu as de la chance, le vent est contre le rat aujourd'hui. Donc, il ne peut sentir ton odeur et ta présence. Tu peux le tuer facilement. Oui c'est cela rampe, suis le petit chemin que nous te montrons au travers de notre vol. Bondis. Oui voilà, tu viens de l'assommer. Maintenant, achève-le. Non, ne pleure pas petite chose. Tu ne dois pas pleurer quand tu tues une proie. Elles sont tout de même là pour cela. Oh bien évidemment, nous ne sommes que des corbeaux et ne mangeons que des charognes. Mais ce que tu ne sais pas, c'est qu'il nous arrive de tuer des moineaux de temps en temps, malades évidemment mais vivants. Ils devenaient nos proies. Un craquement sinistre se fit entendre. Voilà, tu viens de l'achever. Nous savons que la faim te tiraille mais ce rat n'est pas pour toi, alors suis-nous, nous te montrons le chemin vers Rakuen. Voilà, pose-le près de cet arbre. Elle appréciera cette offrande. Tu as bien bossé aujourd'hui petite perle, apprend, juge et fais.